Congrès du PLQ - Un léger suspense à défaut d’enthousiasme

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PLQ : Un horizon bouché à perte de vue

Même si la course à la chefferie du Parti libéral du Québec n’a guère soulevé d’enthousiasme même chez les militants libéraux, un certain suspense plane sur le congrès qui se conclura dimanche par l’élection du nouveau chef. Philippe Couillard réussira-t-il à l’emporter dès le premier tour ? L’effet Porter sera-t-il suffisamment dévastateur pour déjouer les pronostics et permettre à Raymond Bachand ou même au négligé Pierre Moreau de remporter la victoire ? Chose certaine, les couteaux ont volé bas en toute fin de course.
Dans le camp de Philippe Couillard, on parle « d’une campagne organisée de dénigrement à son endroit ». Mais on se montre philosophe : dans toutes les courses à la chefferie, les meneurs, que ce soit Thomas Mulcair au Nouveau Parti démocratique ou Barack Obama lors des primaires américaines, ont dû essuyer des attaques personnelles. Évidemment, on se targue de ne pas avoir répliqué alors que les munitions étaient à portée de main.
On dit souvent qu’une image vaut mille mots. Publiée dans La Presse vendredi, une photo nous montre Philippe Couillard, lors de la fameuse partie de pêche au Nouveau-Brunswick en 2006, entouré de huit hommes, dont Arthur Porter et l’avocat Marc Dorion, un spécialiste des partenariats public-privé (PPP), qui deviendra un an plus tard conseiller juridique du consortium dirigé par SNC-Lavalin et chargé de la construction du nouveau Centre universitaire de santé McGill (CUSM). Un autre article démontre que c’est Arthur Porter qui a permis à Philippe Couillard de siéger au Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité (CSARS), comité dont Arthur Porter assumait la présidence. Philippe Couillard avait soutenu qu’il était peu probable que son ami ait quelque chose à voir avec sa nomination faite par le Conseil privé.
Dans le camp Moreau, on reproche à Philippe Couillard de ne pas avoir été clair quant à la nature de ses liens avec Arthur Porter, accusé aujourd’hui de fraude. Était-il une simple connaissance, une bonne connaissance ou un très grand ami, comme le meneur l’a qualifié au fil du temps ?
Il s’agit évidemment d’une culpabilité par association. Mais dans le camp Moreau, tout en jurant de la probité de Philippe Couillard, on rappelle aux délégués libéraux que, s’il est élu chef, ils devront expliquer inlassablement aux prochaines élections dans leur porte-à-porte ce que leur chef faisait avec un présumé fraudeur.
« Il est clair que le Québécois, il veut des gens intègres, avance Raymond Bachand sur un mode allusif. Ça va être, dans les prochaines années, important pour tous les partis politiques, pour tous les leaderships de partis politiques. » Un peu plus subtil, mais tout aussi offensif.

Le pouvoir
Il faut dire qu’à la lecture du dernier sondage Léger Marketing, les délégués, s’ils suivent leur inclination libérale, choisiront Philippe Couillard, qui apparaît nettement comme celui qui est le plus à même de remporter les prochaines élections. Le Parti libéral est avant tout un parti de pouvoir.
Pierre Moreau soutient que 33 % des délégués l’appuient. Raymond Bachand affirme qu’il détient une nette avance sur celui-ci. Dans le camp Couillard, on a laissé échapper que 1200 délégués étaient derrière le candidat. En tout, un maximum de 2600 délégués pourront voter dimanche. Chose certaine, Philippe Couillard domine le peloton. Son organisation dispose de moyens suffisants pour transporter et loger les délégués qui proviennent des circonscriptions éloignées de Montréal, là où il jouit de beaucoup d’appuis, a-t-on assuré.
Cette semaine, en fin de parcours, Raymond Bachand a envoyé un courriel à tous les délégués pour leur rappeler que, dans l’isoloir, ils peuvent voter pour bon leur semble, quelle que soit leur allégeance déclarée. C’est évidemment une admission de sa part qu’il tire de l’arrière. Le candidat compte sur le fait que les délégués alliés à Couillard puissent changer d’idée.
Sans vouloir parler d’une alliance formelle, Raymond Bachand et Pierre Moreau ont préparé leur deuxième tour. Ils ont rencontré les députés qui ont prêté allégeance à leur rival afin de s’assurer de leur appui au deuxième tour si leur candidat subissait l’élimination.
Une alliance Bachand-Moreau va de soi. Sans cette alliance, aussi bien dire que Philippe Couillard a déjà gagné. Encore faut-il que les délégués suivent le mot d’ordre du candidat qui tirera sa révérence. Dans l’éventualité d’un deuxième tour, deux possibilités sont envisageables. La première, c’est que Philippe Couillard ne soit qu’à quels points de la majorité des voix, à 47 % ou 48 % par exemple : il continuera sans doute sur sa lancée au deuxième tour. L’autre possibilité, c’est que le meneur fasse un score en deçà des attentes, à 40 % ou 41 % par exemple. Un doute pourrait alors s’installer dans l’esprit des délégués. C’est le seul scénario où Raymond Bachand, par exemple, pourrait créer la surprise.
Pour le PLQ, il s’agit de la septième course à la chefferie de son histoire, rappelle l’historien Michel Lévesque. Vingt candidats seulement se sont affrontés. Dans tous les cas, le candidat qui possédait la caisse la mieux pourvue a gagné. Avantage Couillard. En revanche, aucun candidat qui avait manqué de loyauté envers le chef sortant n’a été choisi. Un point pour Raymond Bachand et Pierre Moreau.
En outre, les candidats qui se sont présentés comme de bons soldats, les hommes de parti, ont été laissés de côté, souligne Michel Lévesque, ce qui n’augure rien de bon pour Pierre Moreau. Les candidats les plus nationalistes n’ont jamais remporté les grands honneurs, relève-t-il aussi. Or c’est une carte que se plaît à brandir Raymond Bachand.
En fin de course, Raymond Bachand s’est présenté comme celui qui était le mieux placé pour refaire l’unité au sein du caucus puisque, des 39 députés qui ont déclaré leur allégeance, y compris les candidats - les députés qui occupent une fonction parlementaire ont un devoir de réserve -, 70 % proviennent des clans Bachand et Moreau. Pierre Moreau pourrait dire la même chose. Mais gageons que, devant un gouvernement minoritaire aux pieds d’argile, les libéraux flaireront l’odeur du pouvoir dont les effluves commanderont sans aucun doute leur ralliement.


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