Cinq questions aux nationalistes d'aujourd'hui

Du 6 au 10 novembre, l'événement Hubert Aquin

Hubert Aquin


Le 15 mars 2007 marquera le 30e anniversaire de la mort tragique d'Hubert Aquin, le romancier auteur de Prochain épisode mais aussi l'essayiste. Le début des années 60 voit naître le projet de l'indépendance politique du Québec. Le RIN vient d'être fondé, le FLQ ne s'est pas encore manifesté, le Parti québécois verra le jour six ans plus tard, mais l'indépendance du Québec est encore une idée marginale. L'époque porte cependant à la discussion vigoureuse.
Pierre Elliott Trudeau n'est encore que professeur de droit à l'Université de Montréal mais il écrit régulièrement dans la revue Cité libre, où il vient de publier, en avril 1962, «La nouvelle trahison des clercs» pour dénoncer le nationalisme qui, estime-t-il alors, nous a donné tant de guerres et s'inscrit contre le progrès de l'humanité. Hubert Aquin lui répond, dès le mois de mai 1962, dans la revue Liberté par un texte intitulé «La fatigue culturelle du Canada français», dont Pierre Bourgault dira que c'est le plus beau texte qui ait jamais été écrit sur le Québec.
Pour plusieurs intellectuels québécois, Hubert Aquin est encore aujourd'hui le penseur le plus profond du nationalisme québécois, ou canadien-français, comme on disait à l'époque. «La fatigue culturelle» analyse les raisons de l'existence de ce nationalisme, en fonde la légitimité et désigne les obstacles sur lesquels bute l'émancipation politique des Québécois.
Pensée oubliée
Cela n'a pas empêché qu'on ait eu tendance à oublier la pensée d'Aquin alors même que les thèmes qu'il aborde dès le début des années 60 sont encore les nôtres aujourd'hui. La mémoire défaillante que nous conservons de ce grand penseur indépendantiste soulève plusieurs questions fondamentales.
L'avons-nous oublié parce que sa pensée n'a plus rien à nous dire? Le sentiment si vif de la domination qui la traverse aurait-il disparu? Aurions-nous réglé le problème identitaire qui est celui du colonisé et dont Aquin estimait qu'il nous paralysait? De quelle façon nous représentons-nous le Québec d'aujourd'hui en tant que collectivité alors que s'est affirmé le pluralisme identitaire? Cette diversité que nous célébrons a-t-elle pour effet de délégitimer le projet souverainiste?
La semaine du 6 au 10 novembre sera l'occasion de revenir sur l'héritage que laisse Hubert Aquin à la pensée politique québécoise. Cela prendra deux formes: des émissions de radio diffusées à la Première Chaîne et un colloque organisé conjointement par Radio-Canada, la Chaire de recherche du Canada en mondialisation, citoyenneté et démocratie de l'Université du Québec à Montréal et Le Devoir. Les émissions, préparées par Michel Lacombe, seront présentées du lundi au vendredi de 19h30 à 20h. Elles seront suivies chaque soir à 20h par des tables rondes animées par Michel Lacombe et qui se dérouleront devant public à l'UQAM.
Nouvelle fatigue?
Cinq thèmes ont été dégagés des questions à portée générale évoquées ci-dessus. Il nous faudra d'abord nous demander si le Québec d'aujourd'hui n'est pas retombé dans la «fatigue culturelle» dont parlait Aquin en 1962 et qui, à ses yeux, ressemblait à un genre de tentation de la mort, pour reprendre le titre de son tout premier roman.
Nous interrogerons ensuite notre capacité collective à affronter lucidement les conflits dans lesquels nous plonge la question nationale. Et puis, deux questions fondamentales qui sont au coeur du débat actuel sur l'avenir du Québec: sommes-nous bien sortis de l'ethnicisme canadien-français? De nombreux Québécois portent comme une tare ce prétendu ethnicisme qui aurait si longtemps caractérisé le nationalisme canadien-français. Est-ce dire alors qu'il faudrait avoir honte de ce passé? C'est un autre des thèmes dont nous débattrons au cours de ce colloque.
Nous nous demanderons enfin si le projet émancipateur que portait Aquin avec tant d'intensité possède encore une quelconque actualité.
Il s'agit d'une occasion unique non seulement de renouer avec la pensée d'Hubert Aquin mais aussi de retrouver l'essentiel du discours nationaliste qui se réinvente au cours des années 60.
***
Jacques Beauchemin
Sociologue à l'Université du Québec à Montréal
Michel Lacombe
Journaliste à la radio de Radio-Canada


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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    7 novembre 2006

    Quand on est vraiment fatigué, il ne nous reste qu'à mourrir?
    Moi, j'ai toujours sursauté d'entendre des gens pondre des belles idées
    qui mènent nulle part.
    Aquin fatigué, le nationalisme dépassé, La tête sur le Billot, à la prochaine ?
    Patati patata !
    Si t'as pas le courage de vivre tu n'auras pas le courage de mourrir ?
    Alors créve sans jamais avoir appris ce qu'était en réalité la Vie!
    Si les Anglais n'avait pas eu un Churchill, il n'y aurait plus d'Angleterre.
    Fait la souveraineté individuelle qui est pareille à la souveraineté collective
    et le matin que tu verras se lever le Soleil tu diras il fait beau je ne peu
    mieux dire il fait très beau et aucune noirceur, aucune circonstance ne changera ce que tu auras vraiement fait de ta vie ?

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