Bonne fête Canada !

Canada Day 2008



Le 1er juillet était toujours beaucoup plus la fête du déménagement au Québec que la fête du Canada.
Autant la Saint-Jean est une célébration patriotique, autant la confédération laissait le Québécois moyen indifférent. Celui-ci ne se reconnaît toujours pas d'ailleurs dans le grand spectacle très bilingue présenté à Ottawa, retransmis par la télévision d'État, et qui regroupe des artistes que nous ne connaissons généralement pas ou si peu. Question de cultures.


À Québec, l'événement majeur était le lever du drapeau sur la terrasse Dufferin devant quelques centaines d'ardents fédéralistes âgés, sous les regards hébétés des touristes.
C'était jusqu'au 1er juillet 2007, devant l'hôtel de ville de Québec, jour où le drapeau du Canada, banni sous Jean-Paul L'Allier, fut réhabilité.
Transfiguration
La Ville de Québec avait souligné avec émotion quelques jours plus tôt le départ de 2000 militaires basés à Valcartier pour l'Afghanistan. L'assistance a observé avec recueillement la montée du drapeau au mât de l'hôtel de ville ; la revue de la Garde rouge du 22e Régiment par la ministre Josée verner adressant des sourires entendus à ces jeunes hommes au garde-à-vous, qui auraient pu être ses fils et elle a chaudement applaudi leurs musiciens.
J'ai senti ce jour-là, dans la petite foule entassée dans cet entonnoir, entre l'hôtel de ville et la basilique, une toute fraîche fierté d'être Canadiens et un sentiment d'appartenance redécouvert. La participation à cette guerre, si contestée soit-elle, avait rallumé des non-pratiquants, tout comme plusieurs retrouvent la foi dans le Christ face aux grandes épreuves ou à la mort.
Un phénomène précurseur, de nature différente mais un peu semblable néanmoins, s'était opéré l'année précédente à Saint-Joseph-de-Beauce, lorsque Stephen Harper était allé célébrer la Saint-Jean au pays de Maxime Bernier. Les Beaucerons sont certes majoritairement fédéralistes, mais ils sont aussi de fervents nationalistes. Le premier ministre du Canada se sentait visiblement chez-lui dans le patelin du légendaire juge Robert Cliche ; pour cette fête nationale, des Québécois et les Beaucerons étaient en communion avec lui.
Dans les deux cas, la Saint-Jean de Stephen Harper à Saint-Joseph-de-Beauce et le 1er juillet 2007 à Québec, j'ai senti que le Québec et le Canada, les Québécois et les Canadiens, se fondaient vraiment, de plus en plus, en un. La présence à Ottawa d'un gouvernement conservateur en remplacement des libéraux oppressants joue pour beaucoup. Faute de meilleur argument, les leaders souverainistes diront que ce n'est qu'illusion, que le régime fédéral lui-même dessert le Québec et qu'il doit être cassé. Ils se réfugient dans leur confort politico-intellectuel.
Remontée fédéraliste
L'option de la souveraineté du Québec a beaucoup reculé depuis 1995. Je n'ai que davantage d'admiration pour l'engagement démontré par les militants indépendantistes, tant qu'ils font la promotion de leur cause avec dignité et dans le respect des idées de ceux qui favorisent un autre choix. Ce n'est malheureusement pas toujours le cas. J'espère que ce sera leur attitude demain. Il n'y a pas de «traîtres», ni de «vendus» ni «d'ennemis» ni de «collabos», et pas plus de minus habens parmi les Québécois fédéralistes que dans le clan souverainiste.
La société québécoise évolue tout simplement dans la direction opposée à la leur depuis 1995, vers l'utopique unité canadienne évoquée lors des deux campagnes référendaires, et du même coup elle apprivoise «sa» fête du Canada.


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