Coup dur pour Option nationale

Évoquant des raisons familiales, Jean-Martin Aussant quitte la vie politique

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La suite s'annonce rock 'n' roll

Jean-Martin Aussant a tenté le coup, mais en vain : impossible d’être chef de parti et père de jumeaux de deux ans à temps plein, a-t-il conclu. Annoncée mercredi matin, sa décision de quitter la vie politique a bouleversé les militants d’Option nationale. Et l’avenir du parti souverainiste paraît aujourd’hui fort incertain.
« J’ai cru au départ qu’il serait possible, avec de la volonté et du travail, de mener les deux chantiers [la famille et la politique] de front, a expliqué M. Aussant lors d’une conférence de presse où il s’est montré très ému. Je me rends compte aujourd’hui qu’il est pénible de continuer ces deux projets sans inévitablement en négliger un pour m’occuper de l’autre. Et trop souvent, c’est la famille qui tombe dans la première catégorie. »
Le chef d’Option nationale a donc « pris la difficile décision de [se] retirer de la vie politique, le temps que [sa] situation familiale soit plus propice à un engagement aussi intense et entier que celui de faire de la politique active. » M. Aussant a indiqué qu’il reviendra certainement à la politique quand ses enfants auront grandi.
Pratiquement personne n’avait pressenti le départ de M. Aussant. « C’est une immense surprise », confie Catherine Dorion, candidate d’ON à Québec et membre du conseil national du parti. « C’est assurément une décision très pénible et douloureuse », ajoute l’ancien député péquiste Camil Bouchard, proche de M. Aussant.
Le 3 mars, Jean-Martin Aussant avait reçu un appui de 97 % des militants lors du congrès du parti. La formation lui avait aussi accordé l’équivalent du salaire d’un député (près de 87 000 $) pour s’assurer qu’il puisse se consacrer à temps plein à ses tâches de chef. Jean-Martin Aussant a expliqué mercredi qu’il lui est désormais impossible de « reporter le conflit famille-politique » plus longtemps. Dès la fondation de son parti, il mentionnait la question de sa situation personnelle comme frein à son engagement.
Le couple Jacques Parizeau et Lisette Lapointe, amis proches de Jean-Martin Aussant et de son parti, s’est dit « bouleversé » par la nouvelle de la démission du « fils spirituel » de l’ancien premier ministre. Jean-Martin Aussant les a contactés mardi pour leur annoncer la nouvelle, au cours d’une conversation que l’ancienne députée qualifie de « déchirante ».
Jointe en Europe, la voix de Mme Lapointe trahissait une blessure encore vive. « Disons que je suis bien triste, mais en même temps, je comprends. Et je comprends que c’est un au revoir. »
Pas un pique-nique
Mais le parti que M. Aussant a fondé en octobre 2011 sera-t-il encore là à son retour annoncé ? L’ex-chef est lui-même convaincu qu’Option nationale lui survivra. « Il a plus que jamais sa raison d’être », estime-t-il. Selon lui, il y a quantité de « leaders naturels » dans les quelque 8000 membres et militants du parti.
Tous reconnaissent toutefois que les lendemains seront difficiles pour Option nationale. Le parti compte sur une base de militants jeunes et dévoués, mais ses assises demeurent fragiles. Option nationale a récolté moins de 2 % des voix aux dernières élections, avec 82 500 votes.
« Il y a tellement d’intelligence et de ferveur dans ce parti, je ne peux imaginer qu’il va se dissoudre, dit Camil Bouchard. Mais ce ne sera pas un pique-nique. Le parti s’engage dans une période très délicate et difficile. »
Lisette Lapointe avoue qu’il sera difficile pour quiconque de remplacer Jean-Martin Aussant, qui restera « l’inspiration » du parti. Mais elle « pense qu’à l’intérieur du parti, il y a certainement des jeunes qui seraient prêts à relever le défi ». Aucun des ex-députés péquistes proches de M. Aussant - Lisette Lapointe, Camil Bouchard et Pierre Curzi - n’a l’intention de se présenter à sa succession, ont-ils confirmé mercredi.
M. Curzi espère lui aussi que la démission du chef permettra aux jeunes de prendre leur envol. « Je crois qu’il est sage de laisser la place à ce beau monde », dit-il.
Marois salue
À Québec, la première ministre Pauline Marois a tenu à témoigner son « respect » à son ancien député. « J’ai parlé à Jean-Martin il y a quelques instants pour lui dire que je lui souhaitais bonne chance pour la suite des choses et que je savais que le Québec pourrait compter sur lui comme souverainiste, peu importe là où il sera. »
Refusant de dire si son départ signifiait une bonne ou une mauvaise nouvelle pour la cause indépendantiste, la première ministre a toutefois réitéré que c’est par le PQ que passait la souveraineté. « Il y a une place, si on veut travailler à la souveraineté, où les gens sont tous les bienvenus, et c’est au PQ. »
Catherine Dorion estime toutefois que Mme Marois se trompe si elle croit que les militants d’Option nationale vont simplement réintégrer le giron péquiste. « Tous ceux à qui j’en parle disent la même chose : voter ON, c’était voter à part, voter différemment, voter pour la souveraineté. Ce n’était pas juste une question d’être un peu plus à droite ou à gauche, c’est plus profond. »
Jean-Martin Aussant avait claqué la porte du Parti québécois en juin 2011 afin de siéger comme indépendant. Il a été battu par le caquiste Donald Martel lors de l’élection de septembre 2012 dans Nicolet-Yamaska.


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