Bombe à fragmentation politique

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C'est le Canada anglais qui va reprocher à Trudeau son ingérence en faveur de SNC-Lavalin

CHRONIQUE / La démission de la ministre fédérale Jody Wilson-Raybould n’est que le plus récent épisode d’une bombe à fragmentation politique pour Justin Trudeau. Tant que la lumière ne sera pas faite sur cette affaire, cette bombe nommée SNC-Lavalin continuera de provoquer des dégâts pour son gouvernement — et peut-être même après.


Avant que cette histoire n’éclate, François Legault avait fait part à Justin Trudeau de son désir que la firme québécoise puisse éviter un long procès qui la priverait de contrats publics fédéraux pendant 10 ans — si tant est qu’elle devait être reconnue coupable; un procès qui nuirait à ses affaires en général et menacerait de nombreux emplois.


Le premier ministre du Québec souhaite depuis un moment déjà que le bureau du procureur général du Canada opte pour un «accord de réparation» plutôt que pour un procès criminel. Qui pourrait donner tort à M. Legault, compte tenu des enjeux économiques?


Le risque, c’est le bureau du premier ministre canadien qui l’a entièrement pris par la suite. Avec le prix que l’on sait. Mais il faut être clair là-dessus : s’il était resté les bras croisés, Justin Trudeau se serait fait reprocher, à raison, et particulièrement au Québec, de ne pas au moins avoir exploré ce qui était légalement possible de faire pour assurer la survie d’une entreprise aussi importante et stratégique que SNC-Lavalin.


Mais comment même discuter d’une voie légale parallèle avec son gardien du système de justice sans lui suggérer plus ou moins subtilement d’opter pour celle-ci? C’est là que tout se complique. La frontière est mince, sinon poreuse.


Sur le fond, M. Trudeau et son entourage ont eu raison de ne pas demeurer les bras croisés. Sur la forme, il faudra attendre d’en savoir plus pour trancher.


Voilà pourquoi le secret professionnel auquel est tenue l’ex-ministre de la Justice et procureure générale du Canada, Jody Wilson-Raybould, devrait être levé. Il n’existe pas d’autre façon de pouvoir juger si Justin Trudeau ou son entourage ont franchi une ligne rouge, si des pressions indues ont été exercées sur elle lorsqu’elle était à la Justice.


Un rappel : avant de démissionner mardi du conseil des ministres canadien, Jody Wilson-Raybould avait d’abord été rétrogradée par M. Trudeau de son poste de ministre de la Justice à celui de responsable des Anciens Combattants. Cette affaire de SNC-Lavalin a éclaté par la suite. Les remaniements sont souvent à haut risque.


Pour l’heure, il faut bien voir que, politiquement, cette affaire fera plus de tort à Justin Trudeau dans le reste du Canada qu’au Québec. Elle ajoutera à ses difficultés à l’ouest de l’Outaouais. SNC-Lavalin est d’abord vue comme une entreprise du Québec.


Cannabis: pas de recul!


Du côté de l’Assemblée nationale, à Québec, plusieurs groupes brillent par leur absence aux consultations sur le projet de loi resserrant les règles sur la consommation de cannabis. Il est vrai que certains ont été invités à la toute dernière minute et n’ont pas eu le temps de se retourner. Mais il y a autre chose.


Les observateurs savent que le gouvernement Legault ne modifiera pas les dispositions fondamentales de son projet de loi. Les jeux sont bel et bien faits. Que cela plaise ou non, le gouvernement ne reculera pas sur ce qui a constitué un engagement phare de la Coalition avenir Québec depuis l’automne 2017.


Ces désistements font néanmoins naître une perte de parole publique. C’est dommage.




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