Changer de stratégie

Mais la catastrophe, c'est de rester dans une casserole d'eau que d'autres font bouillir peu à peu

PQ - stratégie revue et corrigée

Par Denis Griemar
Comme j'ai déjà eu l'occasion de le dire au journal "Le Québécois", il me semble qu'il faut changer de stratégie.
D'abord, ne jamais parler de "risque", même "beau". L'électeur ne vote jamais pour un risque, et ensuite être indépendant n'est pas prendre un risque, c'est se donner toutes ses chances.
En second lieu, il me semble que l'élection référendaire est une solution qui n'a pas été étudiée sérieusement.
Il ne faut pas demander vingt-cinq fois son accord à l'électorat, qui se dira que nous ne savons pas ce que nous voulons. Il faut présenter un programme clair et cohérent, et insister sur le fait que le Québec n'est pas la Somalie. Il n'y aura pas plus de catastrophe qu'il n'y en a eu après le "non" français au référendum sur l'Europe.
Mais la catastrophe, c'est de rester dans une casserole d'eau que d'autres font bouillir peu à peu, plutôt que de sauter quand il est encore temps. Dans tout jeu (au go, aux échecs) il est crucial de garder l'initiative...
La cure d'opposition, que l'on peut souhaiter aussi courte que possible, aurait du bon si elle permettait de rénover de fond en comble le PQ, et de l'incarner dans un chef en qui la majorité des Québécois pourrait se reconnaître. Les gens sont déboussolés. Le politiquement correct doit être dénoncé comme d'importation anglo-saxonne. La nation française d'Amérique doit être ouverte, fraternelle, mais fondée sur son identité propre, et la poursuite d'un destin commun qui n'est pas né d'hier.
J'ai enfin l'impression d'une insuffisance de culture historique et politique chez les dirigeants québécois (et français...) d'aujourd'hui. On peut commencer par lire Machiavel... Et aussi prendre des leçons ailleurs, comme dans la République et Canton du Jura, où une population française, face à une majorité germanique, n'a pas baissé les bras.
Il faut également savoir analyser, et relativiser, l'actuelle domination anglo-saxonne dans le monde. Aucun empire n'est durable, surtout s'il épuise les ressources de la planète à grande vitesse. On peut penser que, sur le plan anthropologique, la civilisation française présente un meilleur équilibre entre liberté et solidarité.
Il faut maintenant, à partir de lectures, de réflexions, de contacts, proposer un projet. A Lyautey, qui voulait planter une forêt, des contradicteurs objectèrent qu'un arbre met très longtemps à pousser. Raison de plus, répondit-il, pour commencer tout de suite.


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