Cégeps et universités : démission et médiation pour sortir de la crise !

Conflit étudiant - grève illimitée - printemps 2012

Si la ministre de l’éducation est contestée dans la rue, il faut aussi être au fait de ce qui se passe dans les collèges et universités… Non seulement Madame Line Beauchamp n’a plus la confiance des professeurs et employés, des cadres et des directions scolaires, mais un mélange de désespoir et de sourde colère anime toutes ces personnes, engagées de tout cœur dans et pour leur école, qui ont un devoir de réserve, mais qui constatent chaque jour l’aggravation des dommages causés par une gestion désastreuse de la crise.
Les intervenants du monde scolaire sont aussi témoins du désespoir de nombreux étudiants (détresse psychologique assortie de problèmes financiers, d’emploi, de logement, etc.), mais aussi du pourrissement d’un climat dans lequel se développent à la fois un décrochage d’étudiants qui ont abandonné l’idée de reprendre les cours, ainsi qu’une forte et dangereuse tension entre les étudiants favorables et ceux opposés à la grève.
Madame Line Beauchamp a fait perdre au Québec des millions de journées d’étude, du fait d’une stratégie irresponsable assortie de propositions délibérément élaborées pour faire diversion aux revendications, et susciter la division au sein du mouvement étudiant. Elle a fait perdre un temps précieux en lançant des débats viciés dans lesquels elle a démontré son ignorance de la langue (grève vs boycott), et son moralisme de façade l’a amenée à tendre aux organisations étudiantes un piège dont elle n’est peut-être pas tout à fait consciente de la perversité, dans l’utilisation du mot «violence».
Il suffit de réfléchir quelque peu à la portée de l’injonction faite par la ministre de l’éducation, sommant les organisations étudiantes de dénoncer la «violence», d’une manière abstraite et générale, comme si cela allait de soi, pour saisir, au-delà du fait qu’elle émane d’un gouvernement moralement douteux, l’irresponsabilité et la provocation qui se révèlent à travers un mélange de naïveté et d’ignorance linguistique et sociologique. La violence peut être morale ou verbale (y compris à l’Assemblée nationale …), physique ou psychologique, matérielle ou symbolique, économique, etc. … ! La violence peut être légitime ou illégitime, légale ou illégale; elle est relative aux valeurs et normes de chaque société ou groupe social. Comme on peut le constater, l’injonction de la ministre est dénuée de sens !
L’injonction morale de la ministre comprend aussi le terme d’«intimidation» : il s’agit de discréditer la démocratie directe pratiquée par les organisations étudiantes, et de porter ainsi atteinte à leur légitimité.
Il est rassurant de constater que la FECQ et la FEUQ ont rapidement saisi que l’injonction était piégée, en acceptant formellement l’acte de contrition exigé par la ministre, mais en l’assortissant d’une dénonciation de la violence illégitime d’un État détourné de ses fonctions par le PLQ, d’une violence policière exercée non seulement contre les étudiants, mais aussi contre les professeurs et même les journalistes. La FECQ et la FEUQ n’ont pas cédé à la tentation de briser l’indispensable unité et solidarité du mouvement.
Du côté de la CLASSE, elle est certainement consciente du fait que la ministre vise en particulier son organisation et sa combattivité, en lui tendant un piège grossier, exigeant d’elle de «condamner» toute forme de «violence», y compris ce qui relève des actions légitimes de mobilisation et de résistance qui font partie de l’existence de tous les mouvements sociaux, qu’ils soient étudiants, syndicaux, féministes, indépendantistes, écologistes, etc. L’injonction de la ministre, à la fois prétentieuse, naïve et perverse, est donc absolument et intégralement déraisonnable.
Stratégiquement, la CLASSE pourrait «condamner toutes les actions violentes» contre-productives qui nuisent au mouvement étudiant (y compris celles d’agents provocateurs à la solde de l’État), tout en déplorant la violence morale qu’elle subit de la part de certains ministres, ainsi que la violence policière commandée par le gouvernement contre les étudiants et professeurs, sans compter la violence économique qui résulte du dégel des frais de scolarité.
Pour mettre fin à la crise et au saccage gouvernemental de l’école, le premier ministre doit nommer sans délai un comité de médiation qui pourrait être sous la responsabilité de Monsieur Claude Castonguay, et démettre immédiatement la ministre de l’éducation de ses fonctions si elle n’a pas eu la sagesse d’offrir sa démission. C’est ce que demande majoritairement un milieu scolaire tenu au devoir de réserve, mais aussi de très nombreux citoyens tout aussi inquiets et profondément déçus.
Yves Claudé - citoyen, sociologue, et parent d’élève (20 avril 2012)


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