Le premier ministre Jean Charest savait que sa décision de déclencher des élections provoquerait des réactions négatives. Il escomptait toutefois qu'elles seraient vite emportées dans le tourbillon de l'effervescence électorale. Erreur! Le malaise persiste. Il s'accroît même, au point que les politiciens avouent devoir aborder les électeurs avec d'infinies précautions.
Le chef du Parti libéral aurait dû se méfier. Les Québécois ne voulaient pas d'autres élections après celles du 14 octobre où, mécontents, ils ont refusé au premier ministre fédéral Stephen Harper le gouvernement majoritaire qu'il demandait. Jean Charest pensait avoir un bon argument en demandant un mandat fort pour affronter le ralentissement économique appréhendé, mais, justement, ce ralentissement n'est pour le moment qu'appréhendé. Il n'affecte pas encore la réalité quotidienne des électeurs. Ils ont d'autant moins compris le besoin de se rendre aux urnes que le plan d'urgence économique libéral aurait pu être mis en oeuvre en totalité sans recourir à l'appui de l'opposition à l'Assemblée nationale.
Difficile donc de soulever l'intérêt d'électeurs saturés de politique. Encore plus difficile de surmonter leur fatigue lorsqu'en plus aucun grand enjeu n'est soumis au débat. S'il y a une chose qui est absente de cette campagne jusqu'ici, c'est le renouveau. Le Parti québécois évoque à peine son projet de souveraineté. Le Parti libéral fait l'impasse sur le renouvellement du fédéralisme. Quant à l'Action démocratique, elle laisse au second plan ses ambitions autonomistes.
Peu de chose différencie ces trois partis les uns des autres depuis le début de cette campagne si ce n'est leur prétention mutuelle à pouvoir mieux gérer les affaires de l'État. D'où la multiplication de promesses quotidiennes, puisées aux programmes des années passées, à travers lesquelles chacun cherche à se distinguer tout en prenant soin de ne pas faire le compte de ces promesses pour ne pas effrayer. Ambition zéro. Tellement que les partis politiques n'ont pu attirer, sauf très rares exceptions, de nouvelles candidatures qui auraient pu créer un intérêt et rafraîchir le débat avec de nouvelles idées.
Ces dix premiers jours de campagne auront eu comme principal effet de conforter les électeurs désabusés de la politique dans leur sentiment. Si les trois semaines qui restent devaient être aussi peu stimulantes, on peut craindre un taux élevé de décrochage électoral le 8 décembre. Il est de bon ton de rappeler que voter est un devoir, ce que fait le Directeur général des élections, et il faut souhaiter que les électeurs ne se défilent pas au jour J. Mais il appartient aussi aux partis politiques de présenter aux électeurs un projet politique qui soit suffisamment stimulant pour les convaincre de l'utilité de voter. Sinon, à quoi sert une campagne électorale?
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé