Saviez-vous que depuis 2009, le Dr Couillard est également membre du conseil consultatif international mis sur pied par le ministre de la santé d’Arabie Saoudite.Il reçoit donc un salaire d’un gouvernement étranger qui de surcroit ,est soupçonné de cautionner l’organisation terroriste d’Al Qaïda.Il est donc dangereusement en conflit d’intérêt.
Rappelons que Arthur Porter a été arrêté en mai 2013, au Panama en vertu d’un mandat d’arrêt international. Il est accusé de corruption en lien avec la construction du CUSM.
Couillard et Porter sont ou étaient membres du conseil privé de la REINE, du comité de surveillance du SCRC et du conseil d’administration d’une filiale d’un minière des diamants de sang et ont ainsi eu une compagnie ensemble jusqu’au 12 octobre 2012.
http://www.sirc-csars.gc.ca/abtprp/ccmcma/porart-fra.html
http://www.sirc-csars.gc.ca/abtprp/ccmcma/couphi-fra.html
sur le registre des entreprises du Québec recherchez « Golden Valley Mines »
Calone Mining Company
http://www.calonemining.com/index.html/Site/Directors_Management.html
Les contacts d’Arthur Porter ont été utiles à la petite société minière canadienne Golden Valley. En 2009, le Dr Porter devient conseiller du président de la Sierra Leone, son pays natal. Or, en juin de la même année, il est nommé membre du conseil d’administration de Golden Valley et cette entreprise obtient un permis d’exploration sur un vaste territoire en Sierra Leone.
Golden Valley tente alors de découvrir de l’or et des diamants dans ce pays considéré comme étant parmi les plus pauvres et plus corrompus du monde. C’est Arthur Porter qui dirige l’entreprise de prospection là-bas, Calone Mining, à l’aide de son père (Arthur Porter Sr), entre autres.
En trois ans, Golden Valley a injecté plus de 900 000$ dans son aventure ouest-africaine, mais en juin 2012, l’entreprise a mis sa filiale en vente, car elle estimait que son investissement ne valait pratiquement plus rien.
PLQ ET GOLDEN VALLEY MINING
Yves Boivert
Le Devoir
Michel David
http://www.vigile.net/Recompenser-le-vice
Selon un rapport de l’ONU, au moins 40 % des guerres civiles de ces soixante dernières années sont liés aux ressources naturelles comme le bois, les diamants, l’or, les minéraux ou le pétrole.
http://www.un.org/fr/peacekeeping/issues/environment/resources.shtml
Le Soleil
(New Richmond) Le chef du Parti libéral du Québec, Philippe Couillard, a réagi à l’arrestation de son ex-associé Arthur Porter en soulignant qu’il n’y avait «pas de culpabilité par association» à faire entre lui et l’ex-directeur du Centre universitaire de santé de McGill (CUSM).
De passage en Gaspésie mercredi matin, le Dr Couillard a maintenu, en parlant des accusations, de l’arrestation et de l’extradition imminente d’Arthur Porter, que «c’est décevant pour quelqu’un qu’on a connu», mais «que je n’étais pas le seul à le connaître».
Il a avoué que «nous avons été amis» mais il a souligné à deux reprises que l’entreprise qu’il avait fondée avec le Dr Porter «n’a jamais été active» et qu’il n’a donc «pas eu de relations d’affaires» avec l’homme arrêté lundi au Panama.
Philippe Couillard a réitéré que la fondation d’une compagnie avec Arthur Porter était survenue «bien après son retrait de la vie politique», qu’elle «ne touchait pas les activités de M. Porter» au Centre universitaire de santé de McGill et qu’il n’était «pas inquiet de voir son nom associé» à celui de M. Porter dans les démêlés judiciaires qui attendent ce dernier.
Arthur Porter, 57 ans, est accusé de fraude, de complot pour fraude, de fraude envers le gouvernement, d’abus de confiance, d’avoir touché des commissions secrètes et de recyclage de produits de la criminalité. Aussi arrêtée lundi, sa femme Pamela est accusée de recyclage des produits de la criminalité.
La firme d’ingénierie SNC-Lavalin aurait versé d’importantes sommes à Arthur Porter pour être choisie afin de réaliser une partie du nouveau projet d’hôpital universitaire anglophone à Montréal, une initiative de 1,3 milliard $.
La police de Panama s’est engagée à les extrader tous les deux vers le Canada le plus vite possible. Arthur Porter dispose de 15 jours pour contester son extradition.
Plus tôt cette année, Arthur Porter avait affirmé à la CBC être atteint d’un cancer avancé, ce qui l’empêchait en principe de se déplacer. Il était alors aux Bahamas. Il a été arrêté en déplacement, au Panama.
Entreprise Couillard Porter:
> 2005: Arthur Porter est nommé par le ministre Philippe Couillard président du Réseau universitaire intégré de santé (RUIS)
> 3 septembre 2008: Arthur Porter est nommé membre du CSARS
> 28 mai 2009: Philippe Couillard est nommé au CA de la société minière Canadian Royalties. Arthur Porter est nommé au C.A. de la société minière Canadian Royalties
> 21 juin 2010: Philippe Couillard nommé membre du Conseil privé de la Reine
> 22 juin 2010: Philippe Couillard et Arthur Porter fondent Porter, Couillard et associés
> 23 juin 2010: Arthur Porter est nommé président du CSARS. Philippe Couillard est nommé membre du CSARS
> 10 novembre 2011: Arthur Porter démissionne du CSARS
> 1er octobre 2012: Philippe Couillard démissionne du CSARS
> 4 octobre 2012: Dissolution de la firme Porter, Couillard et associés »
Juste à temps pour entrer dans la course au leadership du PLQ ! Quelle coïncidence quand même !
Le 28 mai 2013,les journeaux du Québec tîtraient :Ça y est!C’est fait
Ça y est. C’est fait. Comme quoi, avec le retour tant attendu du soleil, vient aussi cette très bonne nouvelle.
Eh oui. Enfin.
C’est donc à distance, au Panama que l‘Unité permanente anti-corruption (UPAC), avec l’aide des autorités panaméennes, d’Interpol, de la GRC et de la SQ, in extremis,lui aura enfin mis le grappin dessus. Et ce, pour être soupçonné d’«avoir accepté des millions de dollars en pots-de-vin pour favoriser SNC-Lavalin dans la course au contrat de construction du mégahôpital» anglophone.
Alouette, mon beau trésor public, je te plumerai… Ça va, ça va, On commence à connaître le refrain…
Mieux encore, pour l’occasion, l’UPAC nous offre, à nous pauvres contribuables appauvris par tant de corruption et de collusion, un spécial «deux pour un», en attrapant du même coup de filet nulle autre que la conjointe de Porter.
Comme quoi, à cheval donné, on ne regarde pas la bride.
Les procédures d’extradition seraient donc elles-mêmes en voie de ramener éventuellement le couple au Québec.
Dans le cas de Porter, cette pieuvre politico-financière planétaire s’étant également concocté au Québec et au Canada une brochette de contacts et d’amitiés politiques aux ramifications spectaculaires -, la suite de cette histoire digne d’une mini-série risque de ne pas être sans intérêt non plus pour la commission Charbonneau… À suivre, en effet. Construction, allégations de corruption, collusion, favoritisme, trafic d’influence, fraude… Une rencontre parfaite, quoi, avec le mandat de la commission.
La présomption d’innocence est bien sûr ce qu’elle est, mais permettons-nous tout de même, pauvres contribuables, d’espérer que Porter, cette fois-ci, échappera quant à lui à l’infâme «culture d’impunité» sévissant depuis trop longtemps dès que les fonds publics prennent des airs séducteurs de jarre à biscuits.
Avec son présumé cancer avancé «auto-diagnostiqué», on finira bien aussi par savoir si en plus de son collier d’accusation digne des meilleurs experts ès manipulation, Porter ne serait pas aussi, ou non, un grand acteur.
Au-delà de l’arrestation de Porter, il faudra aussi se pencher, sérieusement, sur cette formule de partenariat public-privé (PPP) imposée aux projets des deux méga-hôpitaux de Montréal par le gouvernement Charest. Une formule qui, pas toujours, mais trop souvent, tend à ouvrir la porte à la corruption, la collusion, le copinage et des dépassements de coûts tout en limitant les pouvoirs d’encadrement et de surveillance des autorités publiques.
Lire d’ailleurs ici ce qu’en disait en 2010 le Vérificateur général du Québec, Renaud Lachance, dans un rapport dévastateur. Eh oui, le même Renaud Lachance nommé depuis commissaire à cette même commission Charbonneau.
En février dernier, le ministre de la Santé, Réjean Hébert, déclarait ceci sur le sujet des PPP:
«Nous sommes pris avec des contrats pour de grands hôpitaux [le CHUM et le CUSUM, deux établissements universitaires sur l'île de Montréal] et cinq centres d’hébergement qui sont en PPP. Mais il n’y en aura pas d’autres».
Mais, dans les faits, le gouvernement est-il vraiment «pris avec» les contrats de PPP, ou existe-t-il, oui ou non, des clauses de retrait dans ces méga-contrats? Ce serait à voir.
Et parlant de PPP, de méga-contrats et de méga-hôpitau, grâce à une motion présentée par la CAQ et votée unanimement au parlement, le patron du CHUM, Christian Paire, devra quant à lui «expliquer» d’ici peu sa gestion devant la Commission de la Santé et des services sociaux de l’Assemblée nationale.
Les élus feront-ils ou non, quant à eux, la découverte de quelques autres anguilles sous roche?
Qui sait? Une autre histoire à suivre. De près qui expliquera pourquoi les libéraux recrutent autant de "gros docteurs" en campagne électorale.
La question à $1 million: Qui est vraiment le nouveau chef du PLQ ?
(Printemps 2013)
L’héritage de Philippe Couillard…la première bévue
La politique n’étant jamais à une ironie près, c’est aujourd’hui Philippe Couillard qui, comme nouveau chef du PLQ, hérite non seulement de cette «affaire» Lapointe, mais bien au-delà de celle-ci, des séquelles politiques du printemps dernier.
Je dis «ironie» parce que des trois candidats à la chefferie, il fut le seul à se montrer ouvertement critique de la gestion de la grève étudiante par Jean Charest, dont même la partie de sa «loi spéciale» visant à limiter le droit de manifester.
Ce qui explique peut-être en partie la sortie rapide de Philippe Couillard qui, dès après la parution de la lettre de Pierre Lapointe, se disait «désolé» de voir que l’usage de sa chanson au congrès ait «blessé» Pierre Lapointe. «À l’avenir», ajoutait-il, «si on voit que ça l’a dérangé, on demandera (l’autorisation de jouer ses chansons)»».
Impossible de même imaginer un Jean Charest faire la même chose…
C’est peut-être là, le premier exemple concret, depuis son élection à la tête du PLQ, duchangement de «ton» que dit vouloir apporter Philippe Couillard à la politique. La suite, tout au moins, saura le dire…
l a beau avoir été dans l’œil médiatique pendant cinq ans comme ministre de la Santé dans le gouvernement Charest (2003-2008), puis durant la dernière course au leadership du Parti libéral du Québec, Philippe Couillard demeure pourtant un politicien discret, difficile à saisir, qui parle avec éloquence de ses théories et idées, mais peu de sa vie privée.
Ce pêcheur solitaire à l’humour grinçant n’est pourtant pas bâti sur le même moule que la plupart des chefs de parti. Une réalité qui recèle des avantages et des inconvénients.
Par exemple, il déteste la partisanerie et l’agressivité, au point d’avoir de la difficulté à lancer des attaques contre ses adversaires. C’est bien pour ceux qui veulent que la politique sorte des tranchées boueuses dans lesquelles elle semble s’être embourbées depuis quelques années, notamment lors de la période des questions à l’Assemblée nationale. Mais un chef doit aussi faire ressortir les faiblesses de l’autre camp et savoir attirer l’attention. Dans plusieurs cercles politiques, on estime que l’attaque est la meilleure défense. C’était le style de Jean Charest, notamment.
Pour Philippe Couillard, le défi sera de doser ses interventions. Tenter de respecter sa personnalité, sa volonté de limiter les attaques, sans avoir l’air mou ou sans conviction.
Dans tous les partis, la personnalité de l’homme derrière la façade du chef joue un grand rôle dans la manière d’amener son parti combattre au front.
C’est l’un des aspects de la plongée politique que vous offre le numéro de L’actualité qui arrive en kiosque cette semaine (vendredi 5 avril). Nous vous offrons les coulisses de la course au leadership de Philippe Couillard, et par le fait même, une fenêtre exceptionnelle sur la personnalité du nouveau chef du PLQ.
On vous raconte les hauts et les bas de cette course, tel que vécu par le noyau de l’équipe Couillard. La prise de décision de se lancer, la mise en place de son organisation, la bataille de terrain dans les circonscriptions, les attaques de Bachand et Moreau, sa relation avec Arthur Porter, les dessous du congrès de Verdun… le tout entrecoupé de sa vie personnelle, sa relation avec ses enfants, son séjour en Arabie Saoudite, etc.
Tout comme nous l’avions fait avec les dessous du lancement de la CAQ (avril 2012), le grand portrait préélectoral de Pauline Marois (août 2012) et la transformation de la politique canadienne par Jason Kenney (novembre 2012), L’actualité a suivi pendant des mois un politicien (ou un groupe dans le cas de la CAQ) pour en révéler la vraie substance.
Un accès hors norme, un investissement de temps important, et beaucoup d’espace pour raconter et décrire. Une façon journalistique de couvrir la politique autrement.
Dans le cas de Philippe Couillard, je me suis immiscé dans son entourage pendant presque six mois, assistant aux réunions confidentielles avec ses conseillers, à la préparation des débats, aux rencontres avec les militants en région et à l’arrière-scène du congrès de Verdun.
Avec une question en tête : peut-il guérir le plus vieux parti du Québec des maux qui l’affligent et déloger Pauline Marois du pouvoir?
À la lecture de ce texte de 16 pages, certains vont répondre oui, d’autres, non. Seul le temps dira qui a raison.
Quelqu’un quelque part va payer,si ce n’est pas le peuple québécois tout entier ,pour la négligence absurde de ne pas avoir envoyer ces odieux personnages en prison.Il es nécessaire que le Parti libéral du Québec,soit banni et ses dirigeants,incarcérés au plus vite.
Une chose est certaine, Couillard devra naviguer dans une mer agitée par les vagues de la commission Charbonneau et celles d’un gouvernement minoritaire, réformer un PLQ sclérosé, renouveler ses idées et tenter de redonner leur élan aux «rouges» dans un Québec francophone où le multipartisme prend racine et où les nouvelles générations font fi de l’histoire du parti.
…………………………………………………..
Voici un rapport effectué en 2013 sur Philippe Couillard
Voici le début du papier:
Le long tunnel de la mine du lac Herbin, près de Val-d’Or, s’arrête dans un amas de roches et de grillages, à 1 700 m sous terre. Des relevés sont en cours pour mesurer la concentration d’or, et Philippe Couillard écoute les explications du vice-président à l’exploitation de QMX Gold Corporation, Patrick Sévigny. Mais le candidat libéral est un peu distrait par la foreuse manuelle, quelques mètres plus loin.
Il s’approche de l’engin, dont la longue mèche est plantée dans la paroi du tunnel. « Est-ce que je peux essayer ? » Le front du mineur se plisse de doutes. « Allons, j’ai déjà percé des cerveaux, je devrais être capable de percer du minerai ! » lance Couillard dans un éclat de rire qui fait retrousser sa barbe grisonnante et sautiller ses lunettes de protection. Le jeune homme lui cède sa place. L’ancien ministre de la Santé s’amusera pendant une bonne minute.
De retour à la surface, Philippe Couillard poursuit la visite des installations, serrant des mains et distribuant les bonjours aux 130 employés de QMX. Lorsqu’il entre dans le garage des camions, un mécanicien moustachu d’une cinquantaine d’années, l’air espiègle, entonne « Libérez-nous des libéraux », du groupe Loco Locass.
« Je suis certain que vous vous ennuyez de nous ! » réplique Philippe Couillard, conscient qu’en ce 29 novembre 2012 les modifications aux redevances minières envisagées par le gouvernement Marois inquiètent les travailleurs de cette industrie cyclique, surtout ceux des petites sociétés minières aux faibles marges de profit, comme QMX.
Les hommes entourent le candidat pour une photo. « Je te veux à côté de moi ! » lance Couillard au chanteur moustachu, qui sourit en s’approchant.
Un rituel semblable se répétera pendant le périple de deux jours en Abitibi. À Amos, Philippe Couillard visite une scierie et l’usine d’eau Eska. À Malartic, un CLSC ainsi qu’un centre d’hébergement et de soins de longue durée. À Val-d’Or, un centre d’amitié autochtone. À Rouyn-Noranda, ce sont des entrevues télé et radio… Un rythme de campagne électorale, avec un horaire réglé à la minute, et ce, depuis l’annonce de sa candidature, le 3 octobre.
«Je réalise pour la première fois que je n’ai plus 20 ans », dit Philippe Couillard, attablé au restaurant en ce vendredi matin de novembre où le mercure a chuté à – 27 °C à Rouyn-Noranda. Le candidat libéral, 55 ans, vêtu d’un simple jean et d’un chandail de laine marron, a les traits tirés. « C’est l’exercice le plus exigeant de ma vie. Quand j’étais ministre ou chirurgien, je gérais mon temps. Là, c’est sept jours sur sept.»
Lorsque Jean Charest a perdu le pouvoir, le 4 septembre dernier, l’Ours Couillard n’a pas spontanément pensé à se lancer dans la course. Extraits :
Grand amateur de pêche, Couillard replace ses souvenirs en fonction des endroits où il a déjà taquiné le poisson. Ici, la truite avant un souper de financement ; là-bas, le brochet avec ses trois enfants… Et la pêche au saumon à la mouche, son sport de prédilection. « Ce n’est pas la prise du poisson qui est le plus important, dit-il. C’est le décor, la forêt. Et le haut niveau de difficulté. J’ai tendance à me désintéresser de quelque chose que je fais bien. Avec la pêche à la mouche, tu peux toujours t’améliorer. La perfection n’existe pas. »
Et il y a l’élégance, le style du pêcheur debout dans la rivière, sa canne à bout de bras, souple, qui fend l’air. Lorsque Philippe Couillard enseignait la neurochirurgie à l’Université de Sherbrooke, au tournant des années 2000, il comparait les opérations à une œuvre d’art. « L’élégance du geste est importante pour arriver aux résultats », disait-il à ses étudiants, souvent perplexes.
Rien d’étonnant à ce que la femme de Philippe Couillard, Suzanne Pilote, ait surnommé son homme «l’ours». Parce qu’il aime le poisson et la nature, mais aussi en raison de son allure — un peu rond, costaud, barbu — et de sa démarche lourde, qui balance de droite à gauche. Une image si forte que lorsqu’il était ministre de la Santé (2003-2008), les hauts fonctionnaires et les employés de son cabinet le surnommaient ainsi en son absence !
Le nouveau chef libéral a également le côté solitaire de l’animal. À l’Assemblée nationale, il ne fréquentait jamais le salon des députés. « La politique, ce n’est pas la place pour nouer des amitiés profondes. Il y a trop de gens avec des agendas différents qui se superposent », dit-il, faisant allusion à la compétition entre ministres, mais aussi entre députés, parfois du même parti.
Il dit « bien vivre » avec la solitude et ne pas entretenir un grand réseau d’amis. Un seul reçoit ses confidences et ses angoisses : le Dr Juan Roberto Iglesias, qu’il a rencontré lorsque les deux hommes enseignaient à la Faculté de médecine de l’Université de Sherbrooke et qui deviendra son sous-ministre de 2003 à 2006. « Il était déjà sur la courte liste pour devenir sous-ministre quand je suis arrivé en politique. Il m’a beaucoup aidé à faire la transition », dit Philippe Couillard. Les deux se parlent régulièrement et s’amusent à émailler leurs courriels de phrases en latin.
Le 4 septembre dernier, le jour des élections, l’ours Couillard pêchait le saumon dans la rivière Sainte-Anne, en Gaspésie, avec pour seule compagnie une radio portative posée sur la rive. C’est avec sa femme et un couple d’amis, dans un restaurant du coin qui diffusait les résultats, qu’il a appris la victoire du Parti québécois et la fin du règne de Jean Charest.
Le lendemain, il prend ses messages sur son BlackBerry. Plus de 150, allant tous dans le même sens : des libéraux souhaitent qu’il brigue la direction du parti. En privé, l’ancien ministre des Finances Michel Audet est l’un des premiers à insister — il deviendra d’ailleurs son conseiller économique durant la course.
Philippe Couillard hésite. Il n’est plus dans l’œil médiatique et ne s’en plaint pas. « J’étais heureux, tranquille et je gagnais bien ma vie », me dit-il.
Sa première réunion de stratégie, avant son annonce officielle, a eu lieu dans ses bureaux du fonds d’investissement PCP.
Dans les jours qui suivent les élections du 4 septembre, Philippe Couillard continue à recevoir des appels l’incitant à revenir en politique. Sa réflexion s’intensifie. Il tient une première réunion dans son bureau de PCP, rue Sherbrooke, avec quelques personnes, dont certaines feront partie de sa garde rapprochée lors de la course : Christian Lessard, ancien directeur des communications de Jean Charest ; Philippe Dubuisson, ancien chef de cabinet de Monique Jérôme-Forget ; Jean-Pascal Bernier, ex-chef de cabinet de Michelle Courchesne ; et le député Sam Hamad.
L’attention médiatique augmente lorsque Radio-Canada révèle que Philippe Couillard pourrait se lancer dans la course. « Philippe a parfois l’air brouillon, mais dans sa tête, c’est loin d’être désordonné. C’est un gars méthodique. Il voulait d’abord s’assurer qu’il pouvait gagner », explique son directeur de campagne, Christian Lessard, vice-président du cabinet de relations publiques Tact Intelligence-conseil.
Les premiers appels de Philippe Couillard sont adressés aux 50 députés libéraux. « Si tu n’as pas le soutien de tes futurs collègues, c’est inutile. Je ne voulais pas être un outsider », dit-il. Quatorze vont l’appuyer, 13 soutiendront Pierre Moreau, et 10 Raymond Bachand. Les autres resteront neutres.
La personne la plus difficile à convaincre sera sa femme, Suzanne Pilote, graphiste à la retraite, qui partage sa vie depuis 2002. Le couple s’est connu lorsqu’elle a eu à représenter, pour une brochure de la Société de l’assurance automobile, un cerveau malmené par un accident. Suzanne n’a pas aimé le premier passage en politique : les horaires de fou, la pression sur le couple et la famille, les attaques personnelles… « Je m’en serais bien passée ! » me dit-elle dans les coulisses du débat des candidats, à Québec, à la fin janvier.
Philippe Couillard décrit les moments difficiles de son premier passage en politique comme autant de « petites blessures ». « Il faut une carapace épaisse. Je ne sais pas si j’ai la couenne assez dure », dit-il en forçant un sourire.
Mais pourquoi revient-il en politique? Extraits :
Il est aussi partenaire du Fonds d’investissement PCP, dans le domaine de la santé, depuis sa retraite de la politique, en 2008.
Ce passage rapide de ministre à partenaire de PCP avait fait grand bruit. Au moment de sa démission, le 25 juin 2008, Couillard affirmait ne pas avoir de nouvel emploi. Or, une enquête du Commissaire au lobbyisme du Québec a plus tard révélé qu’il avait conclu une entente avec les présidents de PCP le 17 mai 2008, plus d’un mois avant sa démission du Cabinet. Tout le printemps, il avait négocié les termes de son embauche, alors qu’il était ministre et déposait des projets de loi.
« C’était une erreur », me dit-il dans son bureau de campagne, un ancien cabinet d’architectes au troisième étage d’un grand édifice industriel du début du siècle, rue Brewster, dans le sud-ouest de Montréal. Il fait une longue pause, le regard perdu dans la magnifique vue du centre-ville. « J’ai souvent pensé que ma façon de m’en aller avait manqué d’élégance. J’aurais dû m’expliquer. Il n’y avait pas d’irrégularité, pas de conflit d’intérêts, parce que PCP ne fait pas affaire avec le gouvernement. Mais une part de moi veut réparer cette sortie. »
Une autre part de lui n’en a pas fini avec le service public. « Je ne prétends pas avoir la solution à tous les problèmes, mais je veux faire bouger les choses », dit Philippe Couillard.
Et il veut laisser une trace, lui qui aime tant l’histoire — à 12 ans, pour Noël, il demandait à ses parents des bouquins sur l’Antiquité. On peut déceler cette préoccupation dans le livre33 histoires vraies racontées par des médecins (Furger), publié en novembre dernier, dans lequel 23 médecins du Québec et d’ailleurs dévoilent des épisodes de leur vie professionnelle.
Dans le style d’humour abrasif qu’affectionne Philippe Couillard — il adore les Monty Python et RBO, notamment —, le chapitre qu’il a signé en juillet 2011 s’intitule « Le perroquet crucifié ». Il y raconte avec émotion comment le travail des infirmières lui a appris, quand il était jeune neurochirurgien, à célébrer la vie, pas seulement à défier la mort.
Il écrit que deux activités humaines permettent de « transcender la brièveté de l’existence » et d’atteindre « la grande immortalité » évoquée par Milan Kundera, l’un de ses écrivains préférés. Il y a la création artistique, « qui permet de toucher le cœur et l’esprit, au-delà du temps ». Et l’action politique, qui, « malgré ses travers et ses coups de pied, demeure la meilleure façon d’arrêter de pleurnicher dans les gradins et de descendre faire un passage sur le terrain où une société essaie de devenir meilleure. De déposer sa petite brique dans une construction sans fin. »
Un passage qui résume bien l’homme, à mon sens, est celui qui a trait à son intérêt pour les guillotines et les bourreaux! Rien de moins. Ce type de curiosité, très philosophique, habite Philippe Couillard depuis sa jeunesse.
Extraits :
Le dimanche 20 janvier, les équipes se déplacent à Québec pour le deuxième débat. Dans une petite salle aux murs blancs du cégep Limoilou, la femme de Couillard s’approche et replace sa cravate. « Ton nœud est croche, pépé », dit-elle de sa voix aiguë, avant de s’assurer qu’il n’a pas taché sa chemise blanche en mangeant son sandwich du midi.
Philippe Couillard a mis l’une de ses cravates favorites : bleue ornée de petites abeilles jaunes, l’emblème de l’Empire français sous Napoléon Bonaparte, au début du XIXe siècle. « Il fut un temps où je collectionnais tous les livres de cette époque. C’est un personnage hors norme », dit-il. Tout comme le chirurgien en chef de la Grande Armée de Napoléon, le baron Dominique Larrey, « qui a beaucoup fait progresser la chirurgie » et dont Philippe Couillard a dévoré les Mémoires.
Un autre pan de l’histoire française n’a plus de secret pour lui : celui des bourreaux et des guillotines. Un peu macabre, lui dis-je. Il réplique que ce sont les contradictions de l’humain qui l’intéressent. « Une société qui codifie la mise à mort, qui l’inflige à ses citoyens, mais qui ostracise ceux qui exécutent cette tâche, c’est un phénomène intéressant », dit-il.
De la guillotine, Couillard deviendra un spécialiste un peu par hasard, lors de son passage de quatre ans en Arabie saoudite, de 1992 à 1996.
Il est alors neurochirurgien à Dharhan, dans l’est du pays, dans un centre médical mis sur pied par l’entreprise pétrolière Aramco, qui compte 55 000 employés en Arabie saoudite. Dans ses temps libres, Philippe Couillard participe à un club d’histoire. Ils sont six membres et font des exposés à tour de rôle. Celui de Couillard sur la guillotine — une machine née dans l’esprit d’un médecin, le député français Joseph Ignace Guillotin, vers 1790 — surprend par ses nombreux détails. L’appel d’offres (eh oui !) pour construire la première machine n’a pas été remporté par le plus bas soumissionnaire, mais par le deuxième. « Est-ce qu’il y avait de la corruption, je ne sais pas ! » blague Couillard aujourd’hui.
Enthousiaste, le président du club d’histoire, un Américain, parle de cet exposé à des amis de la base militaire de son pays, tout près. Deux semaines plus tard, Philippe Couillard faisait part de ses découvertes à 200 soldats américains, membres du corps des ingénieurs, postés en Arabie saoudite !
« C’était inusité », lâche-t-il en entrevue, un peu mal à l’aise. « L’Arabie saoudite a encore la peine de mort. »
L’animosité dans entre Raymond Bachand et Philippe Couillard a transpiré de cette course. Le texte l’aborde.
Extraits :
La préparation des débats des 26 et 27 janvier, en anglais à Montréal, puis sur la santé à Gatineau, bat son plein. Guillaume Demers, responsable des médias sociaux, qui transcrit les idées sur un ordinateur portable, peine à déchiffrer l’écriture en pattes de mouche de l’ancien médecin. Pendant plusieurs heures, il est question de langue, de Constitution, d’économie, d’éducation, de qualité et de financement des soins de santé, d’aide aux aînés…
Ses conseillers exigent de Couillard des exemples concrets pour illustrer ses idées, souvent très théoriques. « Les gens veulent voir un Couillard humain, qui les comprend, pas seulement un gestionnaire », dit Isabelle Migneault.
Couillard se laisse tomber sur une chaise près du tableau. « Moreau va sûrement nous sortir encore quelque chose pour attirer l’attention. Il l’a fait dans les premiers débats avec l’abolition des cégeps et une commission permanente contre la corruption. Il faudra être prêts », prévient-il.
L’équipe ne prépare aucune attaque contre Raymond Bachand et Pierre Moreau, même si leurs points faibles ont été consignés dans un document dès le début de la course. « On a fait nos devoirs, mais ce rapport ne servira pas. Le patron ne veut pas », dit Harold Fortin. Le passage de Raymond Bachand à la tête du Fonds de solidarité de la FTQ, de 1997 à 2001, au moment où l’entrepreneur Tony Accurso faisait la pluie et le beau temps dans le milieu de la construction — et était un partenaire important du Fonds —, en fait partie.
Aucune défense particulière n’est préparée contre des attaques sur les liens de Philippe Couillard avec Arthur Porter.
Le samedi 26 janvier, 45 minutes après le début du débat en anglais, à l’Université Concordia, Raymond Bachand dégaine. Philippe Couillard vient d’affirmer que la commission Charbonneau aurait dû être mise sur pied plus rapidement. L’ancien ministre des Finances lance : « Pendant que Pierre et moi combattions la corruption, tu faisais des affaires avec Arthur Porter ! »
Dans l’auditorium, des murmures et quelques huées se font entendre. Les conseillers de Couillard s’envoient des textos, dans lesquels dominent les jurons. Sur scène, Philippe Couillard encaisse. « Je ne vais pas utiliser une basse tactique comme tu viens de le faire. Je peux faire de la culpabilité par association, moi aussi », dit-il avec calme. Il regarde Raymond Bachand et fait une pause de trois secondes qui paraît une éternité. « Mais je ne vais pas le faire. C’est ridicule et non productif. »
Sur les réseaux sociaux, les amateurs de politique s’enflamment. Des sympathisants de la CAQ et du PQ s’en donnent à cœur joie, convaincus d’avoir trouvé la faille dans l’armure du meneur. Des journalistes avancent que les adversaires du PLQ ont certainement isolé ce passage pour le ressortir en campagne électorale…
Après le débat, Philippe Couillard offre aux journalistes l’une de ces réponses dont il a le secret, plus proches de la philosophie que de la politique : « On fait des choix dans la vie. J’essaie que dans mon cœur ne viennent jamais la haine et la rancune. »
Raymond Bachand explique qu’il a été « piqué » par Philippe Couillard sur le bilan du gouvernement Charest en matière de corruption et qu’il a lancé son attaque instinctivement. « J’ai des émotions », dit-il aux médias.
Dans le camp Couillard, on ne croit pas à la thèse de l’improvisation. Dans les jours suivants, Raymond Bachand poursuit l’offensive dans les quotidiens et à la radio, ce qui confirme la stratégie délibérée. À La Presse, il en rajoute : « Vous ne vous associez pas à quelqu’un pour partir une compagnie si vous ne le connaissez pas. »
Philippe Couillard est sur la défensive. Il explique qu’Arthur Porter a été nommé par le conseil d’administration du CUSM en 2004 — et non par lui ou son gouvernement. Il ajoute que le contrat de construction du nouveau CUSM, accordé à SNC-Lavalin (et pour lequel l’Unité permanente anticorruption a lancé un mandat d’arrêt contre Arthur Porter et quatre autres personnes soupçonnées d’avoir touché des pots-de-vin de 22,5 millions de dollars), l’a été en 2010, « deux ans après mon départ de la politique ! »
En privé, l’homme semble plus blessé que fâché par ces attaques. « Raymond et Pierre me connaissent, ils savent que je n’ai rien à me reprocher, mais ils le font quand même. » L’ancien ministre déplore ce qu’il juge comme une « réécriture de l’histoire ».
Dernier avant-goût du texte (il y a encore beaucoup à découvrir, mais ce billet de blogue commence à devenir franchement interminable, alors… )
Sur les coulisses du congrès de Verdun, où Philippe Couillard l’a emporté.
Extraits :
Une semaine auparavant, afin de veiller à ce qu’aucun détail ne soit négligé, l’organisation a mis en place le « comité Saint-Patrick » — le vote ayant lieu le jour de la fête des Irlandais —, constitué des plus hauts dirigeants de la campagne. « On a fait élire des délégués, maintenant il faut s’assurer qu’ils votent », dit Serge Rémillard.
Pour y parvenir, l’équipe Couillard va dorloter ses militants grâce à un trésor de guerre bien garni : elle a amassé 439 000 dollars (contre 351 000 dollars pour Bachand et 176 000 pour Moreau).
Lorsqu’ils ouvrent la télé de leur chambre d’hôtel, les délégués pro-Couillard sont accueillis par une vidéo de bienvenue enregistrée par leur candidat dans les deux langues. Le dimanche matin à 5 h, un petit journal de quatre pages, le Couillard Express, est distribué sous chaque porte : il contient un résumé de l’hommage à Jean Charest rendu la veille, un rappel des idées de Philippe Couillard et un appel au vote. Couillard sera aussi le seul à offrir des navettes jusqu’à l’auditorium, situé à sept stations de métro de là.
Et il sera le seul candidat à avoir ce que le comité Saint-Patrick a surnommé l’« arme secrète » : un logiciel conçu expressément pour le congrès, qui permettra aux organisateurs de suivre à la trace le vote de leurs délégués.
[…]
Sa mère, Hélène, 81 ans, est assise à côté de moi sur un des petits bancs rouges. « S’il gagne, je serai contente pour lui. S’il perd, il aura plus de temps avec Suzanne et les enfants », dit-elle, sourire en coin. Puis, elle se fait plus grave, ajoutant qu’un revers serait probablement difficile à avaler pour son fils. « Il n’a jamais connu l’échec. S’il tombe, ça va faire plus mal. »
L’ambiance n’est toutefois pas à la défaite. Philippe Couillard récite des phrases du groupe satirique anglais Monty Python avec sa fille, Myriam. Il jette un coup d’œil à son discours de victoire, corrige quelques mots. Stéphane Billette, assis dans un coin, suit les résultats du vote, qui prennent la forme de plusieurs graphiques sur son cellulaire. « Tout va bien, nos impressions se confirment », dit-il. Deux semaines avant le congrès, l’équipe Couillard avait senti un déplacement des appuis de Raymond Bachand vers leur camp et celui de Pierre Moreau.
Vers 13 h 30, lorsque Philippe Couillard retourne dans l’estrade réservée à ses partisans pour attendre les résultats officiels, il sait que la victoire est dans la poche. Le logiciel indique 58 % au compteur. Son équipe et lui dansent au son de la musique pop américaine qui résonne dans l’auditorium, digne des entractes des parties du Canadien. Une heure plus tard, le parti annonce que les 2 377 délégués qui ont exercé leur droit de vote ont choisi Couillard à 58,5 %, Moreau à 22 % et Bachand à 19,5 %.
La stratégie de deuxième tour, soigneusement élaborée quelques jours avant le congrès, prévoyait le ralliement de sept députés des autres camps et un jumelage des indécis avec un délégué de l’équipe Couillard chargé de les convaincre. Elle ne servira pas.
Une fois Couillard de retour dans le vestiaire après l’allocution de victoire, le président du Fonds PCP, Sheldon Elman, qui a été son patron pendant quatre ans, se fraie un chemin pour le féliciter.
Simon tape sur l’épaule de son père. « Comment on se sent ? » demande-t-il. « C’est un peu irréel encore. Disons que les deux gardes du corps aident à rendre ça concret ! » répond-il en désignant les deux costauds de la Sûreté du Québec qui montent maintenant la garde devant le vestiaire no 3.
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Philippe Couillard au CSARS: «Il n’y a absolument aucun hasard»
Philippe Couillard estime peu probable qu’Arthur Porter, son ami et associé d’affaires, l’ait fait nommer en 2010 au Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité (CSARS). Or, l’arrivée du candidat à la direction du Parti libéral du Québec (PLQ) dans cet organisme – qui est censé être neutre, représentatif politiquement et ne compter que de trois à cinq membres au maximum – n’aurait rien du hasard, selon plusieurs interlocuteurs du milieu de la sécurité nationale.
En juin 2010, lorsque Philippe Couillard a été nommé membre du CSARS, son associé de l’époque, Arthur Porter (nommé en 2008), venait d’accéder à la présidence de l’organisme. Celui-ci ne comptait que trois autres membres: l’ex-ministre libéral du Nouveau-Brunswick Denis Losier, nommé en 2008, l’Ontarienne Frances Lankin, nommée en 2009, et Carol Skelton, ex-ministre conservatrice nommée en 2010.
En entrevue à La Presse l’automne dernier, Philippe Couillard avait estimé peu probable qu’Arthur Porter ait quoi que ce soit à voir avec sa nomination au CSARS. «Ce sont des nominations du Conseil privé», a-t-il souligné.
Or tout ceci survenait dans un contexte où ces deux «amis» lançaient en parallèle leur entreprise de conseil, en plus de siéger au conseil d’administration d’une société minière.
«Deux amis et associés venant de la même province dans ce petit comité? Il n’y a absolument aucun hasard.» Michel Juneau-Katsuya, ex-agent et cadre au Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), qui a suivi attentivement la création et l’évolution du CSARS, est formel: Philippe Couillard a «forcément» été nommé au CSARS grâce à Arthur Porter, même si c’est le premier ministre qui décide, après consultation avec les partis qui ont au moins 12 députés en chambre.
Il dénonce d’ailleurs la dérive du CSARS, qui serait devenu au fil du temps, et surtout sous les conservateurs, un lieu de «patronage».
«La politique et l’envie de récompenser des amis ont pris le dessus sur la raison et la sécurité nationale», ajoute un expert bien informé du monde du renseignement, qui ne croit pas non plus au hasard. «Il n’y a aucune logique dans ces nominations, c’est un peu honteux», tranche-t-il.
Cette entrée est aussi survenue au milieu d’une série de nominations croisées et d’associations, rapprochées dans le temps, entre Couillard et Porter (voir infographie).
«On a perdu l’esprit originel du CSARS, on a perdu sa neutralité. Le chien de garde est devenu un chien de poche. On traite la sécurité nationale comme une business pour les amis», s’insurge Michel Juneau-Katsuya.
Cette semaine, Philippe Couillard n’a pas voulu répondre aux questions de La Presse. Mais son attaché de presse a répété qu’il avait seulement répondu à l’appel lorsque le bureau du premier ministre l’a sollicité pour sa compétence.
Dimitri Soudas, alors lieutenant de Stephen Harper pour le Québec, n’a pas rappelé La Presse. De son côté, le bureau de Stephen Harper a refusé de dire qui a suggéré la nomination de Philippe Couillard.
«Gaffes monumentales»
Michel Juneau-Katsuya rappelle que le CSARS a été créé en 1984 (ainsi que le SCRS) sur recommandation des commissions Mackenzie et McDonald «à cause des activités répréhensibles» du service de renseignement de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), et que cette même entité avait été utilisée par le gouvernement Trudeau à des fins «partisanes».
En plus de surveiller les activités du SCRS, le CSARS doit donc être politiquement neutre. En théorie, la seule condition pour y siéger, en plus de subir une enquête de sécurité, est d’être membre du Conseil privé de la reine.
Michel Juneau-Katsuya considère aussi que les nominations au CSARS d’Arthur Porter, représentant de la Sierra Leone et proche d’Ari Ben Menashe, marchand d’armes ayant des accointances avec les services secrets israéliens, et de Philippe Couillard, qui travaillait alors pour le gouvernement de l’Arabie saoudite, sont des «dérogations à la sécurité nationale, des gaffes monumentales comme l’a été le cas de Maxime Bernier» (qui avait laissé traîner des documents secrets).
Gilles Duceppe a déjà qualifié d’«imprudente» la nomination de M. Porter et s’y est opposé à l’époque.
Même si le «vrai» travail est fait par des recherchistes avec cote de sécurité maximale, les membres du CSARS ont accès en tout temps aux dossiers secrets à leur demande, s’inquiète-t-on dans le monde du renseignement. Ils visitent aussi les bureaux du SCRS.
Dans un courriel adressé à La Presse, le bureau du premier ministre Harper écrit que les normes de vérification de sécurité pour les «candidats à certaines charges publiques», sans préciser si cela concerne le CSARS, sont quadruples depuis 2010: vérification du casier judiciaire menée par la GRC, évaluation de sécurité réalisée par le SCRS, vérification faite par l’Agence du revenu du Canada et le Bureau du surintendant des faillites.
«Durant la vérification de ses antécédents et l’enquête de sécurité, il a été déterminé» que le poste occupé par Philippe Couillard en Arabie saoudite «ne constituait pas un conflit d’intérêts» puisqu’il était «lié à la santé et non aux enjeux de sécurité», dit le bureau de Stephen Harper à La Presse.
Au sujet d’Arthur Porter, le bureau du premier ministre répète encore une fois que ni le Parti libéral du Canada ni le Nouveau Parti démocratique ne s’étaient opposés à sa nomination.
Lors de son entretien avec La Presse aux Bahamas, Arthur Porter a affirmé qu’il ne savait même pas comment il s’était retrouvé dans la liste des candidats pour le CSARS. «Il y a d’autres personnes à qui vous devriez poser la question pour savoir comment on peut se retrouver sur ces listes», a-t-il dit.
Un ex-haut responsable des services secrets français a aussi fait part à La Presse de sa stupéfaction de voir des personnes liées à des États étrangers, en particulier l’Arabie saoudite – montrée du doigt pour son financement de la mouvance islamiste radicale -, obtenir un tel poste permettant l’accès aux plus grands secrets du Canada. «Vous plaisantez?», s’est-il exclamé.
L’histoire du CHUM
Octobre 2000
La ministre de la Santé de l’époque, Pauline Marois, annonce la construction de deux hôpitaux universitaires: le CHUM, au 6000, rue Saint-Denis, et le CUSM, sur le terrain de la gare de triage Glen.
Avril 2006
Après plusieurs revirements, le gouvernement annonce que le CHUM sera construit au centre-ville, en PPP (1,1 milliard). Ce mode de construction est aussi choisi pour le Centre de recherche du CHUM (CRCHUM, 320 millions).
Mai 2008
Lancement des appels de propositions pour la construction du CRCHUM en PPP.
Mars 2009
Lancement des appels de propositions pour la construction du CHUM en PPP.
Avril 2009
Le vérificateur général du Québec, Renaud Lachance, déclare que les coûts de construction des hôpitaux universitaires en PPP pourraient s’élever à 5,2 milliards plutôt qu’à 3,2 milliards. Monique Jérôme-Forget, présidente du Conseil du Trésor et grande partisane des PPP, quitte ses fonctions.
Juin 2009
L’Ordre des ingénieurs et l’Ordre des architectes du Québec déclarent que le PPP est un mode de réalisation inadéquat pour des projets complexes comme des hôpitaux universitaires. Le président de l’Agence des PPP, Pierre Lefebvre, démissionne.
Octobre 2009
Dépôt à Québec du projet de loi pour abolir l’Agence des PPP et créer Infrastructures Québec.
Novembre 2009
Un rapport de M. Lachance révèle que les analyses de l’Agence des PPP selon lesquelles la construction des CHU en PPP est préférable au mode traditionnel sont erronées. M. Lachance qualifie ces études d’«incomplètes» et de «peu fiables». Au même moment, le gouvernement revoit le mode de financement des projets de CHU en PPP. Alors que le privé devait au départ supporter 100% du financement, Québec accepte de payer à l’avance 45% du coût total, assumant ainsi une portion non négligeable des risques.
Janvier 2010
À la demande des consortiums soumissionnaires dans le projet du CRCHUM, le gouvernement augmente les limites budgétaires du projet à 470 millions. La même situation se produit au CUSM, dont les coûts sont portés à 1,343 milliard.
Mars 2010
Un des deux consortiums soumissionnaires dans le projet du CRCHUM se retire. Le manque de concurrence qui en découle est décrié. Quelques jours plus tard, le lancement de la construction du CRCHUM est annoncé. Le seul consortium restant remporte le contrat, et la construction du CRCHUM commence.
Décembre 2010
Québec annonce que, selon les experts, le PPP est préférable au mode traditionnel pour la construction du CHUM et permettrait même d’économiser 302 millions. Le gouvernement accepte de hausser les coûts de construction du CHUM, qui s’élèvent à ce jour à 2,089 milliards.
Février 2011
On apprend que l’autre consortium en lice, Accès Santé CHUM, a été écarté en raison de son montage financier qui ne respecterait pas le plafond fixé à 2,089 milliards. CHUM Collectif décroche le contrat. À Québec, le PQ flaire de la collusion. Mais il faudra attendre un rapport du vérificateur, en juin 2011, pour connaître les détails.
Dans le dossier du CHUM, le premier ministre Jean Charest ne pouvait pas encadrer et contenir la force et la puissance du ministre de la Santé d’alors, Philippe Couillard, appuyé de son ministère. Le ministre Couillard avait fait le plein des solidarités qu’il pouvait mobiliser au sein d’autres ministères et instances de la machine étatique et bureaucratique du gouvernement du Québec.
C’est sur un fond de tensions et de dissensions au niveau du pouvoir politique exécutif que se déploya la controverse publique portant sur cette décision majeure pour la collectivité: le choix du site du CHUM.
La controverse était importante, certes, et somme toute singulièrement atypique. Comme toutes les autres controverses, elle fut d’abord intense et mobilisa particulièrement plusieurs forces et groupes de la grande communauté montréalaise, qu’une profonde fracture séparait, quand cette division n’allait pas jusqu’à traverser un même milieu de cette communauté. Et l’un et l’autre camp s’adressaient, comme c’est le cas dans les controverses publiques classiques, au pouvoir politique exécutif pour que ce dernier tranche leurs différends et désaccords. Chaque camp croyait en toute bonne foi et en toute rationalité détenir la meilleure option, tout en rejetant ce que l’autre camp mettait de l’avant.
Mais cette image d’une sérieuse controverse est tronquée si l’on n’y ajoute pas ce qui la distingue. Cette controverse publique fut atypique en ce que les camps opposés s’adressaient à un pouvoir politique exécutif qui n’était pas complètement extérieur à eux, à leur logique et à leurs stratégies d’action, et qui était de surcroît, dans les circonstances, ni unifié ni solidaire dans l’exercice de la gouvernance politique.
Par ses propres tensions et dissensions internes, le pouvoir politique de l’époque affrontait fortement divisé l’importante prise de décision publique qu’il s’apprêtait à faire.
Dans le camp des artisans du projet de technopole sise à la gare d’Outremont, l’allié était, on le sait, le principal acteur du pouvoir politique exécutif du moment: le premier ministre lui-même. Mais dans la conjoncture politique de l’époque, la popularité du premier ministre et de son gouvernement ne lui donnait pratiquement aucune marge de manoeuvre. Fréquemment pris personnellement à partie dans les dossiers politiques de l’heure que traitait l’équipe gouvernementale, et fortement embarrassé par la querelle relative aux subventions majorées potentiellement accordées aux écoles juives qui faisait soudainement surface dans l’actualité, le premier ministre n’avait ni la force ni la légitimité voulues pour amener le ministre de la Santé à pencher vers les choix qu’il estimait être ceux que devait faire le gouvernement du Québec. Et même s’il caressait alors, selon des sources fiables, le projet d’écarter de son cabinet un ministre de la Santé auquel il s’opposait sur cette question, le premier ministre n’avait pas l’autorité requise à ce moment pour poser un tel geste.
Le premier ministre ne pouvait donc pas encadrer et contenir la force et la puissance du ministre de la Santé appuyé de son ministère. Le ministre Couillard avait fait le plein des solidarités qu’il pouvait mobiliser au sein d’autres ministères et instances de la machine étatique et bureaucratique du gouvernement du Québec. Qui plus est, il était, on ne sait trop pourquoi, un adversaire acharné du projet d’une technopole de la santé et du savoir située sur le site Outremont.
Au sein du pouvoir politique exécutif, le ministre de la Santé et son entourage étaient donc les puissants alliés du camp favorisant le projet du 1000 Saint-Denis. On ne peut comprendre comment la controverse a évolué si on néglige les interventions et l’influence du ministre de la Santé lui-même, de son ministère, extrêmement interventionniste dans le quotidien et les menus détails de ce dossier, et de leurs alliés clés, en fait leurs subordonnés, les instances de gouvernance et de direction du CHUM.
L’Université de Montréal, à mesure que la controverse publique prenait de l’importance, était de plus en plus déconcertée. Elle n’avait pas prévu son déroulement, son ampleur et sa singularité. L’Université continuait à mener un débat d’idées et de concepts dans un monde où la rationalité lui semblait, en toute logique, devoir ultimement triompher. Mais, sur le terrain des médias, de l’opinion publique et des prises de position qui occupaient la sphère publique, la préférence était nettement accordée aux images porteuses, aux symboles, aux déclarations-chocs qui visent à atteindre l’émotion et la sensibilité. Bref, on penchait pour tout ce qui nourrit plus facilement les motivations idéologiques que les raisonnements sophistiqués et bien documentés.
L’Université était appelée à exceller dans un monde qui n’était pas le sien, et il est clair qu’elle n’y faisait pas bonne figure. Elle ne parvenait pas à maîtriser suffisamment cet univers pour y faire valoir son point de vue avec l’efficacité et la crédibilité voulues
Une victoire politique à court terme
Cette victoire de Philippe Couillard et de ses hauts fonctionnaires ne conduisit pas seulement au gâchis que nous avons décrit. Elle tua aussi une occasion unique de donner à la population montréalaise et québécoise un établissement hospitalier mettant à profit, pour ses missions de soins et de formation, la présence sur son site des facultés des sciences de la santé de l’Université de Montréal. Elle priva aussi la plus grande université québécoise et la société qu’elle dessert d’une technopole de la santé et du savoir de calibre international.
Tous les ingrédients étaient là pour faire de ce projet un succès. Les médecins et les chercheurs y adhéraient avec enthousiasme. Toutes les instances de l’Université de Montréal l’appuyaient avec une unanimité jamais vue. Les facultés de la santé de l’Université avaient toutes été intimement impliquées dans l’élaboration de ce projet. Les secteurs pharmaceutique et biotechnologique montréalais le voyaient comme un catalyseur des développements présents et futurs.
Les promoteurs de «Montréal, ville de savoir» ne pouvaient que rêver de ce développement majeur. Le milieu des affaires, sur lequel on comptait pour une partie importante du financement, avait déjà donné son adhésion publiquement.
Tout cela dans un contexte où l’on pouvait donner aux malades exigeant des soins hautement spécialisés, propres aux hôpitaux universitaires, une qualité de soins de calibre international. Les bureaucrates de Québec et le ministre Couillard ne pouvaient accepter que l’Université de Montréal soit l’initiatrice de ce grand projet. Comme ce fut le cas pour les quatre autres projets d’hôpital universitaire qui avaient été conçus au cours des dernières décennies par ce grand établissement francophone, Québec refusa le projet de technopole de la santé et du savoir qu’il avait mis de l’avant.
On constate présentement une très grande morosité au sein des médecins et des chercheurs du CHUM. Une infime minorité d’entre eux s’intéresse encore au projet en cours. Il ne semble pas facile non plus de mobiliser les forces vives de l’Université de Montréal autour d’un projet qu’on lui a imposé au détriment du sien. Le milieu des affaires semble peu enthousiaste et, malgré les interventions répétées de Philippe Couillard du temps où il était encore ministre, la Fondation du CHUM n’est toujours pas arrivée à convaincre un poids lourd du milieu des affaires de prendre la présidence d’une grande campagne de financement. On est bien loin de la prévision de Philippe Couillard selon laquelle tous se rallieraient à sa décision lorsqu’ils comprendraient qu’elle est définitive.
En somme, les fruits d’une victoire politique à court terme sont de plus en plus amers, et ils ne seront jamais mangés par ceux qui les ont engendrés.
* M. Lacroix a été recteur de l’Université de Montréal de 1998 à 2005. M. Maheu a représenté l’UdeM au conseil d’administration du CHUM. Ce texte est extrait du livre «Le CHUM: Une tragédie québécoise», publié par les Éditions du Boréal. L’ouvrage sera en librairie la semaine prochaine.
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Le PLQ, «une machine à ramasser de l’argent», selon son ex-président
(18 novembre 2010)
La pétition réclamant la démission de Jean Charest a atteint les 167 000 signatures au moment d’écrire ces lignes.
Québec — Il faut une enquête publique sur la construction, «on est rendus là», a confié au Devoir l’ancien député libéral d’Orford de 1989 à 2003, Robert Benoît, qui a aussi été président du PLQ, un parti devenu selon lui une «machine à ramasser de l’argent».
«Quand 100 % des gens demandent quelque chose dans une société, incluant la police, c’est parce qu’on est rendus là», a-t-il soutenu. M. Benoît, 66 ans, actuellement conseiller municipal à Austin, en Estrie, dit ne pas être surpris que le «niveau de frustration monte» et qu’il s’exprime en masse dans une pétition réclamant la démission de Jean Charest (qui a atteint les 167 000 signatures au moment d’écrire ces lignes). De plus, l’ancien député trouve «absolument aberrant» que personne n’ait appuyé la proposition du militant libéral Martin Drapeau la fin de semaine dernière, au conseil général du PLQ à Lévis. M. Drapeau a proposé aux quelque 500 militants libéraux présents une résolution réclamant le déclenchement d’une enquête publique sur le secteur de la construction et des contrats publics. Elle n’a pas été discutée faute de coproposeur.
Dans une formation politique, on «devrait être capable de discuter, de partager des idées, d’essayer de les faire évoluer et ce n’est pas du tout ce qui se passe en ce moment [au PLQ]. C’est devenu une machine à ramasser de l’argent. Ça, j’ai de la misère avec ça», a-t-il déploré. Un parti politique, selon lui, devrait plutôt être une «machine à développer des idées, à penser, à regarder par en avant. [...] Et ensuite, tu ramasses de l’argent et tu gagnes l’élection».
Au sujet de l’enquête publique elle-même, M. Benoît dit avoir eu «ses réticences» pendant longtemps. Il estimait dans un premier temps que Jean Charest faisait bien de regarder au-delà des sondages et «d’assumer ses responsabilités». Plus que la volte-face de la FTQ, ce sont les appuis, venus de policiers, à la tenue d’une commission qui l’ont fait changer d’avis. D’abord le syndicat de la SQ et son président, Jean-Guy Dagenais, mais surtout l’inspecteur Denis Morin, de l’escouade Marteau, qui a affirmé la semaine dernière, à l’émission Mongrain, qu’une enquête publique ne nuirait pas à son travail. D’autres policiers ont aussi affirmé qu’une commission aiderait les enquêtes policières et c’est ce qui a rallié M. Benoît.
La fêlure d’Orford
L’ancien député a eu maille à partir avec le gouvernement Charest depuis 2006. Avec son épouse Gisèle Lacasse (militante libérale de longue date), ils ont lancé et animé un petit groupe de farouches opposants au controversé projet de privatisation partielle du parc du Mont-Orford. Début septembre, S.O.S. Orford se sabordait en «criant victoire» (comme l’a écrit La Tribune): l’adoption de la loi 90, plus tôt cette année, scellait le retour des 459 hectares qui avaient été arrachés au parc national il y a plus de quatre ans par la loi 23, adoptée sous bâillon.
Depuis les durs mois qui ont précédé l’adoption de la loi 23, le couple Benoît-Lacasse n’a pas remis les pieds dans un conseil général du PLQ. M. Benoît se souvient qu’à l’époque, peu avant un important conseil général devant avoir lieu à Trois-Rivières, les autorités du parti lui téléphonaient «deux fois par jour» pour savoir s’il allait se présenter à la réunion partisane. «On m’a avisé que M. Béchard [présenterait son projet] et que ça finirait là, sans discussion. Je me suis dit: « Ben je n’ai pas d’affaire là, moi. Si je ne peux pas donner mon point de vue, je vais l’écouter à la télévision, point à la ligne ».»
Gisèle Lacasse rappelle au Devoir que le débat d’Orford a été d’autant plus difficile que «c’était tous nos amis», au premier chef Claude Béchard. Le ministre décédé début septembre et Robert Benoît ont longtemps été voisins de pupitre au Salon bleu, du temps de l’opposition. M. Benoît lui a d’ailleurs rendu un hommage senti en septembre. Autre amie du couple: Line Beauchamp, qui fut la ministre de l’Environnement qui annula la vente du Mont-Orford.
30 ans de Paradis
Mme Lacasse a fait ses premières armes au PLQ en 1980, lors du référendum. À l’automne de la même année, elle s’engageait à fond dans la première campagne de Pierre Paradis, lors d’une élection partielle. «J’ai remonté toute la structure électorale du comté de Brome-Missisquoi avant que Pierre n’arrive. [...] Je faisais ses campagnes de financement également: mais moi, c’était un ticket à la fois… Je n’avais rien à vendre, pas d’entreprise», note-t-elle au passage. Le 30e anniversaire de l’élection de Pierre Paradis — qui a été systématiquement exclu du Conseil des ministres depuis sept ans — a d’ailleurs été souligné hier au Salon bleu… par une motion présentée par le péquiste Étienne-Alexis Boucher (Johnson), à la surprise du député Paradis.
«J’ai milité pendant 25 ans dans ce parti-là et j’y suis très attachée», a confié Mme Lacasse. «Mais j’en suis très déçue actuellement. Énormément. Je ne reconnais plus mon parti. Je ne reconnais plus mon parti», répète-t-elle, soutenant que les années Ryan et Bourassa semblent très loin.
Outre la mauvaise gestion du dossier Mont-Orford, Mme Lacasse déplore le peu de débats au PLQ. Elle évoque «plusieurs autres dossiers», dont le refus d’une commission d’enquête sur la construction. Autre élément: «Prenez le BAPE [Bureau d'audiences publiques sur l'environnement], il me semble qu’avant, c’était une instance beaucoup plus indépendante, solide.» Or, rappelle-t-elle, le programme électoral de 2003 promettait l’inverse. D’ailleurs, Robert Benoît — qui avait été critique en matière d’environnement dans l’opposition — avait contribué à le rédiger. Le PLQ promettait de «raffermir le rôle des services d’enquêtes du ministère de l’Environnement et du BAPE afin de protéger le lien de confiance entre ces institutions et les citoyens». Un engagement électoral «qui n’a pas été maintenu à mon avis», juge Mme Lacasse.
Malgré tout, ajoute cette dernière, «il n’est pas dit qu’on ne reviendra pas au parti… Peut-être quand il y aura du changement…» Autrement dit, quand le PLQ aura changé de chef? «Je me bornerai à dire: « quand il y aura des changements au sein de notre parti »…»
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(17 mars 2009)
Philippe Couillard et l’éthique
Une petite question suite au bref rapport du commissaire au lobbyisme concluant que la firme d’investissement en services de santé privés Persistence Capital Partners pour laquelle l’ancien ministre de la Santé, Philippe Couillard, est allé travailler dès son départ hâtif du gouvernement, n’aurait exercé aucune pression pour favoriser l’adoption par ce même ministre d’une loi bénéficiant ce même secteur privé :
À quoi ça sert d’avoir un commissaire au lobbyisme s’il nous dit lui-même que ça prendrait un commissaire à l’éthique pour enquêter sur le comportement des élus eux-mêmes dans de possibles conflits d’intérêts entre eux et lobbyistes, dont certains sont parfois même des employeurs potentiels pour ces premiers? Pensons seulement aux questions analogues soulevées par quelques cas récents à la Ville de Montréal, où d’anciens élus ou hauts-fonctionnaires sont passés à la vitesse de l’éclair à des firmes d’ingénieurs ou de contracteurs faisant des affaires d’or avec la même ville.
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De retour à l’affaire Couillard. Pour fin de mémoire – et il est très important ici de comprendre la genèse de la loi québécoise sur le lobbyisme – on se souviendra que le poste de commissaire au lobbyisme fut créé en 2002, un peu à la va-comme-je-te-pousse.
C’est-à-dire, essentiellement pour répondre à la tempête politique ayant découlé de l’«affaire Oxygène 9», une firme proche de certains ministres du PQ, dont avait fait partie le directeur général du PQ à l’époque, et alors soupçonnée d’avoir tiré profit de ses liens privilégiés. Ayant voulu expédier le tout le plus rapidement possible, le gouvernement Landry a adopté une loi créant un poste de commissaire au lobbyisme. Cherchant surtout à contrôler le dommage politique causé par l’affaire Oxygène 9, les coins de cette loi ont été tournés un peu rond. Le gouvernement s’est aussi assuré que cette loi n’importunerait pas trop les élus. Bref, à la décharge du commissaire au lobbyisme, le vrai problème est que l’économie générale de la loi a été pensée sur mesure afin de jeter les projecteurs sur les lobbyistes, et non sur les élus et leur éthique. Bref, on diraiit bien un tigre de papier.
À preuve: même si le commissaire au lobbyisme a beau nous apprendre que contrairement à ce que Philippe Couillard avait affirmé publiquement, il aurait bel et bien rencontré les patrons de Persistence Capital Partners alors qu’il était toujours ministre, et discuté de son «avenir», cela ne relève pas de son mandat, tel que dicté par la loi.
Tenez. Une bonne idée pour Jean Charest: amender cette loi pour qu’elle couvre AUSSI le comportement des élus vis-à-vis des lobbyistes pendant qu’ils sont en poste! Ou, créer un poste de commissaire à l’éthique. Mais nommé par les deux tiers de l’Assemblée nationale. Pas comme pour le nouveau PDG de la Caisse de dépôt et placement, téléguidé par le bureau du PM…
Mais ne retenez pas trop votre souffle…
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Pour une analyse universitaire solide de l’affaire Oxygène 9, ses retombées politiques et les lacunes de la législation sur le lobbyisme qui en a découlé, voir:
http://www.usherbrooke.ca/cirea/documentation/docu_pdf/notes_recherches_enap/scandale_oxygene9.pdf
Encore une fois, une de ces lacunes est qu’elle concerne surtout les lobbyistes eux-mêmes, ne touchant les élus et le personnel politique qu’après leur sortie de politique.
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Voir le reportage sur cyberpresse:
Et en voici le texte:
Au cours des mois précédant son départ de la vie politique le 25 juin 2008, Philippe Couillard a rencontré à quatre reprises les représentants du fonds d’investissement privé en santé Persistence Capital Partners (PCP), son futur employeur. PCP n’a toutefois commis aucune infraction à la loi sur le lobbyisme dans le cadre de ces échanges.
C’est ce que conclut le commissaire au lobbyisme, André C. Côté, dans un rapport rendu public ce matin. Le commissaire n’a toutefois pas fait enquête sur les agissements de l’ex-ministre, puisque son mandat ne le lui permet pas. Seul un commissaire à l’éthique, un poste qui n’existe pas à Québec, aurait pu le faire.«Il est essentiel d’affirmer que le Commissaire au lobbyisme n’a pas pour mandat d’évaluer la conduite de M. Couillard ni de déterminer si en initiant des démarches qui l’ont conduit à rencontre MM Sheldon et Stuart M. Elman (de PCP) entre mars et mai 2008 pour discuter d’une éventuelle association, il se plaçait dans une situation pouvant comporter des éléments de conflits d’intérêts ou de conflits de rôles, par rapport à sa charge et à certaines décisions qu’il devait prendre» (…) au sujet des cliniques privées, indique M. Côté dans son rapport.
Quelques jours avant de quitter la politique, Philippe Couillard a signé deux décrets favorables aux cliniques privées, l’un précisant la cinquantaine de traitements médicaux pouvant y être dispensés et l’autre visant à réduire le coût de leur permis d’exploitation. Mais selon le commissaire, PCP, propriétaire des cliniques privées Medisys, n’a pas tenté de faire pression sur M. Couillard pour qu’il signe ces deux règlements.
«Rien ne permet de douter de la véracité de l’affirmation faite par M. Couillard que tout au plus des considérations à portée générale sur les systèmes de santé au plan canadien et international ont pu être évoqués» lors des quatre rencontres entre le 17 mars et le 17 mai.
En entrevue à La Presse le 20 août 2008, quelques jours après son passage chez PCP, M. Couillard reconnaissait qu’il avait eu des contacts avec son futur employeur lorsqu’il était ministre. «On a eu des rencontres, uniquement des conversations générales. Dans les quelques jours qui ont précédé ma démission, il est devenu apparent qu’on pouvait envisager une collaboration professionnelle, mais ça s’est concrétisé après le 25 juin», avait-il dit.
Le commissaire révèle toutefois que dès le 17 mai, un peu plus d’un mois avant sa démission, Philippe Couillard a signé un «protocole d’entente» avec PCP «fixant les conditions de rémunération et d’autres considérations matérielles». «Le même soir, M. Couillard et Stuart Elman se rencontraient pour un souper, auquel participaient leurs conjointes, dans un restaurant de Montréal», indique André C. Côté. M. Couillard a ensuite confié le mandat à ses procureurs de finaliser la négociation et de rédiger un contrat formel.
PROMESSE ÉLECTORALE DE MICHEL DUCHAINE:
Si un jour je deviens premier ministre du Québec,je ferai bannir le Parti libéral du Québec en tant qu’association de malfaiteurs.Je ferai arrêter ses dirigeants et un énorme procès s’ensuivra après avoir sasi tous leurs biens.
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