Claude Morin : le traître, l’infâme, le salaud...

Tribune libre 2011


S’il y a une personne sur qui on frappe allègrement au PQ, c’est Claude Morin. Vous savez celui à qui des fonctionnaires fédérastes (restons dans le ton) ont transmis le plan diabolique de faire élire le PQ en 1976 pour qu’il perde le référendum en 1980! Et oui! C’est lui!
Qu’importe si, en fait, dès lors, c’était la panique dans le camp fédéral. Que les journaux et les débats intellectuels étaient pleins de savantes analyses ou discours prouvant noir sur blanc (il n’y avait pas d’imprimante couleur à ce moment) qu’un référendum était impossible en droit parlementaire britannique, que c’était une bébelle municipale, hop Morin est coupable. Que le Canada ait tenu le premier en 1898 et d’autres après n’étaient pas de même nature.
Le discours officiel était : « Les référendums cadrent mal avec les traditions du parlementarisme britannique et, par nature, polarisent et enflamment les opinions», selon la version de l’encyclopédie canadienne officielle. Le tout rédigé par le très objectif Vincent Lemieux. French et Anglais versions pareilles.
Soyons honnêtes un peu. Le PQ s’est fait laver en 70, écraser en 73, Morin et Lévesque embarquent dans le référendum en 74 et le PQ se fait élire en 76. Complot fédéral!
***
Est-ce qu’en 2011, la démarche de Claude Morin est la bonne? Je crois que c’est discutable. Ce n’est pas ce que je préconiserais. Mais son analyse est juste, n’en déplaise à plusieurs. Que les solutions qu’il propose soient dans la continuité de sa démarche est indiscutable. Mais on ne peut d’un côté clamer s’être fait voler le dernier référendum, donc admettre que c’est la voie que l’on privilégie et qui est acceptée par les Québécois, et de l’autre dire que les référendums sont des instruments du diable.
Donc l’homme à la pipe doit constamment se défendre d’avoir été stupide durant une période de temps, disons que participer à ce qu’il a fait –seul- n’est pas de la plus grande intelligence. S’il a été stupide, ceux qui étaient au Gouvernement du Québec d’alors ont été imbéciles de ne pas avoir utilisé ce petit cadeau des dieux. Bien dirigé, on ne joue jamais à l’agent double seul, Morin aurait pu faire sauter de véritables taupes s’il en existait. On se rappellera que Normand Lester (à ne pas inviter au même party que Claude Morin) faisait allusion à d’autres taupes au PQ.
Citer l’ineffable Sheila Copps comme source de vérité absolue tient du cirque. Premièrement, c’est Sheila; deuxio, depuis quand un ministre, assermenté, admettrait qu’il n’y a eu qu’un agent de la GRC et successeurs au PQ? La question se répond d’elle-même?
Donc, oui au questionnement sur la méthode en 2011, mais non aux insultes. La démarche Morin a fait ses preuves, quoi qu’en disent ceux qui s’y opposaient en 1974. Elle a permis l’élection des ‘séparatisssssssssssssssssssss’ en 1976 et après. Comme bilan personnel, ce n’est pas pire.
Jean-Yves Durocher


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8 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    17 septembre 2011

    @ J-Y D
    Si Morin a pu avoir une certaine pertinence conjoncturelle, il n'a pas su ou voulu s'adapter à la nouvelle conjoncture. Je le vois comme un homme du passé. Continuons...
    @ MH
    Le sens anticipé que devrait prendre l'histoire vous fait croire au PQ plus que tout. Ce n'est pas suffisant. Il faut préparer le changement et cette préparation est tout simplement absente. C'est la différence entre le PLQ de Trudeau et le PQ de Marois.
    GV

  • Jean-Yves Durocher Répondre

    16 septembre 2011

    @GV
    Nous faisons parti, je crois, des pragmatiques sur Vigile que nous fréquentons depuis presque son départ.
    Je n'ai jamais aimé les interprétations de l'histoire à la sauce du jour. L'approche Morin était audacieuse en 1974, elle a permit l'élection du PQ en 1976. Elle a aussi ancrée durant presque vingt-cinq ans la notion que le Québec pouvait être un pays pour à un moment plus de 60% des Québécois, sous Bourassa au référendum volé de 1995.
    Vigile date de cette période charnière ou le PQ a délibéremment oublié ce qu'il était et refuse depuis de s'en prendre à une approche devenue doctrine de la foi péquiste. Pire, ce parti refuse même d'en débattre.
    Comme je le disais, on reproche, chez certains, à Morin d'avoir permit que le PQ soit élu en 76! Suivant leur raisonnements, l'élection du PQ était un complot de Trudeau qui après avoir forçé Moscou (n'oublions pas que Trudeau était un agent double russe) a abandonné la tenue des Olympiques, pour les confier à Montréal ou Jean Drapeau (complice de Trudeau dans le Bloc Populaire, c'est connu) avait pour mission de faire déraper les coûts de construction, d'embarquer le mangeur de hot-dog dans l'aventure, pour ruiner le Québec.
    Pendant ce temps, le PQ (filliale de la GRC et de la CIA (René Levesque étant un agent de cette dernière comme tous le monde le sait ayant prêté serment officiel et secret en servant pour les Américains durant la seconde guerre, c'est connu de tous) aurait pour mission de perdre le référendum et de faire signer une nouvelle constitution du Canada.
    Claude Morin, marié à une Américaine ne pouvant être qu'un agent du CIA, tout le monde le sait.
    Le pire dans ce que j'écrit, c'est qu'il y a des gens sur Vigile qui croit tout cela.
    Comme tu le dit, le référendum est une tactique devenue stratégie. Mais dans un parti qui invente son langage, qui ignore ce qu'est logistique, tactique et stratégie, que penser d'autre.
    Il faut remercier Morin d'avoir fait élire le PQ cela ne veux pas dire qu'il faut éternellement accepter que c'est la seule voie possible. S'il en propose, qu'on en discute, qu'on l'insulte est insultant pour ceux qui croit au Québec.

  • Marcel Haché Répondre

    16 septembre 2011

    @ G.V.
    Vous êtes dans la « distinction supérieure » dont parle le chroniqueur Savard.
    Le référendisme n’a jamais été autre chose qu’une voie d’évitement à l’indépendantisme. Cela aurait pu se continuer encore longtemps. D’ailleurs, cela se continue.
    Moi, j’ai salué la venue du P.I. Je la salue encore.
    Mais j’ai toujours cru que le P.Q. était CONDAMNÉ à l’indépendantisme. Je le crois encore. Ma conviction très profonde.
    Je crois à la méthode de P.E.T.,voyez-vous, qui ne s’était pas demandé s’il fallait mettre le programme avant la stratégie, mais qui croyait dès la fin des années cinquante que le Canada (par l’entremise du parti de gouvernement, le P.L.C.) était CONDAMNÉ à rapatrier un jour sa constitution.
    Et voyez-vous aussi, pouvez-vous entrevoir, que si le P.Q.-Marois, qui vous ennuie tant, voulait jouer à l’Union Nationale, il lui arriverait la même chose qu’à ce parti qui, sous M. Loubier, cru éviter la mort en changeant son nom.
    C’est une absurdité bien digne des pseudo- indépendantistes de Q.S. (et du N.P.D……..) de penser que le P.Q. doive délaisser sa place d’Opposition officielle pour que l’idée de l’indépendance prenne son envol.
    Les libéraux qui ont rapatrié la constitution n’ont jamais pensé ainsi très longtemps avant 1982.

  • Archives de Vigile Répondre

    15 septembre 2011

    Merci de nous avoir dressé ce déprimant tableau de quarante ans d'échec du souverainisme; on s'en souviendra de l'histoire de la prise du pouvoir provincial comme horizon libérateur. De surcroît, on aurait tort de faire coïncider son identité à la façon dont l'adversaire nous dépeint ou nous diabolise. Vous avez bien intégré le discours d'en face. Cela n'aura jamais fait pour autant du PQ un parti indépendantiste et encore moins «séparatisssss...» Ce n'est pas aux propagandistes fédéralistes de le nommer.
    Pour l'indépendantiste, le référendum est une tactique. Pour le péquiste c'est une doctrine. Claude Morin n'y est pas pour rien. Ne parle-t-on pas parfois de la doctrine Morin ? Mais il n'y a qu'au Québec que les politiciens avec une fiche lamentable sur quarante ans sont reconnus dignes d'éloges. Vous avez raison, le PQ aime bien s'en prendre à Morin, on parle du PQ. Mais tout cela est d'une autre époque. Le PQ mythique n'existe plus que dans l'imaginaire de ceux pour qui la «gouvernance souverainiste» est un dépassement du référendisme alors que, pour le commun des mortels, elle se situe très en de ça, au niveau de l'Union nationale de jadis, par exemple, absolument velléitaire. Pauline Marois jouit de soutiens interprétatifs et créatifs (comme M. Haché, JRMS et autres bien en vue) qui lui donnent le bénéfice du doute de l'indépendantisme, sans qu'elle même n'ait jamais eu à se compromettre. Qui sont les dindons de la farce ? L'histoire le dira mais on s'en doute.
    Pour l'information de tous, j'ajouterais que de «ne pas faire de stratégie ouverte» ne devrait jamais être confondu avec cacher son programme politique. Le faire est suicidaire ou pure tromperie. Dans un ordre politique hiérarchique bien compris: Le programme politique a préséance sur la stratégie et la stratégie sur la tactique.
    Cordialement,
    GV

  • Marcel Haché Répondre

    15 septembre 2011

    @ L’Aveugle national
    Fallait pas le tenir, le référendum de 80. Non plus que celui de 95.Fallait manger ses bas et gagner du temps. Tenir. Tenir tout court. Pas tenir un maudit référendum pour se débarrasser, et s’exposer tout nu comme l’a fait le gouvernement Lévesque.
    Et c’est tout nu que le gouvernement Lévesque avec Claude Morin, mais aussi avec Parizeau-le-grand-argentier dedans, qu’il a dû affronter les taux d’intérêt de 20% de la Banque du Canada. (à plus ou moins 1% actuellement).La récession « post olympique »* a été provoquée ici… en représaille. Tout autant Lévesque que Morin que Parizeau furent alors muets comme des carpes.
    Réécrire l’histoire ? Parizeau n’est pas moins référendiste que Claude Morin. Si ça se trouve, il l’est encore, et certainement plus que Claude Morin.
    C’est maintenant qu’il est utile de bien lire Claude Morin, plutôt que d’écouter Parizeau qui se répète. La réalité qui dérange, c’est que le P.Q. actuel, le P.Q. réel, coupe avec son histoire référendiste. Peut-être que la « gouvernance souverainiste » n’est pas un grand coup de clairon en faveur de l’indépendance, sans doute, sans aucun doute, mais du moins, du moins, mais du moins elle ne se sert pas du référendum comme d’une béquille.
    C’est cela que le P.Q. n’a jamais encore essayé. Marcher tout seul. Et re-oui, cela est au mérite de Pauline Marois. Je n’hésite même pas : son très grand mérite.
    * 150,000 emplois perdus en un an.

  • Archives de Vigile Répondre

    14 septembre 2011


    La question référendaire a été mal posée. Le but du Québec: Être
    reconnu État Nation. Ces deux réalités n'ont pas
    même effleuré le Parti Québécois de l'époque.
    Que le Québec passe de province inféodée au statut
    reconnu d'État Nation, voilà l'essentiel. Le
    reste est accessoire.
    Claude Morin a toujours "flotté" au dessus de ces
    contingences.
    JRMS

  • Jean-Yves Durocher Répondre

    14 septembre 2011

    En quoi le référendum a aidé le PQ?
    À se faire élire. Sortir de Montréal et Saquenay.
    Pourtant vous étiez vivant à ce moment je crois. Le PQ c'était les séparatisssssssssssssss, la piassssssssse à Lévesque, des communissssssssssssssss. À moins de n'avoir jamais mis les pieds à la campagne. De n'avoir jamais vu un char de Bêrets Blancs, de ne pas savoir qui est Camil Chanchon.
    Pourquoi ces nationalistes ne votaient pas PQ? Pour ne pas se séparer! Or pour se séparer, il faut qu'un parti séparatisssssssssssssss soit élu. Faire le référendum en 80, une erreur magistrale, psychologiquement demander un sacrifice à l'orée de l'hiver c'est impossible. Pas pour rien que les achats de maisons et de gros items se fassent au printemps, comme les mariages. Dur de changer des milliers d'habitudes mentales. Erreur naturellement répété en 1995.
    Pour la petite histoire. Économiquement la situation au Québec post Olympique au Québec était désastreuse. Pire le Québec n'avait pas encore les instruments économiques en place pour affronter l'économie mondiale. Donc dès le printemps 1980 le Québec n'a pas réussi à sortir du Post-Olympique (travaux d'infrastructures inutiles, inflation des coûts dans le secteur public syndiqué qui suit l'industrie de la construction, on en passe) et entre avant tout le monde dans la récession (stagflation) de 1981. Il aurait fallu attendre la fin d'un deuxième mandat, en 1985 pour jouer le tout pour le tout. Il ne faut pas oublier que le PQ battu au référendum en Octobre 1980 est réélu avec plus de voix et plus de députés. En fait il prend 400,000 électeurs nationalistes et c'est le début de la grande polarisation.
    Notez qu'à partir de ce moment jamais un parti fédéraliste fédéraliste (vision Trudeau) n'a reçu l'appui des Québécois au Québec.
    L'aveugle en a ras les pompoms d'entendre la réécriture de l'histoire (ou son ignorance) sur Vigile.

  • Archives de Vigile Répondre

    14 septembre 2011

    laver en 70? Il a eu 24%, pas mal pour un premier essai
    écraser en 73? Il a eu 30%.
    Et 40% en 76. "J'ai jamais été aussi fier d'être Québécois"
    Le problème c'est qu'il a stallé entre 76 et 80. Pourquoi? Ben une des raisons c'est qu'il a trop attendu. Une autre c'est qu'il s'est lancé dans 56 réformes, de l'assurance-auto à la nationalisation de l'amiante. Inévitablement il s'est fait des ennemis.
    Il a monté à 49%, un an après le référendum perdu, grâce à Claude Ryan.

    Bref, je ne vois pas en quoi le référendum a aidé le PQ.