Ce que doit dire le Canada

Géopolitique — Proche-Orient


Comparaissant mardi devant un comité parlementaire, le ministre des Affaires étrangères, Peter MacKay, n'a pas réussi à faire taire les nombreuses critiques relatives à la position canadienne sur la crise du Liban. Il faut dire que M. MacKay n'a pas été très convaincant, continuant de donner l'impression que les chaussures de premier diplomate sont trop grandes pour lui. Pourtant, la voie empruntée par le gouvernement Harper n'est pas aussi indéfendable qu'on le dit.
Que reproche-t-on au gouvernement du Canada? On voudrait qu'il réclame, à l'instar de l'Union européenne, un cessez-le-feu " immédiat "; M. MacKay préfère insister sur la nécessité d'un cessez-le-feu " permanent et durable ". La réalité des dernières années justifie amplement ce point de vue. En effet, dans les faits, à qui s'adressent ceux qui exigent un cessez-le-feu immédiat? À Israël. Seulement à Israël. Car où étaient tous ces gens au cours des cinq dernières années alors que le Hezbollah attaquait l'État juif à répétition? Alors que la milice islamiste stockait les milliers de roquettes fournies par l'Iran, dont le président souhaite " rayer Israël de la carte "? Que n'ont-ils proposé, alors, l'intervention d'une force internationale?
Bien sûr, les tenants d'un cessez-le-feu immédiat affirment qu'il s'appliquera aux deux parties. Mais qui peut garantir que le Hezbollah le respectera, lui qui n'a cessé de harceler ce qu'il appelle l'" État provisoire "? Lorsque les armes israéliennes se seront tues, qu'arrivera-t-il aux deux soldats israéliens kidnappés? Aux milliers de roquettes pointées vers le sud?
Selon un sondage, une majorité de Canadiens voudraient que le Canada soit " neutre " dans le présent conflit. Une telle neutralité serait insensée. Entre Israël, un État démocratique, et le Hezbollah, un groupe terroriste, le gouvernement du Canada ne peut pas être neutre, pas plus qu'il ne l'est dans la guerre entre l'Occident et Al-Qaeda. La faille de la politique conservatrice ne se trouve donc pas dans le principe de son appui à Israël.
Car il y a bel et bien une faille. Appuyer de toutes ses forces le droit d'Israël de se défendre, comme l'a toujours fait le Canada, cela ne veut pas dire se taire lorsque le gouvernment israélien commet des abus ou des erreurs. Ottawa ne s'est d'ailleurs jamais privé d'exprimer son mécontentement à Tel-Aviv dans le passé. En 1996, au cours d'une précédente opération visant à mater le Hezbollah, une attaque de l'aviation israélienne fit une centaine de victimes civiles à Cana. Le ministre des Affaires étrangères de l'époque, Lloyd Axworthy, a immédiatement protesté auprès de son homologue israélien. Rien de tel de la part de M. MacKay 10 ans plus tard, alors que le village est la scène d'une tragédie similaire.
Aujourd'hui, alors que la démesure de la riposte israélienne saute aux yeux, alors que les Canadiens sont chaque jour bouleversés par les images de cadavres d'enfants, l'indifférence apparente d'Ottawa, et en particulier celle de notre premier ministre de glace, est intolérable. La politique canadienne depuis le début de la crise ne manque pas de fondements. Mais elle manque de nuances. Et surtout, elle manque d'humanité.

Featured e9ce29e1df8a56a11b26e68ffd733781

André Pratte878 articles

  • 317 147

[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé