Citoyens comme les autres

Chronique de Bernard Desgagné

J’étais au rassemblement contre la loi 103, le 18 septembre. J’ai aimé le spectacle, en particulier les deux textes de mon camarade René Boulanger et la prestation de Marie-Denise Pelletier. J’y étais avec mon fils de 13 ans, venu avec moi de Gatineau. Il n’a aucune difficulté à s’identifier à la cause que défend son père. Facile pour lui: il est tombé dans la marmite quand il était petit. Le Québec et sa langue nationale, c’est sa cause aussi.
J’avais convaincu une amie québécoise d’origine congolaise habitant Montréal de venir. Rien de difficile, compte tenu de son attachement à la langue française. Plus francophone que ça, tu meurs. Un jour, dans un resto d’Ottawa, après avoir insisté pour parler français à une serveuse chinoise n’en comprenant pas un mot, elle a froncé les sourcils en me voyant faire l’interprète. Bien que je refuse sèchement de parler anglais chez moi, au Québec, j’ai toujours considéré le reste du Canada comme un pays étranger, où il convient de parler la langue nationale, c’est-à-dire l’anglais, sauf bien sûr lorsqu’on trouve quelqu’un qui parle français. Pas elle. Elle exige qu’on lui parle français, la diablesse. À côté d’elle, j’ai l’air d’un anglophile.
Je ne l’ai pas vue au rassemblement. Nous nous sommes manqués. Il y avait beaucoup de monde. Pourtant, elle est bel et bien venue et m’a cherché. Nous n’avons vraiment pas eu de chance. D’autant plus qu’elle était très facile à repérer. Ceux qui étaient présents au rassemblement se souviennent en effet que nos compatriotes des minorités visibles y étaient très rares. Je m’y sentais presque dépaysé, moi qui suis habitué d’être la minorité visible dans les rassemblements d’Africains. Mais où étaient les Québécois d’origine haïtienne, sénégalaise, ivoirienne, rwandaise et congolaise?
Les Québécois sont accueillants et ne sont ni racistes, ni xénophobes. Mon amie d’origine congolaise et mes autres amis d’origine africaine sont les premiers à en témoigner. Ils sont heureux de vivre au Québec. Mais mon amie congolaise, fatiguée de me chercher, est repartie après la prestation de Michel Rivard, qu’elle aime bien, du reste. Elle n’avait pas le gout de rester. Pendant le spectacle, à quelques reprises, les expressions «allophones», et «nouveaux venus» l’ont agacée. Est-elle trop susceptible? Je ne crois pas. Elle en a tout simplement marre d’être considérée comme un enjeu. Les immigrés ne sont pas un enjeu; ce sont des citoyens comme les autres.
Les Québécois de langue maternelle anglaise devraient, eux aussi, être des citoyens comme les autres, du moins s’ils souhaitent être québécois. Être ressortissant étranger et résident permanent dans un pays n’est pas un crime, loin de là. Nous ne forçons personne à devenir québécois. Néanmoins, dans sa proposition principale actuellement à l’étude, le Parti Québécois divise les candidats à la future citoyenneté québécoise en catégories quand il est question de langue, ce qui est conforme aux pratiques de Statistique Canada, mais différent de ce qui se fait dans les pays normaux. En France, par exemple, l’État ne connait pas la langue maternelle des Français et s’en moque pas mal. Pourvu qu’ils parlent français.
Le Parti Québécois veut entretenir la concurrence linguistique
Pour Jonathan Valois et Daniel Turp, responsables de la proposition principale du Parti Québécois, sur laquelle les militants auront à se prononcer dans les mois à venir, l’univers linguistique dans lequel les Québécois sont condamnés à vivre éternellement en est un de féroce concurrence entre deux systèmes linguistiques, sur le territoire même du Québec, et il est nécessaire d’entretenir cette concurrence, sous peine d’excommunication par les détenteurs de la moralité et de la langue supérieures au Canada anglais. Seule avenue possible pour le français: donner aux francophones davantage de moyens pour assimiler les allophones, qui deviennent par conséquent un enjeu. J’entends mes amis originaires d’Afrique grincer des dents.
On se croirait dans un rapport du commissaire aux langues officielles, sauf que la recherche de l’équilibre linguistique est transposée à l’échelle du Québec, pendant que, dans les provinces anglaises, personne n’éprouve le moindre scrupule en voyant que l’équilibre est rompu à l’avantage de l’anglais depuis longtemps. Le Parti Québécois a comme ambition de réaliser le rêve de Trudeau à l’intérieur des frontières du Québec: un pays vraiment bilingue, où tout le monde sait parler l’anglais, mais pas nécessairement le français.
Voici ce que dit l’article 3.6 de la proposition principale: «Un gouvernement souverainiste réaffirmera la garantie de la préservation des droits linguistiques de la communauté anglophone [et] assurera le maintien du patrimoine institutionnel de la communauté anglophone». Autrement dit, la colonie anglo-canadienne du Québec conservera le privilège de ne pas parler français ou de le baragouiner comme une langue étrangère. Ils ont tellement fait de progrès, ces chers Anglais de Westmount et de Town of Mount-Royal. Faut pas trop leur en demander. Soyons gentils et compréhensifs.
Continuons de permettre aux membres de la colonie anglo-canadienne de faire leurs études de la maternelle au doctorat en anglais uniquement. Continuons de leur offrir tous les services publics en anglais, de la déclaration de revenus aux soins hospitaliers, en passant par les divers formulaires à remplir et les procédures judiciaires. C’est la garantie que bon nombre n’apprendront jamais le français. Surtout quand ils arrivent des provinces anglaises après leurs études primaires et secondaires. Continuons de leur construire des mégacentres hospitaliers universitaires et d’autres institutions de taille disproportionnée avec les deniers publics. Ils pourront ainsi donner des emplois en anglais à des milliers de «nouveaux venus», qui comprendront vite que la seule langue vraiment obligatoire au Québec est l’anglais.
La colonie anglo-canadienne du Québec est la seule communauté ethnoculturelle qui a prétendument besoin d’institutions démesurées fonctionnant dans sa langue pour pouvoir contribuer à la société québécoise. Du moins, c’est la raison qu’invoquait, par exemple, la députée Véronique Hivon, à l’émission de Christiane Charette, le 10 septembre 2010, pour préserver les privilèges néocoloniaux des Anglo-Canadiens du Québec. Les autres groupes ne font pas leur contribution en italien, en portugais, en créole haïtien, en lingala ou en kinyarwanda. Ils le font en français ou, malheureusement, parfois aussi en anglais. Ils nous enrichissent de leur héritage culturel sans obliger le Québec tout entier à parler leur langue.
Au paragraphe g de l’article 6.1 de la proposition principale Valois-Turp, il est écrit ceci: « Un gouvernement souverainiste favorisera l’apprentissage de l’anglais…» Et concernant l’apprentissage du français à l’école? Rien. Le Parti Québécois fait comme si c’était acquis. Le problème, à ses yeux, n’est pas qu’une proportion importante de Québécois nés au Canada ne parlent pas encore français. Le problème, c’est premièrement que les pauvres arriérés de francophones ne parlent pas encore assez anglais. Le Parti Québécois n’a aucune donnée pour étayer ce prétendu constat, mais il croit dur comme fer que la méconnaissance de l’anglais est encore un problème au Québec. Personnellement, je ne connais aucun Québécois adulte qui ne parle pas du tout anglais et j’en connais beaucoup qui le parlent très bien, même s’ils ont un accent, ce qui est parfaitement normal lorsqu’on parle une langue étrangère.
Le problème, pour le Parti Québécois, c’est aussi l’immigrant. Il faut s’assurer qu’il parle français. C’est toujours plus facile de blâmer ceux qui ont l’air de venir de loin. Mais ce n’est certainement pas de nature à nous attirer leurs votes aux prochaines élections ou au prochain référendum, même s’il se trouve déjà parmi eux d’ardents défenseurs du français. Nous voulons que les Québécois qui le sont devenus depuis peu se joignent pleinement à nous et épousent la cause du Québec? Alors, cessons de faire des catégories linguistiques. Ils aimeraient simplement que les choses soient claires, comme dans n’importe quel pays normal. Demandons-nous plutôt comment se comportent les peuples normaux et libres.
Que font les peuples normaux et libres?
Premièrement, un peuple normal et libre vivant dans une démocratie place tous les citoyens sur un pied d’égalité en matière de langue. Au Québec, cela signifie que tout Québécois sans exception devrait savoir parler français aussi bien que n’importe quel autre Québécois. Chacun devrait se voir offrir les moyens d’apprendre la langue nationale, y compris des ressources supplémentaires si sa langue maternelle n’est pas le français.
Deuxièmement, le corolaire de cette première affirmation est qu’aucun Québécois ne devrait être obligé de s’adresser à un autre Québécois dans une autre langue que la langue nationale. Donc, plus besoin de services publics en anglais, sauf quelques exceptions, notamment dans les soins de santé (mais pas dans la langue de travail du personnel hospitalier). Plus besoin que l’État publie tout en bilingue. Le bilingue sera pour les touristes. Les autres comprendront le français, comme les citoyens comprennent la langue nationale dans n’importe quel pays normal.
Certains me répondront que, tant que le Québec n’est pas souverain, les contraintes du cadre constitutionnel qui nous est imposé par Ottawa nous empêchent d’appliquer les principes que je préconise. C’est faux. Dès maintenant, nous pouvons faire comme le Manitoba, qui impose aux jeunes Franco-Manitobains fréquentant les écoles françaises les mêmes examens d’anglais, à la fin des études secondaires, qu’à tous les autres élèves manitobains. Transposée au Québec, cette obligation signifierait qu’école anglaise ou pas, à la fin des études secondaires, tout le monde doit passer les mêmes examens de français pour se voir décerner le certificat donnant accès au cégep, puis à l’université.
Pour ce qui est de l’enseignement supérieur, le Québec n’a aucune obligation constitutionnelle. Donc, il aurait parfaitement le droit d’imposer la francisation progressive des établissements postsecondaires anglais. Il aurait parfaitement le droit d’exiger des futurs étudiants n’ayant pas fait leurs études primaires et secondaires au Québec qu’ils sachent parler français ou qu’ils suivent des cours de rattrapage pour être en mesure de faire leurs travaux dans cette langue. Personne ne peut nous empêcher, en invoquant la Constitution du Canada, de réaliser cette francisation. Et surtout, personne ne peut nous faire la morale, au Canada anglais. Les universités françaises y sont rares et petites. Il serait parfaitement logique, pour une société qui dit vouloir faire du français la langue de travail, qu’elle forme sa main-d’œuvre dans cette langue. Pourquoi former en anglais un technicien en aéronautique si l’on veut qu’il travaille en français au Québec? N’y a-t-il pas suffisamment d’universités et de collèges dispensant leur enseignement en anglais, en Amérique du Nord? Si quelqu’un veut étudier en anglais, n’a-t-il pas déjà l’embarras du choix? Pourquoi faut-il mettre les deniers publics des Québécois au service de l’enseignement en anglais, alors qu’ils peinent à maintenir le poids du français sur leur propre territoire? C’est complètement incohérent.
Nous nous comportons encore en peuple colonisé et timoré. Nous avons peur de notre ombre. Les allophones le sentent bien et, même s’ils éprouvent de la sympathie pour nous, n’ont pas de peine à voir que, s’ils veulent un emploi pour faire vivre leur famille, la langue qui compte le plus au Québec, c’est l’anglais. Nos compatriotes francophones venus d’ailleurs ne sont vraiment pas impressionnés lorsque nous faisons une fixation sur les immigrants et que nous les plaçons au coeur de notre stratégie de guérilla linguistique, alors que le problème est beaucoup plus dans notre manque de volonté qu’ailleurs.


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18 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    8 octobre 2010

    Merci Monsieur Desgagné de m'avoir répondu, voilà une marque d’égard à laquelle je ne suis guère habitué. Vos précisions ne font cependant que confirmer mon propos : votre québécitude n'est en fait qu'un accommodement de l'Autre. Elle est tout tournée vers lui. Certes vous me parlez d'histoire et de culture, mais en les évidant de leur réalité, de leur essence, en en faisant une sorte d'apologie du syncrétisme. Tout comme Bernard Landry qui, dans sa dernière chronique, réussit maintenant à passer sous total silence notre francité. Pour vous, pour lui, le Québécois multiculturel serait là depuis toujours, or sachez que c'est un anachronisme grossier : il n'y a pas de peuple québécois avant les années 1970 ; dans les coeurs et dans les tripes, il n'y a que la nation canadienne-française, elle qui a su garder son identité propre, originale, tout en assimilant nombre d’étrangers, elle qui aspire désormais à la jouissance d’un véritable État national sous la conduite d’un Daniel Johnson père, fier Canadien-Français d’origine irlandaise...
    Pourquoi en avoir changé? Pourquoi être devenus des Québécois, pourquoi s’être s'identifiés à l'État colonial créé par les Anglo-saxons pour nous mieux circonscrire, pourquoi avoir ainsi cautionné les faussetés infamantes colportées sur notre compte par Trudeau et les «cité-libristes» et avoir renié notre nationalité ? C’est ce à quoi je vous incite à réfléchir. C’est tout.
    RCdB
    PS
    Il n'y a jamais eu (quelle idée!) « d'empire colonial » ou d’impérialisme canadien-français, mais bien une diaspora qui couvrit pacifiquement une bonne partie de l'Amérique du Nord et que nous avons condamnée à l'insignifiance en changeant d'identité. Ils sont devenus de simples francophones attendant de ne plus l'être...

  • Archives de Vigile Répondre

    2 octobre 2010

    "Pour ce qui est de notre différence, à part la langue française, j’en vois de moins en moins avec les Anglophones du ROC et du Québec, maintenant que nous ne portons plus nos ceintures fléchées, que nous fréquentons le McDo, le Burger King, le Wallmart, Dolarama et Sears avec nos autos japonaises et que nous avons presque complètement abandonné la religion catholique qui nous différenciait."(Gilles Bousquet)
    M. Bousquet, vous me voyez désolé d'entendre que votre rencontre avec les produits de Burger King vous a complètement détaché du savant héritage culinaire de nos mères canadiennes françaises.
    Est-ce vraiment le symbole du Burger King que vous souhaitez en héritage à vos enfants ?

  • Archives de Vigile Répondre

    2 octobre 2010

    Je comprends ce que vivent les immigrants, car j’ai déjà vécu une expérience de déracinement semblable à la leur en allant m’établir dans ce que je considère comme un autre pays. En effet, je suis allé vivre au Manitoba pendant 14 ans, où la langue, les traditions, l'histoire et la culture sont différentes de celles de mon pays, le Québec, bien qu’il existe des liens historiques entre les deux provinces et bien que j’aie beaucoup de sympathie pour Riel, Dumont et la nation métisse. On ne peut pas demander aux immigrants de rompre complètement les liens qui les unissent à leur patrie d'origine. Ce serait comme leur arracher le coeur.
    Les immigrants peuvent acquérir une nouvelle identité, c'est-à-dire l'identité québécoise, sans perdre leur ancienne. De plus, ils peuvent faire de leurs enfants des Québécois «pure laine», tout en les aidant à garder la conscience de la patrie de leurs ancêtres.
    Le Québec n'est pas fait que d'une langue. C'est une histoire, des origines, une culture. Je n'étais pas présent au milieu du XVIIe siècle. Comment ai-je le sentiment d'appartenir à la nation québécoise? Parce qu'on m'en a raconté l'histoire et que je m’en suis imprégné, y compris l’histoire de ceux qui, avant la venue des Européens, étaient sur notre territoire et avec lesquels Champlain a affirmé vouloir fonder un nouveau peuple. «Nos fils marieront vos filles», disait Champlain. Tous les jours, je vois, dans la vie du Québec d'aujourd'hui, le résultat actuel de cette histoire. Si j'étais un enfant adopté originaire de Chine et élevé dans une famille québécoise, serais-je moins québécois? La culture ne se transmet pas par l'ADN.
    Lorsqu'un immigrant décide de prendre part aujourd'hui à la marche du Québec, il en épouse la fabuleuse histoire et affirme son désir de s'inscrire dans cette histoire à compter d'aujourd'hui. C'est une histoire faite également de conquêtes d'une grande partie de l'Amérique, où des pionniers d'une audace formidable, qui ont façonné ce qui est devenu aujourd'hui le Québec, ont fait leur marque ou se sont établis. J'en suis fier parce que ces conquêtes font partie de l'histoire du Québec, même si cette partie de notre histoire ne nous appartient pas exclusivement. Elle a été déterminante pour la fondation d'autres nations, notamment la nation canadienne-anglaise et la nation étasunienne.
    La France a-t-elle cessé d'être la France lors de l'indépendance de ses colonies? Bien sûr que non. Le Canada français est cliniquement mort tout comme les empires coloniaux sont morts. Il a été conquis par le Canada anglais. On peut le regretter, mais on ne peut pas le nier et on ne pourra pas non plus revenir en arrière. Nous, les Québécois, pouvons conserver un attachement à nos cousins de l'Ontario, du Manitoba et de la Saskatchewan. Nous pouvons fraterniser avec nos cousins de l'Acadie. Mais notre patrie est aujourd'hui le Québec.
    L'histoire du Canada français vit dans le Québec d'aujourd'hui. C'est là que nous avons été capables de nous constituer un véritable État et une force politique qui permettront à cette histoire de se poursuivre en français, avec les Québécois de toutes les origines, qui peuvent être fiers de ce que leurs prédécesseurs canadiens-français ont accompli. Ils nous aideront à faire progresser notre patrie, notamment pour en faire une véritable république et une terre de liberté et d’espoir.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 octobre 2010

    Non, M. Beauchesne, 2 nationalités, ça serait bien assez…presque trop mais ça pourrait bien calmer les sensibilités.
    Pour ce qui est de notre différence, à part la langue française, j’en vois de moins en moins avec les Anglophones du ROC et du Québec, maintenant que nous ne portons plus nos ceintures fléchées, que nous fréquentons le McDo, le Burger King, le Wallmart, Dolarama et Sears avec nos autos japonaises et que nous avons presque complètement abandonné la religion catholique qui nous différenciait.

  • Archives de Vigile Répondre

    2 octobre 2010

    "Messieurs Robert Chevalier de Beauchesne et Gébé Tremblay, pour régler le problème de notre nationalité, il n’y a que la double nationalité québécoise et canadienne qui..."(Gilles Bousquet)
    M. Bousquet, lorsque j'écrit "nation", c'est en français que je le pense. C'est à dire un peuple (sens ethnique).
    Le sens de "nationalité" que vous utilisez ici est anglais, c'est à dire de citoyen d'un pays.
    Le "Québécois" qu'utilisent nos élites est aussi dans le sens anglais. C'est à dire colonisé.

  • Archives de Vigile Répondre

    1 octobre 2010

    Tant qu’à faire Monsieur Bousquet, pourquoi ne pas adopter une troisième citoyenneté nord-américaine afin que nous puissions la partager avec les Américains et les Mexicains… Non sérieusement, ne voyez-vous pas qu’être Québécois et/ou Canadiens ça revient au même, que c’est simplement chercher à gommer notre différence nationale, à faciliter notre intégration à la normalité multiculturelle anglo-saxonne? Car comme l’avoue avec candeur Monsieur Desgagné, le «citoyennisme» québécois, ce n’est rien d’autre que faire en sorte de devenir -en notre propre patrie- des «citoyens comme les autres», d’agir de manière à ce que plus rien ne nous distingue des Québécois anglophones ou d’origine étrangère (au fait Monsieur Tremblay, ils sont tous et sans équivoque aucune des Québécois, relisez donc «Option Québec»). Au plus Monsieur Desgagné limite-t-il ici notre différence à la connaissance commune du français et à l’imposition d’un usage institutionnel plus exclusif de celui-ci. Mais encore, en est-il ainsi parce que ses amis africains partagent cette visée. Qu’il n’y eut plus que des «de souche» pour défendre leur langue maternelle, et sans doute verrait-il ce combat d’un tout autre œil… Quoiqu’il en soit, une nation ne peut se résumer à ça : des «citoyens comme les autres» qui partage l’usage institutionnel d’une langue. C’est positivement ridicule. Dans le contexte actuel, ça nous prendra combien de temps avant de ressembler aux îles Anglo-normandes, car là aussi le français y est langue officielle, mais la population toujours plus anglophone… Ah Dieu ! Délivrez-nous donc des mauvaises blagues.
    RCdB

  • Archives de Vigile Répondre

    1 octobre 2010

    Messieurs Robert Chevalier de Beauchesne et Gébé Tremblay, pour régler le problème de notre nationalité, il n’y a que la double nationalité québécoise et canadienne qui pourrait être offerte à l’intérieur d’une véritable confédération canadienne d’États souverains à la place de la fédération actuelle, faussement nommée confédération en 1867, de provinces « conquises ».

  • Archives de Vigile Répondre

    1 octobre 2010

    "...en tout cas pour moi, peu m’importe de m’appeler Québécois ou Canadien-français."(GV)
    Biensûr. C'est pareil pour moi et ce devrait l'être pour tous les Québécois. Il y a 350 ans, nous nous disions aussi Kebecois car il n'y avait que le village de Kebec comme établissement.
    C'est lorsque nous appellons Québécois les Anglais que nous-nous renions. L'Anglais ne se dit pas Québécois, voyons.
    Si l'Anglais de Westmount est un Québécois, alors je suis un Canadien français et je renie le terme Québécois. Je ne vais pas commencer à me battre pour récupérer cette appellation. J'ai une histoire.

  • Archives de Vigile Répondre

    30 septembre 2010

    Félicitations Monsieur Verrier, peu de gens auront compris cette incidence de notre passage de minorité canadienne à majorité québécoise. Au moment même où dans le monde occidental la protection des minorités devenait une réelle préoccupation ; alors que l’assimilation des Canadiens-Français s’avérait indéniable ; alors donc que nous pouvions attaquer Ottawa devant les plus hautes instances internationales pour non-protection évidente et possiblement obtenir ce que nous voulions en compensation, soit un État national ; que fait le PQ (et les libéraux), que font-ils ? Ils nous posent en majorité du Québec ne s’avouant plus qu'un lien ténu avec les Canadiens-Français, mais se reconnaissant désormais de lourdes responsabilités envers une minorité anglo-québécoise dite historique. Et pourquoi cela ? Parce que cela devait faciliter notre accession à l’indépendance… C’est ce que j’appelle avoir été pris pour des cons. Et le pire est que nous ne sommes plus qu’une poignée à s’en rendre compte.
    Non Monsieur Verrier, il n’est pas indifférent d’être Canadien-Français ou d’être Québécois : il y a tout un monde entre les deux, il y a le déni de nos droits nationaux et de notre histoire. Il y a la honte et la haine de soi du colonisé aussi.
    RCdB
    P.S. Les États Généraux du Canada français se déroulent en deux temps : d’abord en 1967, où il n’est question que de la nation canadienne-française, et en 1969 où on parle désormais des Québécois. La fondation du PQ et sa mainmise sur le mouvement indépendantiste se placent donc entre les deux. La québécitude peut commencer son travail de sape de notre sentiment national, l'identité québécoise ne devenant dominante que vers 1985.

  • Gilles Verrier Répondre

    30 septembre 2010

    La scission malheureuse du peuple Canadien-français s'est faite en conclusion des États généraux du Canada français, en 1960, je crois. Les raisons de cette «séparation» sont multiples mais en gros, ceux qui se diront par la suite «Québécois» pensaient être voués à un destin très différent de leurs concitoyens d'alors. En devenant d'abord des Québécois (même si on est resté depuis que des Canadiens par notre passeport et notre citoyenneté), nous pensions pouvoir renverser les forces de l'assimilation. Non seulement ce ne fut pas le cas, mais en nous identifiant seulement à l'État provincial, créature de l'État fédéral, nous nous sommes constitués en majorité, ce qui nous obligeait à reconnaître des droits à «cette minorité qui n'en est pas une». Je pense qu'il y a un défi de réflexion à faire ici sur la pertinence de cette opposition inutile que beaucoup entretiennent encore aujourd'hui entre l'appellation québécoise et canadienne-française.
    Nous nous sommes d'abord appelés Canadiens-français par tradition historique, notre appellation de Québécois n'a constitué ensuite qu'une préférence. Nous sommes toujours les mêmes car l'appellation n'a rien changé sur le fond. Pour un peuple conquis qui cherche sa liberté, en tout cas pour moi, peu m'importe de m'appeler Québécois ou Canadien-français. Je peux choisir les deux, mais je choisirais l'appellation qui pourrait me donner le plus de latitude politique dans des circonstances données pour dérouter mes adversaires. Jusqu'au jour de la liberté, je sais que je suis essentiellement d'un peuple sans nom.
    GV

  • Jean-Louis Pérez-Martel Répondre

    30 septembre 2010

    Face à la réalité les contorsionnistes de l’évidence tournent en rond constamment
    Voici une vérité qui ne peut être manipulée :
    « Le Choix arabisant
    Défendre la langue française au Québec avec l’arabe ?
    Mais il y en a qui encouragent ces incompétents qui travaillent dans l’actuel gouvernement du PLQ de Jean Charest à continuer à faire du sabotage sur la langue française, voulant plaire à tout ‘’le monde’’ en détruisant le fait français au Québec.
    C’est ainsi que le 18 septembre dernier, lors du Grand rassemblement contre le projet de loi 103, au Centre Pierre-Charbonneau, les organisateurs de cet événement ont donné le pire des exemples possibles : inviter quelqu’un à venir ‘’chanter’’, plutôt hurler en arabe. Pour nous montrer que le multiculturalisme est bon pour le fait français au Québec ?
    S’il n’y a pas de complices infiltrés dans ces coalitions qui se font à chaque rassemblement leur donnant la possibilité de détruire le sens profond d’appartenance pour lequel sont destinées ces manifestations ‘’nationalistes’’, alors l’incompétence des organisateurs ne peut être plus destructive pour la majorité que l’on prétend défendre. »*
    JLP
    -..-..-..-..-..-..-..-
    *. Commentaire faisant suite à l’article de Robert Barberi-Gervais, intitulé 6,400 nominations libérales de Jean Charest aidé par Chantal Landry

  • Archives de Vigile Répondre

    30 septembre 2010

    Bien d'accord avec Robert Chevalier de Beauchesne.
    Si le Québec était l'État de la nation canadienne française, reconnue par Durham et maintenant le fédéral (Québécois= Canadiens français), nous pourrions alors déclarer le français obligatoire pour faire parti de cette nation et être reconnu citoyen par cet État. La communauté anglophone serait alors sous juridiction fédérale comme le sont les amérindiens.
    Un unilingue anglophone ne pourrait alors pas être un Québécois.
    Le projet du PQ c'est notre assimilation à l'anglais et la protection ethno-culturelle de la minorité anglaise du Québec et de ses institutions.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 septembre 2010

    ....Je m’y sentais presque dépaysé, moi qui suis habitué d’être la minorité visible dans les rassemblements d’Africains. Mais où étaient les Québécois d’origine haïtienne, sénégalaise, ivoirienne, rwandaise et congolaise ?... Que dit le texte.
    Savez-vous pourquoi il n'y avait pas, dans ce rassemblement, tellement de personnes ordinaires issues des groupes ethniques comme ceux dont sont issus les Québécois cités dans ce texte? Eh bien, pour déplacer des Québécois issus de l'immigration à un rassemblement, à une manifestation ou à quelque autre démonstration de force que ce soit dont le but est de sensibiliser les citoyens et citoyennes sur la fragilité de la langue française au Québec, il faudrait que ces personnes-là aient été déjà confrontées à une telle situation dans leurs pays d'origine ou avoir été militants et militantes d'une cause linguistique donnée. Et cela ne veut pas forcément dire que nos concitoyens cités dans le texte sont insensibles au combat linguistique qui se mène ici chez nous. L'effort et la patience finiront par les rallier à la cause linguistique québécoise.
    Quant aux Africains, Eh bien moi j'ai vu et parlé dans ce rassemblement à des Africains aussi africains que ceux cités dans ce texte. Leur particularité est d'être issus d'une région implantée sur une partie du continent africain, je vous laisse le soin de chercher, oú les questions de la langue, de la culture et de l'identité occupent une place importante dans la vie de tous les jours. Plus importantes que celles qu'occupent les questions économiques, de survie alimentaire et autres. L'amour pour la langue française coule dans le sang de ces Québécois venus d'ailleurs même si elle n'est pas leur langue maternelle.

  • Caroline Moreno Répondre

    29 septembre 2010

    Un autre problème est que certains croient que l'on va tout régler par des élections (dans trois ans) ou par référendum (dans plusieurs fois trois ans).
    Ce genre d'attitude, c'est de la pensée magique. C'est remettre à jamais ce que l'on pourrait faire dès à présent.
    Le jour s'en vient où l'on ne pourra plus renverser la vapeur.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 septembre 2010

    Il y a peu, j'ai visité le parlement canadien à Ottawa. Gêné aux entournures, on m'a quand-même affirmé que l'on pouvait siéger au parlement en ne connaissant QUE le français et que la bibliothèque mise à la disposition des parlementaires contenaient autant d'ouvrages en français qu'en anglais.
    Si tout cela était vrai, je pense que le problème de l'indépendance du Québec ne se poserait quasi-plus. Or, cela n'est pas vrai et, comme je l'ai dit déjà mille fois, tant qu'administrativement et politiquement le Québec ne sera qu'une province largement minoritaire dans un pays anglophone, membre du Commonwealth sous la tutelle de la reine d'Angleterre avec, en face de vous, une langue devenant peu à peu la lingua franca mondiale, je ne vois pas comment vous vous sortirez de l'ornière.
    Comme de surcroît, dans vos propres rangs, il y a des traîtres et des iconoclastes, le français de viendra exclusivement vernaculaire dans peu de temps.
    Le français DOIT être proclamé langue nationale OBLIGATOIRE.
    La preuve est faite que, MÊME avec des lois (comme la 101 de Camille LAURIN de 1977), le rouleau compresseur anglais vous lamine.
    La seule issue, l'INDÉPENDANCE et pourquoi pas avec l'alliance du Nouveau Brunswick par exemple.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 septembre 2010

    N’êtes-vous pas las de toujours vouloir une chose et son contraire? Le Québec est né de la Conquête, c’est le premier cadre de sujétion des Canadiens-Français au pouvoir britannique, un cadre colonial depuis toujours bilingue et pluraliste. Un cadre étatique où certes on nous autorisa à conserver et développer nos institutions civiles mais qu’à la condition expresse de respecter la normalité canadienne-anglaise.
    Sachant cela, de quel droit, sur quelle base légale un gouvernement québécois pourrait-il restreindre l’usage public de l’anglais, les services offerts en cette langue ou même l’ampleur d’institutions anglophones québécoises depuis leur fondation. Parce que vous le voudriez? Parce que dans votre esprit et dans celui de plusieurs autres le Québec se devrait d’être français? Grands Dieux réveillez-vous! Vous n’êtes plus des enfants, vous savez très bien que les désirs de tout un chacun n’ont rien à voir avec la réalité, a fortiori avec la réalité historique et juridique d’un État séculaire.
    Et puis, le Québec «Français» a été rejeté dès le début de notre «québécisation» par René Lévesque lui-même : le Québec souverain sera tel qu’il a toujours été : respectueux des droits et privilèges de sa minorité historique (il sera donc institutionnellement bilingue) ou il ne sera pas. C’était ça le deal du «devenir Québécois» de Lévesque et il n’y en a jamais eu d’autre, alors assumez-le.
    Ceci dit, les Canadiens-Français, vos pères et mères, pouvaient quant à eux légitimement prétendre à un État français, un État devenu nécessaire à la survivance de leur nation… il est dommage qu’on vous ait appris à les mépriser autant, ne trouvez-vous pas?
    RCdB

  • Archives de Vigile Répondre

    29 septembre 2010

    Vous dites «le problème est beaucoup plus dans notre manque de volonté qu’ailleurs.»
    Écrire un mot de plus serait superfétatoire, parce qu'en effet tout est là.

  • Raymond Poulin Répondre

    29 septembre 2010

    La situation que vous décrivez appelle la conclusion suivante : même ceux qui prétendent nous libérer du colonialisme sont mentalement colonisés, et le statut qu’ils entendent conférer à la minorité anglaise dite historique — mais dont la majorité actuelle n’est d’ailleurs pas d’ascendance anglaise —, de même que leur tendance à considérer l’anglais essentiel à tout Québécois, ne feront que perpétuer et même aggraver l’anglicisation du Québec. Ces libérateurs se cantonnent au fond dans une position-soeur de celle de la ministre Saint-Pierre en s’obstinant à estimer radicale une politique de la langue qui correspondrait, dans un Québec indépendant, à celle que pratiquent tous les États nationaux normaux. Reconnaître le statut d’une minorité historique ne consiste pas à lui concéder le droit de constituer un État dans l’État, à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’un État enclavé dans un continent dont la seule langue est celle de sa propre minorité. La seule normalité raisonnable : que tous les habitants d’un Québec indépendant, peu importe leur langue maternelle, parlent, lisent et écrivent le français, du moins sur les lieux du travail et dans leurs relations avec l’État. Bien entendu, il faut alors leur en fournir les moyens et leur consentir une période réaliste afin d’y parvenir.