Bilan du gouvernement Couillard : 2016, l'année du virage raté

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Un bilan désastreux confirmé par les sondages

Pour le gouvernement Couillard, l'année 2016 aura été celle du virage raté.
Après deux années marquées par le dogme du déficit zéro, acquis au prix d'importantes compressions budgétaires et de pression accrue sur les services publics, le gouvernement de Philippe Couillard a cherché en 2016 à chasser l'image d'austérité qui lui collait à la peau.
Il espérait ainsi amorcer la deuxième moitié de son mandat sur une note plus positive, grâce à d'inespérés surplus soudainement apparus dans les coffres lui permettant enfin de semer les millions à tout vent.
Mais les choses n'ont pas été aussi simples. Le changement de ton sur l'état des finances publiques, couplé à des annonces à coups de centaines de millions de dollars, notamment en santé et en éducation, n'ont pas suffi à changer son image, ni à rehausser sa cote de popularité.
Au lieu de cela, le gouvernement a dû tout au long de l'année composer avec une série de tuiles, de scandales et de déconvenues qui n'ont en rien contribué à maintenir le précieux lien de confiance avec la population.
Le premier ministre Philippe Couillard a beau affirmé qu'il a « littéralement sauvé le Québec » d'un prétendu gouffre financier, la population semble encore hésiter à le croire sur parole, après 32 mois de pouvoir.
L'appui fort timide au Parti libéral du Québec (PLQ) lors des quatre élections complémentaires tenues le 5 décembre a témoigné avec éloquence de ce désenchantement certain d'une partie des électeurs francophones envers le gouvernement.
Dans Saint-Jérôme, la performance du PLQ a été désastreuse, avec un score de 10 %, du jamais vu. Il avait obtenu le double en 2014. Dans Marie-Victorin, avec 13 % d'appui, le PLQ s'est classé quatrième, derrière le Parti québécois, la Coalition avenir Québec et Québec solidaire, là encore du jamais vu. Dans Verdun, une forteresse libérale, son vote a chuté de 50 % en 2014 à 35 % en 2016.
C'est ce qu'on appelle une sonnette d'alarme.
Un des défis du premier ministre sera sans doute de convaincre une partie de la population que ses choix de rigueur budgétaire, que certains qualifieront d'extrême, n'ont pas miné les services attendus de l'État, comme il le prétend depuis deux ans.
L'ex-protectrice du citoyen, Raymonde Saint-Germain, n'est pas venue à sa rescousse, dans un rapport dévastateur, paru en septembre. L'équilibre budgétaire, selon ce qu'elle a constaté et documenté, a été atteint au prix d'une réduction des services directs rendus à la population, particulièrement en santé, où les listes d'attente s'allongent indéfiniment de façon inquiétante.
Sa conclusion : la situation a atteint un point critique. Réponse du premier ministre : « Ce n'est que du vent ».
Le virage souhaité a aussi été compliqué par les questions éthiques, revenues hanter le gouvernement, même si le premier ministre Couillard a cherché, encore là, à balayer les erreurs du passé.
Un sondage Léger est venu lui rappeler en novembre que 79 % des Québécois francophones jugeaient son gouvernement aussi ou plus corrompu que ses prédécesseurs.
Au même moment, on apprenait que le PLQ avait dû rembourser 550 000 $ au Directeur général des élections, pour des contributions reçues illégalement dans le passé.
En parallèle, M. Couillard a dû aussi composer avec les faiblesses de son caucus et de son cabinet. En avril, Sam Hamad a dû quitter le conseil des ministres, éclaboussé par des allégations de subvention majorée à la firme Premier Tech. En juin, le Commissaire à l'éthique jugeait qu'il avait bafoué les règles de base du code d'éthique des parlementaires.
En août, Jacques Daoust démissionnait de son poste de ministre des Transports et quittait la vie politique, critiqué pour son rôle obscur dans la liquidation des actions d'Investissement Québec dans Rona à la fin 2014.
En octobre, le député libéral de Laurier-Dorion, Gerry Sklavounos, s'est retrouvé au coeur d'un scandale sexuel, et a été exclu du caucus libéral par le premier ministre.
Après deux années marquées par le contrôle des finances publiques, le premier ministre Couillard avait procédé à un remaniement de son équipe, en janvier, pour redonner un nouvel élan à son gouvernement, mais les résultats ont été mitigés.
On s'attend à ce qu'il fasse de même en janvier prochain, toujours en poursuivant le même objectif de présenter un visage différent, moins austère, davantage axé sur le développement économique et les réinvestissements dans les services à la population.
Ce nouveau jeu de chaises musicales, en cette troisième année de mandat, éventuellement suivi d'un discours d'ouverture d'une nouvelle session parlementaire, devrait permettre le retour de Pierre Moreau, après une année d'absence pour cause de maladie, et favoriser l'arrivée de nouveaux visages, comme celui de la nouvelle députée de Verdun, Isabelle Melançon.
Il pourrait aussi en profiter pour corriger le tir et revoir les responsabilités de certains ministres ayant eu plus de difficulté que d'autres, comme la ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, critiquée pour les délais indus dans les cours de justice pouvant mener à l'avortement en série de procès criminels, sans compter son apparente incapacité à imposer son projet de loi 62, qui laisse la voie libre au port de signes religieux à quiconque sans distinction.
Un autre défi du gouvernement sera de maintenir un climat harmonieux avec Ottawa, alors que le gouvernement Trudeau tarde à trancher dans plusieurs dossiers importants pour les finances du Québec, dont l'aide à Bombardier, les paiements de transfert en santé et le soutien financier aux entreprises forestières frappées par le conflit sur le bois d'oeuvre.
M. Couillard misera surtout sur la création d'emplois pour faire tourner le vent et accroître la popularité de son gouvernement, qui cherchera à tabler sur la baisse récente du taux de chômage, rendu à 6,8 %.
Mais l'année 2017 pourrait être plus difficile à ce chapitre, avec l'élection d'un gouvernement américain plus ouvertement protectionniste que jamais. À court terme, dès avril, avec la possible imposition de droits compensatoires, pas moins de 60 000 emplois seront en jeu au Québec dans le secteur forestier.
La volonté affichée par le président désigné Donald Trump de renégocier l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) n'augure, non plus, rien de bon pour les entrepreneurs québécois dans l'année qui vient.
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