La course à la succession de Pierre Karl Péladeau est officiellement lancée et les cinq candidats qui aspirent à trôner à la tête du Parti québécois auront fort à faire pour sortir les militants de la torpeur estivale, croient des analystes politiques.
Ces prochaines semaines, Alexandre Cloutier, Véronique Hivon, Martine Ouellet, Jean-François Lisée et Paul St-Pierre Plamondon sillonneront le Québec pour convaincre les troupes péquistes de leur accorder leur confiance.
Ils auront jusqu’au 5 octobre pour récolter des appuis, date à laquelle commencera le vote qui s’échelonnera sur deux jours.
Le scrutin, par internet et au téléphone, sera de type «préférentiel». Les électeurs devront inscrire le nom de trois candidats sur leur bulletin de vote.
Les aspirants ayant obtenu le moins de voix seront mis de côté tour à tour, pour un maximum de trois rondes.
5000 nouveaux membres
Actuellement, le PQ compte près de 80 000 membres. Selon le président du parti, Raymond Archambault, de 4000 à 5000 nouveaux adhérents se sont ajoutés en juin, un phénomène qui se produit régulièrement lors des courses à la chefferie.
Il sera possible de devenir membre et donc de participer au vote jusqu’au 7 septembre.
Les cinq candidats officiels ont tous rempli les différentes conditions pour être éligibles, a confirmé le parti lundi, dont la remise d’un chèque de 10 000 $ pour couvrir les frais d’élection. Un second chèque du même montant devra être remis d’ici la fin de la course.
Manque d’éclat ?
Pour le politicologue Emmanuel Choquette, cette course au leadership ne risque pas de faire courir les foules cet été. «Les gens ne s’intéressent pas à la politique l’été, d’autant plus que les courses à la chefferie ne soulèvent généralement pas les passions. Surtout à deux ans d’une élection», dit-il.
Le chargé de cours en politique André Lamoureux croit pour sa part que l’absence de «candidats de grande prestance» nuira aussi à l’intérêt de la course.
«Ça manque d’éclat. On ne retrouve pas de grands candidats comme Lucien Bouchard, René Lévesque ou Jacques Parizeau. On remarque toutefois un changement d’orientation. Plusieurs candidats, comme M. Cloutier et Mme Hivon, semblent miser sur la convergence et la recherche d’alliances au sein du parti», dit-il.
L’ancien chef Pierre Karl Péladeau a démissionné de ses fonctions en mai dernier, un peu plus d’un an après avoir été élu à la tête du parti avec plus de 50 % des voix.
Jean-François Lisée
L’expérimenté modéré
- Ancien chroniqueur et conseiller politique, député de Rosemont
- Ministre des Relations internationales de 2012 à 2014
- A annoncé qu’il offrirait à Pierre Karl Péladeau d’être son conseiller économique s’il devenait chef. Ne compte pas tenir de référendum sur la souveraineté avant 2022.
Ses avantages
«Ses positions sur plusieurs dossiers sont très réalistes, notamment sur la question de la souveraineté. Il est aussi créatif en matière de gouvernance»
– André Lamoureux, chargé de cours en politique à l’UQAM
Ses faiblesses
«Il a de la difficulté à se défaire de son image d’intellectuel déconnecté de la population. Aussi, c’est un homme très polarisant au sein des troupes péquistes»
–Emmanuel Choquette, chargé de cours à l’Université de Sherbrooke
Véronique Hivon
L’étoile montante
- Avocate et députée de Joliette
- Reconnue pour son implication dans le projet de loi sur les soins de fin de vie
- Ne veut pas s’engager sur un calendrier référendaire à ce stade. Vise à ce que le Québec soit carboneutre d’ici 2050.
Ses avantages
«C’est une députée assez populaire dans la population. Elle a très bien fait dans le projet sur l’aide médicale à mourir. Son image est assez positive»
– André Lamoureux
Ses faiblesses
«Elle doit réussir à se faire connaître davantage hors des cercles péquistes et à promouvoir ses idées. Elle mise beaucoup sur l’image du renouveau politique, mais c’est un gros mandat à incarner. Aussi, son agenda référendaire est flou»
– Emmanuel Choquette
Martine Ouellet
La militante
- Ingénieure en mécanique et députée de Vachon
- Ministre des Ressources naturelles de 2010 à 2014
- Se dit prête à tenir un référendum sur la souveraineté dès un premier mandat et s’engage à promouvoir l’indépendance à l’étranger.
Ses avantages
«Comme elle s’affiche comme une souverainiste pressée, elle rejoindra certainement les militants péquistes de la première heure avec son agenda référendaire»
– Emmanuel Choquette
Ses faiblesses
«Par contre, sa volonté de tenir un référendum le plus rapidement possible est une position qui ne ralliera pas la majorité de la population. Cela risque de lui nuire»
– André Lamoureux
Paul St-Pierre-Plamondon
Le nouveau venu
- Avocat, chroniqueur et auteur de l’essai Les orphelins politiques
- N’a jamais siégé comme député et n’est pas un militant de longue date du PQ
- Promet de reconnecter les électeurs avec le PQ et de ne pas tenir de référendum dans un premier mandat.
Ses avantages
«Il veut incarner la jeunesse, la voix de la génération Y et rétablir les ponts avec la population. Son avantage, c’est le changement. Il n’a rien à perdre»
–Emmanuel Choquette
Ses faiblesses
«Il n’est pas connu et son inexpérience en politique risque d’être problématique»
–Emmanuel Choquette
Alexandre Cloutier
Le meneur
- Avocat et député de Lac-Saint-Jean
- Est devenu le plus jeune ministre du gouvernement du Québec en 2012
- S’est engagé à fournir les fournitures scolaires à tous les enfants de la province s’il est élu et à prendre position sur la tenue d’un référendum sur la souveraineté avant 2018.
Ses avantages
«Il est soutenu par un grand nombre de députés au sein du parti. Il est populaire et a une belle prestance. C’est un peu le Justin Trudeau du PQ»
– André Lamoureux
Ses faiblesses
«Il manque de clarté sur la question nationale. Ça semble pénible pour lui de préciser un agenda clair. C’est un écueil qui le guette, comme d’autres candidats dans cette course»
– Emmanuel Choquette
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