Célébration du 40e anniversaire de la création de «Speak White» de Michèle Lalonde

"Speak White" - "Speak What"


Le 15 mars prochain, inaugurant « La Quinzaine de la poésie », à la Maison
de la culture Ahuntsic, en présence de Michèle Lalonde et avec sa
participation, sera souligné le 40e anniversaire de « Speak White ». Cet
automne, la « Fondation Octobre 70 » va souligner le 40e anniversaire du
premier « Chansons et poèmes de la Résistance », devenu, après Octobre 70,
« Chants et poèmes de la Résistance».
ORIGINE DE « SPEAK WHITE »
[->11979]Lors de l’emprisonnement de Pierre Vallières et de Charles Gagnon, un «
Comité d’aide » fut créé en 1968, pour la défense des deux intimés. À
l’instigation de Pauline Julien et de Gaston Miron notamment, fut organisé
le fameux spectacle « Chansons et poèmes de la Résistance » un certain
lundi d’octobre 1968. C’est la comédienne Michèle Rossignol qui demanda à
Michèle Lalonde un texte qu’elle a récité à la première du spectacle. Lors
de la courte tournée qui s’ensuivit, au spectacle que j’ai organisé, avec
le poète Gaston Gouin, à Sherbrooke, leur premier arrêt, Michèle Rossignol
n’étant pas disponible, Michèle Lalonde monta sur scène pour la première
fois. Sa lecture à la « Nuit de la poésie » le 27 mars 1970, pour les
besoin du film de l’ONF, c’était que, devant l’impossibilité de filmer un
spectacle politique alors, les cinéastes Jean-Claude Labrecque et
Jean-Pierre Masse ont concocté ce subterfuge. Ainsi est né l’un des textes
fondateurs de la poésie du pays : « Speak White », tout comme «La Nuit de
la poésie » est l’événement fondateur de la poésie québécoise vivante.
Texte fondateur, revendicateur, révolutionnaire, qui situe à la fois le
combat des Français d’Amérique, dans la noblesse de revendiquer la justice,
l’équité, le respect, le droit de vivre et de nous épanouir en français, et
la liberté des peuples de disposer de leur pays. Ce texte, tout en restant,
hélas, plutôt d’actualité, est aussi et surtout une ouverture sur le monde,
une solidarité avec tous les opprimés de la terre. Il voit le Québec dans
le concert des nations. C’est en cela qu’il fut décrié et conspué par tous
les opposants à notre volonté d’indépendance et chéri par le Québec en
émergence.
Oui, ce texte est un geste hautement politique! Comprenez que le Viet-Nam
d’hier et le Pakistan d’aujourd’hui sont si totalement absurdes, que le
poème, tout situé historiquement qu’il soit, a gardé sa totale vérité.
Quarante ans et si peu de rides!
« Speak White », c’est aussi un écho, un appui tacite au livre
révolutionnaire de Pierre Vallières « Nègres Blancs d’Amérique » publié à
Parti Pris cette année-là et qui vient d’être saisi par la police en vue du
procès qu’on veut lui intenter.
DU « CRÉTINISME » SELON MICONE
Quand j’ai entendu le palimpseste de Marco Micone : [« Speak What »->archives/ds-idees/docs/micone-what.html], à la «
Nuit de la poésie » de 1980, j’en ai ressenti toute l’horreur, le
sabordage, la réduction, l’humiliation. Un texte fondateur et
révolutionnaire devenait un « n’importe quoi! ». D’une injure que des
marchands arrogants nous lançaient, surtout dans l’ouest de Montréal, quand
nous nous adressions à eux en français : « speak white », d’où est né le «
nègre blanc », d’un « white » qui a un sens colonial même, arrivait ce non
sens, cette négation de sens, une anecdote locale, ce rien : « what »!
Les anciens prisonniers politiques d’Octobre 70, dont je suis, l’ont
ressenti tel un crachat au visage. D’un texte qui est un appel à la
liberté, le voilà réduit à un texte « d’intégration ». Un réalité, sans
doute, qui reste tellement d’actualité que les « accommodements
raisonnables » nous le jettent au visage. L’intégration sera toujours
difficile sinon impossible tant que, non seulement une majorité anglophone
nord-américaine sera pour le moins un grand pouvoir d’attraction, mais qui
plus est, qu'elle contrôlera l’immigration et ne favorisera surtout pas une
intégration au Québec français. D’une solidarité universelle qu’appelle le
texte de Michèle Lalonde, Marco Micone ramène ça à un problème de coloniaux
qui sont ridiculement encore pris avec un problème de « White ».
Si nos « White »s de service ont tôt fait de s’attaquer au texte de
Michèle Lalonde, allant jusqu’à le dénigrer dans des chapitres entiers de
livres, voilà qu’un nouvel arrivant le banalisait, le ridiculisait avec ce
tour de passe-passe tout à fait humoristique. Quelle aubaine!
Ce « what » fit l’affaire de bien du monde : deux affiches, écrit Micone,
des tonnes de publications sûrement... Ce texte n’existe qu’en référence à
l’autre et il est une exploitation de la célébrité du poème de Lalonde, en
le mortifiant, le réduisant, le niant. C’est ainsi que Michèle Lalonde
refuse de laisser paraître son poème chaque fois qu’on fait de Micone un
poète de palimpseste. Elle a rompu avec son éditeur quand il est devenu
celui de Micone. Si la récente réédition de l’anthologie de Mailhot et
Nepveu a dû retrancher le poème de Lalonde, c’est qu’ils introduisaient le
brûlot de Micone, et si Pierre Graveline a pu le reproduire, c’est qu’on
ne pouvait imaginer qu’un tel palimpseste puisse être autre chose qu’une
pirouette idéologique intégrationniste et en rien un des cent « grands »
poèmes du Québec. Et Lise Gauvin, dans son insupportable monographie, n’a
pu reproduire le texte de Lalonde!
Que je sois pour Micone atteint de « crétinisme » ([vigile.net, 22 février
2008->11977]), c’est que dans ce pays, ni Lalonde, ni Miron, ni Ferron, ni
Vallières, encore moins Victor-Lévy Beaulieu, aucun militant pour
l’indépendance quoi, ne sont « prophètes »! Son arrogance et son mépris, ou
peut-être plus concrètement, sa méprise, son ignorance, sont à la hauteur
de son monde de « what »!
Gaëtan Dostie
Directeur des Éditions Parti Pris, 1976-1984
Membre de la FONDATION OCTOBRE 70
Auteur de l’anthologie, Les Poètes disparus du Québec, Éditions du Collège
Ahuntsic, 2007
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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13 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    20 mars 2009

    Je cite de mémoire Léo Ferré: "Les mots, c'est comme des armes, ça tue pareil".
    Ce n'est pas parce que les mots n'ont pas d'effet physique qu'il n'en ont pas un métaphysique, et de taille. Les poètes peuvent être dangereux. Dangereux d'un terrorisme signifiant. Et c'est une chance.
    Anne-Marie Bélanger, Montréal.

  • Archives de Vigile Répondre

    27 mars 2008

    Merci de la réponse M. Dostie.
    Je relirai le passage c'est ok. Cependant, je tiens à vous le dire tout de suite : même si M. Micone faisait dans la poésie insultante envers le Québec, le peuple québécois ou les Québécois, cela n'y changerait rien.
    Vous vous trompez de cible M. Dostie. C'est important que vous le compreniez. Si j'étais dans l'erreur, j'aimerais bien qu'on me le dise.
    Les poètes ne sont pas habituellement dangereux. M. Micone n'est pas plus dangereux que M. Gaston Miron ne l'était. Ceux qui emprisonnent les poètes sont habituellement plus dangereux. Ceux qui commandent à ceux qui les emprisonnent sont encore plus dangereux. Je me souviens comme vous d'Erbotco 0791. Le méchant a plus intérêt à se cacher que le gentil. Le gentil parle ouvertement (malgré la maladresse), le méchant ne parle pas.
    C'est un silence perfide qu'on doit combattre. Pas M. Micone. Vous vous trompez de cible M. Dostie. Sachez-le.

  • Gaëtan Dostie Répondre

    25 mars 2008

    Monsieur Sébastien Harvey,
    Je vous invite à relire le dernier article de M. Barberis-Gervais. Je pense que ce questionnement est essentiel et que la réponse de M. Micone est une fuite en avant, un refus de s'expliquer.
    Je questionne un texte, quel que soit l'auteur, d'autant plus celui-là, tout à fait idéologique et, quoi que vous en pensiez, contraire au texte de Michèle Lalonde.
    Que l'auteur soit devenu indépendantiste, ça l'honore. Ça ne donne pas de légitimité à son texte à fortiori!

  • Archives de Vigile Répondre

    24 mars 2008

    M. Dostie !
    Speak What et un clin d'oeil formidable au Speak White, qu'on aime ou qu'on n'aime pas !
    Le What est de la publicité gratuite pour le White. Vous n'êtes pas sans le savoir.
    Que le What soit ou non un plagiat (il ne peut en être ! mais bon mettons que ...), il embellit aussi le White.
    Vous devriez remercier M. Micone non ?
    Vous devriez vous en prendre à la patente confédérative plutôt qu'à M. Micone non ?
    Vous nuisez à notre cause commune non ?
    PS Sébastien Harvey alias le Frédéric d'en haut.

  • Gaëtan Dostie Répondre

    5 mars 2008

    Monsieur Micone me demande de bien préciser que son texte n'est en rien un plagiat tel que je l'ai écrit voilà 7 ans, mais un palimpseste, tel qu'écrit dans mon texte plus haut et qui n'est en rien un plagiat!
    Gaëtan Dostie

  • Archives de Vigile Répondre

    4 mars 2008

    Même si M. Micone n'était pas souverainiste, son poème traduit une sensibilité pour les combats silencieux du peuple québécois qui n'est pas du tout du sarcasme.
    Messieurs Maltais et Dostie, vous faites erreur. Vous devriez demander des excuses à M. Micone. La colère n'est pas à être dirigée contre M. Micone mais contre cette autre "patente" à l'origine d'Octobre 70. S'il vous plaît messieurs. Vous faites du tort à ce que vous croyez défendre.
    Tous les poèmes empruntent à d'autres poèmes. Tous les livres empruntent à d'autres livres. Ce que fait M. Micone très bien est même plutôt banal en littérature.
    Personnellement, quand j'ai lu votre poème M. Micone, il m'a fait chaud au coeur. Merci.
    Sébastien
    sebastien_harvey1@hotmail.com

  • Archives de Vigile Répondre

    29 février 2008

    correctif: 13è ligne: "parlez-nous de votre Charte" RBG

  • Archives de Vigile Répondre

    29 février 2008

    M. Marco Micone,
    j'aimerais comprendre votre texte, J'ai décidé de le lire comme si c'était un texte autonome. Speak What, ça veut dire quoi exactement. Qui prononce ces paroles et ces paroles s'adressent à qui?
    Il y a le "nous": "nous sommes cent peuples venus de loin"; "nous avions les mots de (...)" à l'imparfait donc nous n'avons plus les mots italiens, espagnols, russes ou japonais; "nos parents ne comprennent plus nos enfants": les parents parlent l'italien, par exemple, et les enfants parlent une autre langue: le français ou l'anglais?; "nous sommes étrangers:; "parlez-nous de votre Charte" la loi 101: pourquoi cet impératif? la Charte est-elle la bienvenue pour "partager vos rêves et vos hivers" ou est-elle sentie comme une imposition par le "vous" au "nous" des immigrants dont la langue maternelle est menacée.
    Il y a le "vous": "il est si beau de vous entendre parler de Nelligan et de Miron: il s'agit des Franco-Québécois à qui vous donnez un ordre: "parlez-vous de votre Charte" et à qui vous posez une question: "comment parlez-vous dans vos salons huppés? S'agit-il des Franco-Québécois bourgeois (huppés)? qui parlent comme des contremaîtres et dans quelle langue? "personne ne vous comprend à St-Henri et à Montréal-Nord" Pourquoi? "nous y parlons la langue du silence et de l'impuissance": est-ce le français? Qui parle de "productions, profits et pourcentages"? et dans quelle langue? et comme qui? "Imposez-nous votre langue (c'est la loi 101)"; ,"nous vous parlerons avec notre verbe bâtard et nos accents fèlés" en français mais avec un accent. De quoi? De notre histoire douloureuse autant que la vôtre "pour vous dire que vous n'êtes pas seuls".
    Si vous voulez avoir la gentillesse de m'expliquer. Après dix lectures, je suis toujours insatisfait. Il y a quelque chose de profondément ambigu dans votre texte. Ce titre de Speak what (répété), est-ce que c'est intrinsèquement nécessaire à votre texte à vous. Est-ce que la mise en parallèle avec Speak white est absolument nécessaire à la compréhension de votre texte? J'ai décidé de ne pas faire le parallèle pour voir si votre texte est autonome et pour éviter de me mettre en colère comme Gaétan Dostie qui n'est pas un "hurluberlu" encore moins un individu atteint de "crétinisme".
    Gaétan Dostie est un passionné de poésie québécoise. C'est une source documentaire et historique indispensable. Si un étudiant veut faire une étude sur un poète québécois ou sur la poésie québécoise, dans une rencontre d'une heure, Gaétan Dostie pourrait lui donner et lui expliquer cinq sujets de thèse de doctorat avec la documentation nécessaire.
    Si vous me répondez, je vous reviendrai. Votre texte m'irrite et je ne sais pas pourquoi. C'est embêtant. Comment se fait-il que votre appel du "nous" immigrant à la fraternité et au partage avec les Franco-Québécois ne m'atteint pas?
    Soit dit fraternellement, je suis d'origine italienne (j'ai passé les quatre premières années de ma vie dans le bas de la ville à Montréal chez mes grands-parents italiens (Piémont-Sicile) qui parlaient évidemment l'italien "cournoute", "va fan coule" (j'écris par oreille); je suis un docteur en lettres un peu rouillé mais ça me revient assez vite; j'ai enseigné la théologie en anglais deux ans au Loyola College (66-67;67-68); Gaétan Dostie a été mon éditeur chez Parti pris et j'ai de l'estime pour lui; vos qualificatifs m'ont fait de la peine. Si je revoyais Dostie, je lui serrerais volontiers la main. J'aimerais pouvoir dire qu'on vous fait une mauvaise querelle mais je ne le peux pas au moment où j'écris ces lignes. Ce que vous avez fait est extrêmement périlleux. Jusqu'à preuve du contraire, j'ai peur que votre poème ne soit pas le petit frère de Speak White mais en soit le parasite et je regrette de vous le dire, "paysan".
    P.S. Avant de vous écrire, j'ai lu le chapitre 3 du livre de Lise Gauvin "Langagement" qui analyse et compare Speak White et Speak What et je n'ai pas été satisfait.
    Robert Barberis-Gervais, Ph.D., Longueuil, 29 février 2008

  • Archives de Vigile Répondre

    29 février 2008

    M. Micone,
    Vous êtes donc indépendantiste. À ce sujet, je vous dois donc des excuses, que je vous prie d'agréer.
    Je persiste cependant à croire que votre poème rate le coche, fût-il paré d'honneurs, décoré, antologisé, etc.
    Il est surtout très blessant.
    Le français a été une langue coloniale, c'est un fait bien connu. Comme il est exact qu'une certaine caste de Québécois ont, depuis quelques décennies, choisi de jouer le jeu du néo-colonialisme, des platitudes idéologiques du capitalisme triomphant, etc., ce que je relève de votre texte.
    "Parlez-nous d'autre chose / des enfants que nous aurons ensemble / du jardin que nous leur ferons" : moi je veux bien. Il me semble d'ailleurs que ce désir est une évidence qu'à peu près tout le monde partage au Québec.
    Je crois néanmoins que ce poème que vous avez signé est habité d'un double esprit. Je l'ai d'ailleurs bien aimé quand je l'ai lu la première fois. Mais je l'ai relu, hélas. Et il me semble toujours, même après ces années, qu'il vise à blesser, à frapper où ça fait mal, chez un peuple dont peu de blessures ont eu à ce jour l'occasion de guérir. L'état est riche pourvoyeur de vinaigre pour ces plaies.
    "Speak what / que personne ne vous comprend"
    "imposez nous votre langue"
    "nous sommes étrangers / à la colère de Félix / et au spleen de Nelligan"
    Ces phrases, je veux bien croire que je les sors de leur contexte. Il est possible dans le corps du texte d'y voir autre chose que des attaques. Mais il faut mettre beaucoup de bonne volonté pour ignorer l'effet général que produit ce texte. S'il met tant de gens en colère, c'est que cette colère est précisément l'expression d'une douleur que vous devriez pourtant il me semble être en mesure de comprendre.
    Et s'il faut rétablir le contexte, alors il importe en premier lieu de reconnaître celui dans lequel tous les mots prennent leur sens, à savoir l'usage général qu'une société en fait. Et au Canada, qui depuis sa fondation (c'est-à-dire, n'en déplaise à certains, depuis la conquête de 1760) partage comme double mission de maximiser les profits d'une élite et d'écraser le peuple québécois, l'argumentaire du pouvoir repose toujours sur un discours fait de "nationalisme frileux et tribal des québécois ethnocentristes qui vont faire des camps de concentration et qui nuisent au progrès avec leur idéologie du XIXe siècle", enfin vous voyez le genre. À cette litanie s'oppose son miroir, celui voulant que l'anglais soit la langue de l'ouverture sur le monde et à toutes ses cultures, celle du progrès et de la liberté, etc. Tout cela est déjà chez Durham, qui n'a rien inventé. On retrouve la même chose quand les colonialiste anglais parlent de l'Irlande, de la Chine, de l'Inde, des Antilles, quand ils font la guerre aux révolutionnaires français, etc.
    Ce que je reproche à votre texte, c'est qu'il détourne un poème magnifique et qui insiste précisément sur ce que j'ai tenté de résumer ici. C'est l'expression d'une lutte solidaire. "La guerre, la torture et la misère", nous aussi on connaît.
    Les gens que vous tentiez de viser, si je vous comprends bien, ce sont ceux qui ont oublié cette solidarité. Or, s'ils contrôlent les organes de communication, si en bons laquais ils répandent partout la langue du maître, ils ne représentent guère l'ensemble du peuple québécois. Ils essaient seulement de nous le faire croire. Et je doute que ces gens soient très sensibles à la poésie de Michèle Lalonde. Ils préfèrent en général la prose d'André Pratte, si tant est qu'ils lisent autre chose que des colonnes de profits et de pertes, comme vous le remarquiez.
    Il est possible que votre poème ait été l'expression de quelque chose que le Québec gagnait à entendre. Votre colère est certainement sincère. Mais le geste que vous avez choisi ne peut à mon avis que manquer sa cible. Le ton employé résonne trop de l'argumentaire fédéraliste et réactionnaire. Je n'aurai pas l'outrecuidance de présumer que vous, qui êtes poète, n'êtes pas sensible à l'importance de telles résonnances.
    Je suis prêt à croire que vous visiez peut-être la bonne cible, mais avec ce poème vous ne pouviez qu'atteindre le coeur de ceux qui, que leurs propos soient habiles ou non, ne demandent qu'à relever la lutte avec vous. Y compris l'ami Dostie, à mon avis, bien que je ne saurais parler pour lui.
    Je vous aurai donc qualifié de fédéraliste réactionnaire. Ayant été qualifié, si je me souviens bien, d'idéologue frileux incapable de contrôler ses émotions, je considérai que nous sommes quittes. Si vous voulez vous faire une idée de mes positions, vous pouvez bien sûr consulter mes textes sur Vigile. Si vous considérez encore que mes positions sont intenables, et que nous sommes dans des camps irréconciliables, soit.
    S'il s'agit d'un malentendu, alors qu'il soit réglé. L'heure est propice aux changements. Il y a mieux à faire.
    Salutations,
    Christian Maltais
    P.S.: Je n'ai pas abordé ici la "question autochtone", pas plus que je n'ai mentionné que l'immigration en tant qu'outil politique et économique était autre chose que l'immigration du point de vue de celui qui quitte son pays d'origine. L'État canadien, qui n'est pas sans une immense responsabilité dans la perpétuation de ces situations que tentent de fuire les émigrés, gagne bien sûr à confondre les deux. Ce sera peut-être une discussion pour un autre jour. Allez ! à plus.

  • Archives de Vigile Répondre

    29 février 2008


    Même dans les sociétés les plus évoluées comme le Québec, il y a de tristes
    individus comme Gaëtan Dostie et Christian Maltais. Réactionnaires, frileux
    et obtus, ils nuisent à la réputation des francophones et discréditent le
    mouvement souverainiste.
    Je suis [souverainiste depuis bientôt 40 ans->archives/pol/anglo/miconejeremiade.html] en
    plus d'avoir contribué à la promotion du français par mes publications et
    mes interventions publiques.
    Speak What est à la fois un texte emblématique
    de la nouvelle identité québécoise (selon Pierre Nepveu), mais aussi le cri
    d'un immigrant qui veut être reconnu en tant que citoyen d'un Québec
    cosmopolite, français et tolérant.
    Je félicite M. Mathieu Gauthier-Pilote
    pour l'avoir compris et le remercie de l'avoir écrit.
    Marco Micone (francophone ayant l'italien pour langue maternelle). 29 février 2008


  • Mathieu Gauthier-Pilote Répondre

    28 février 2008

    Monsieur Maltais, votre opinion ne découle pas logiquement ni même intuitivement d'une lecture à froid du poème de Marco Micone. C'est la combinaison de votre parti pris idéologique, de votre rancœur personnelle contre ce que vous percevez être les positions politiques de l'homme, le sens de ses actions, et peut-être même votre hostilité envers l'homme lui-même (ou du moins l'image que vos préjugés vous en ont fait) qui vous font voir rouge.
    Il n'y a pas un seul élément d'analyse dans la diatribe vulgaire de Gaetan Dostie contre le poème de Marco Micone.
    M. Micone, loin d'être un « réactionnaire fédéralisant », est un souverainiste avoué depuis fort longtemps. Comme plusieurs autres, il croit que la Charte de la langue française « fonctionne » bien et que le français n'est plus vraiment menacé à Montréal. Bien que les progrès soient indéniables à plusieurs égards, je crois qu'il se trompe, surtout à la lumière des plus récentes analyses de Charles Castonguay et Marc Termote, mais ça ne change évidemment rien à mon appréciation de son œuvre, encore moins à celle de Michèle Lalonde.
    Dans leur ensemble, les opinions politiques exprimées par Marco Micone, celles que j'ai lues dans Vigile.net du moins, sont très sensées, fines et visent dans le mille à bien des niveaux.
    Le portrait qu'André Lachance a fait de lui dans Recto Verso en 1999 ne peut que le rendre encore plus sympathique, attachant et respectable à mes yeux.

  • Christian Maltais Répondre

    28 février 2008

    Monsieur Gauthier-Pilote
    Vous me permettrez de prendre quelques secondes pour vous suggérer qui si votre solidarité tous azimuth vous honore, elle est malheureusement mal investie dans votre lecture du triste poème de circonstance de Micone.
    Celui-ci utilise un des procédés les plus éculés des réactionnaires fédéralisants: tenter, par la honte, la calomnie et le rapprochement abusif, de nier que notre cause est par essence solidaire de tous les autres mouvements de libération de la planète. C'est une variation en vers d'un "Comment osez-vous" dont tout un chacun a ressenti l'injure à un moment où à un autre. C'est dans ce sens qu'il faut lire le dernier vers de ce pastiche aussi habile que grotesque.
    L'analyse de Gaetan Dostie demeure toujours aussi pertinente qu'elle est juste.

    Amitiés solidaires,
    Christian Maltais

  • Mathieu Gauthier-Pilote Répondre

    27 février 2008

    «Ce texte n’existe qu’en référence à l’autre et il est une exploitation de la célébrité du poème de Lalonde, en le mortifiant, le réduisant, le niant.»
    Au contraire, c'est tout sauf une négation. Speak What est le prolongement de Speak White, sa réactualisation à une époque postérieure à l'adoption de la Charte de la langue française :
    [...]

    [nous savons

    que nous ne sommes pas seuls.->http://www.francite.net/education/page142.html]

    est la belle et puissante conclusion de Speak White, qui se trouve prolongée dans Speak What par :
    [...]

    [nous sommes cent peuples venu de loin

    partager vos rêves et vos hivers

    nous avions les mots

    de Montale et de Neruda

    le souffle de l'Oural

    le rythme des haïkus->http://www.francite.net/education/page469.html]

    [...]
    [Imposez-nous votre langue

    nous vous raconterons

    la guerre, la torture et la misère

    nous dirons notre trépas avec vos mots

    pour que vous ne mouriez pas->http://www.francite.net/education/page469.html]


    [...]
    [nous sommes cent peuples venus de loin

    pour vous dire que vous n'êtes pas seuls.->http://www.francite.net/education/page469.html]

    Est-il besoin de démontrer en quoi l'un prolonge, honore, réactualise l'autre? Est-il si difficile de voir que le premier dénonce une grande injustice, sentie à l'échelle de la planète, alors que le second, en parfait accord, invite à l'édification d'une société nouvelle qui aura réussi à anéantir cette si vieille et si universelle injustice?
    Il faudrait faire mieux, il faudrait encourager la publication des deux, côte à côte, en de nombreuses traductions, et les disséminer partout sur le globe comme autant de manifestes indépendantistes pour la conservation de toutes les langues parlées par des peuples minoritaires, à commencer par les douze peuples autochtones du Québec qui sont menacés par la puissance des langues anglaise et française dans la plus pure indifférence de la majorité des Québécois.
    Pour les non-indépendantistes, c'est business as usual, mais pour nous, c'est franchement honteux et à s'ouvrir les veines.
    Et la solidarité, Monsieur Dostie, elle est pour les prisonniers politiques seulement ou pour tous les membres de l'espèce humaine, à commencer par ses propres concitoyens et confrères de plume?