Couillard «n’a plus le droit à l’erreur»

Son ancien député Gilles Ouimet critique notamment sa gestion de l’affaire Hamad et de la crise au MTQ

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Règlement de comptes






Le premier ministre Philippe Couillard a mal géré des crises éthiques comme l’affaire Sam Hamad, les irrégularités au ministère des Transports et les gaffes de l’ex-ministre Yves Bolduc. C’est ce qu’affirme l’ex-député libéral Gilles Ouimet, qui a porté les couleurs libérales dans Fabre (à Laval) de 2012 à 2015.




Les libéraux ont vécu un printemps houleux avec les accusations déposées contre Nathalie Normandeau et la tourmente dans laquelle a été plongé Sam Hamad, qui aurait bafoué le code d'éthique des parlementaires dans l’octroi d’une subvention à l'entreprise Premier Tech. Êtes-vous déçu de votre ancien parti ?




Ce n’est pas que mon ancien parti me déçoit. C’est que moi, comme citoyen, je suis déçu que le respect profond des valeurs éthiques de l’Assemblée nationale ne soit pas encore acquis. Comme élu, il faut avoir à cœur le respect du code d’éthique. Sinon, ça vient ébranler le lien de confiance avec la population. Je crois que, comme dirigeants, comme élus, il faut avoir des standards élevés. C’est fondamental. Plus particulièrement, dans la situation où se trouve le gouvernement libéral et l’état de cynisme avancé de la population, il faut être encore plus prudent dans les questions d’éthique.




Croyez-vous que la pente sera difficile à remonter pour le premier ministre Couillard à la prochaine session parlementaire ?




M. Couillard est dans une situation difficile à cause du passé, de la façon dont il a géré certaines crises. L’affaire Bolduc, l’affaire Hamad, la question du ministère des Transports: l’accumulation de tout cela, depuis deux ans, fait en sorte qu’il n’a plus le droit à l’erreur en matière d’éthique. À cause du contexte, il n’a pas de marge de manœuvre. [...] On ne peut certes pas lui reprocher les fautes du passé. M. Hamad est un cas différent, il faisait partie de son gouvernement. J’ai confiance en M. Couillard. Mais je constate aussi qu’il a pris des décisions qui n’étaient pas toujours les meilleures. [...] Plus globalement, cela touche aussi tous les partis. La récréation est terminée.




Que pensez-vous du travail du commissaire à l’éthique ?




On s’est doté d’un outil formidable avec le commissaire à l’éthique. Malheureusement, le premier commissaire qui a occupé cette fonction n’a pas donné le ton. Collectivement, on aurait pu bénéficier d’une approche plus vigoureuse de sa part. Ça, c’est ma principale déception. [Dans le cas de M. Hamad], il a conclu qu’il y avait eu un manquement, mais il n’a pas jugé opportun de recommander une sanction. Pas même une réprimande! Il a fait cela dans tous ses dossiers, d’ailleurs.




Vous siégez au comité de suivi des recommandations du rapport de la commission Charbonneau. Croyez-vous que le gouvernement a été assez proactif jusqu’à maintenant ?




Le comité va rendre son rapport, à l’automne, sur l’état réel du suivi des recommandations. Mais on peut déjà constater que, depuis le mois d’avril, le gouvernement a été actif. Plusieurs projets de loi ont été déposés et il y a eu une amorce de manœuvre sur plusieurs recommandations. Est-ce que ça ira jusqu’au bout? Ça reste à voir. Je souligne le mois d’avril comme le moment où le gouvernement a commencé à agir. Le comité de suivi a été lancé à la mi-avril. Disons qu’il peut y avoir une coïncidence entre les deux.




Plusieurs rumeurs ont circulé lors de votre démission, suivant lesquelles vous quittiez la vie politique parce que vous n’aviez pas été nommé ministre de la Justice. Était-ce le cas ?




Je crois sincèrement que si j’avais été nommé ministre, j’aurais tout de même démissionné en août 2015. J’ai dû partir pour des raisons familiales. Je n’ai pas été fâché (de ne pas avoir été nommé ministre). C’est la prérogative du premier ministre, de choisir son équipe. Mais c’est certain que tout le monde me parlait de ça avant l’élection de 2014. Quand tout le monde vous en parle, à un moment donné, vous considérez ça comme une réelle possibilité. C’est évident que j’aurais aimé ça [...] Les critiques à l’égard des députés démissionnaires m’ont affecté beaucoup. La démission est un geste grave que je n’ai pas posé à la légère. J’ai eu un deuil à faire, car j’ai adoré servir comme député. Ça m’a pris quelques mois avant de me replacer dans ma tête, avant d’être apte à reprendre la pratique du droit.


 





Gilles Ouimet





  • 54 ans





  • Avocat au cabinet Bélanger Longtin





  • Bâtonnier de Montréal en 2007-2008 et bâtonnier du Québec en 2010-2011





  • Député de Fabre de 2012 à 2015




Ce qu’il a aimé le plus en politique :


« Le rôle de parlementaire. C’était un privilège incroyable d’avoir un siège au salon bleu de l’Assemblée nationale. »




Ce qu’il a détesté :




« Le financement politique. L’aspect que “tout le monde déteste” en politique. »




Le pire moment :




« Démissionner. C’est un échec personnel. »




Un moment marquant :




« Le débat et le vote sur le projet de loi sur les soins de fin de vie. »




Un retour à la vie politique ?




« Mon sevrage n’est pas complété. Je ne suis pas capable de ­dire que c’est impossible. »




 




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