Lettre pour le français à l'UQÀM

Bienvenue à la « Montreal School of Economics and Politic Science » !

cet acte constitue une odieuse trahison

Le français — la dynamique du déclin


Ceux qui vivent vraiment, sont ceux qui luttent !
Victor Hugo



Le 16 juin 2003, Pierre Bourgault terminait son voyage sur Terre. Avant de nous quitter vers l’au-delà, il nous adressa deux messages. À ceux qui ont l’expérience, il leur dit « il faut toujours rester fidèle à ses rêves de jeunesse ». Quant à nous, la génération montante, il nous lègue la tâche immense, voire héroïque. Celle de passer à l’action, et ce, sans plus attendre, en participant à l’indépendance nationale afin qu’elle devienne notre réalité en volant une fois pour toutes, de nos propres ailes. Puisqu’il s’agit de la seule véritable façon de participer à cette grande marche de l’humanité et laisser finalement sa marque dans le monde.
Pour un héros de la langue française comme Pierre Bourgault, l’émancipation de notre peuple passe inexorablement par l’amour, la défense et la fierté de notre Majesté née du lys aux accents d’Amérique! Évidemment, son apprentissage, comme toutes les choses qui en valent la peine, demande effort et persévérance. Or, depuis la Conquête, chaque jour pour les Québécois l’existence reste synonyme de résistance et exige de nous tous une constante vigilance. Le moindre faux pas devient un pas de trop vers la médiocrité de l’assimilation.
Comment expliquer alors que l’Université du Québec à Montréal, par l’entremise de son conseil d’administration, ait eu la « brillante » idée, pour souligner son quarantième anniversaire, d’inscrire pour sa session d’automne 2009 six cours d’économie dans la langue de Shakespeare? De plus, cette annonce est diffusée depuis le 28 mai dernier en pleine session d’été. Bien entendu, la « bonne nouvelle » demeure propagée à l’interne pour ne pas alerter les médias et l’opinion publique qui pourraient crier au scandale. Il m’apparaît alors visiblement malhonnête que notre université du peuple agisse ainsi, puisqu’elle avait déjà essuyé un refus catégorique de la part du syndicat des professeurs il y a quelques années. Donc, les membres du conseil d’administration et la direction de l’École des sciences de la gestion outrepassent leurs propres règles en se moquant de la démocratie et de l’Histoire.
La question est de savoir pourquoi et dans quels buts? On donne pourtant à l’UQÀM, depuis le début de sa fondation, des cours d’anglais, dont celui des affaires. Il y a aussi deux institutions montréalaises reconnues (McGill et Concordia) qui offrent un cursus complet dans cette langue riche…
Pour se justifier, la direction de la future « Montreal School of Economics and Political Science » nous lance comme arguments : « permettre l’accueil d’étudiants internationaux désireux de poursuivre leur formation en anglais ». Et, à la population estudiantine d’ici, elle adresse ce message « améliorer vos habiletés en anglais, ou simplement pour le plaisir ». À ce que je sache jusqu’à maintenant, l’Université du Québec à Montréal demeure un établissement d’enseignement de langue française. Or, elle exige la réussite d’un examen de français qui atteste nos compétences au moment de notre entrée. De plus, la fondation de l’UQÀM fait suite au mouvement historique « McGill Français ». En ce qui concerne ceux qui veulent s’améliorer dans ce dialecte et parfaire leur cursus, mon conseil : « partez en voyage à l’étranger ou étudiez dans une autre institution, c’est très enrichissant à ce qu’il parait ». D’ailleurs, les voyages forment la jeunesse. Et s’il vous plait, ne soyez pas comme ces gens amnésiques ou inconscients qui participent « pour le plaisir » à l’anglicisation de notre métropole.
Outre mon propos à saveur nationaliste, je tiens à dire que je ne suis pas un xénophobe, anglophobe, voire raciste! Naturellement, en tant qu’étudiant en sciences économiques, politiques et sociales, je trouve nécessaire et agréable d’apprendre plusieurs langues et pas seulement l’anglais. Cependant, je réagis ainsi uniquement par amour de Sa Majesté, la langue française, une langue d’État, internationale et parlée dans cinq continents. C’est pourquoi je déplore et dénonce ici ce geste lâche qui pour des raisons économiques et politiques détourne selon moi la véritable mission et le mandat de notre grande université. Bref, à tous mes chers amis universitaires nous sommes les ambassadrices et ambassadeurs du savoir-faire et de la science de la seule nation d’Amérique de langue française et cela doit être synonyme de fierté. Aux décideurs et à toute la population, il est encore temps d’agir, car pour les illustres Johnson, Aquin, David, Miron, Bourgault et bien d’autres, cet acte constitue une odieuse trahison.
***
Jean Claude Sylvain Guay

Étudiant au baccalauréat en sciences économiques, politiques et sociales


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4 commentaires

  • Simon-Pierre Savard-Tremblay Répondre

    4 septembre 2009

    Le Forum Jeunesse du Bloc Québécois a pris position sur cet enjeu: http://www.fjbq.org/index.php?id=32&tx_ttnews[tt_news]=203&tx_ttnews[backPid]=2&cHash=1b6aa9c18a
    Par la présente, nous souhaitons féliciter l'action du militant Jean-Claude Sylvain Guay, qui par cette lettre a incité Le Devoir à enquêter sur cette dangereuse porte ouverte et
    à lancer le débat dans toute la société québécoise, poussant également les libéraux au pouvoir à montrer leur vrai visage.
    Bravo Sly, comme ceux qui te connaissent bien aiment te surnommer amicalement!
    Simon-Pierre Savard-Tremblay,
    responsable du contenu, FJBQ

  • Archives de Vigile Répondre

    2 septembre 2009

    Monsieur Guay,
    Félicitations pour votre excellent article! Fait curieux, nous n'avons pas
    encore eu de réactions du PQ qui prône la souveraineté (hic!) et qui ne fait rien pour alarmer
    le peuple québécois du problème linguistique qui se détériore de plus en plus au Québec.
    Rien pour dénoncer le gouvernement de John James Charest qui n'a qu'une chose
    en tête soit celui de rendre le Québec bilingue. Ne jamais oublier que le bilinguisme,
    c'est la dernière phase avant l'assimilation du français au Québec. Je le dis et je le répète, notre élite politique (hic!) est vendue aux intérèts de Power Corporation et de
    l'establishment canadien et américain. Vite un nouveau Bourgault pour brasser la
    cage!. Mais qu'attend le peuple pour descendre dans la rue et manifester son mécontentement face à ce gouvernement pourri qui ne gère que pour plaire à la
    petite minorité anglophone qui ne représente qu'à peine 10% de la population
    québécoise? Il est plus que temps que nous nous comportions en peuple majoritaire au Québec, ne trouvez-vous pas? Je viens d'envoyer un courriel à la ministre
    Courchesne qui dans Le Devoir, d'aujourd'hui, dit ne pas s'offusquer de l'offre de cours en anglais à l'UQUAM. Les gens devraient faire comme moi et lui laisser
    savoir, qu'au Québec, c'est en français que ça doit se passer. Notre langue, notre
    culture et notre identité ne sont pas marchandables!
    Merci de votre attention
    A.Gignac le 2-9-09

  • Archives de Vigile Répondre

    1 septembre 2009

    Cela fait du bien de vous lire M. Guay.
    Après le CÉGEP Édouard-Montpetit et ses cours en anglais, voici l'UQUAM. Comme si la rue Amherst n'était pas suffisante. Pour moi, c'est évident il faut s'élever contre un tel masochisme culturel et s'élever contre les élites (doyens d'universités par exemple) gouvernements municipaux, provincial et fédéral, gouvernés par des fédéralistes et colonisés et s'élever pour le pays du Québec.
    Daniel Roy, C.A.

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    1 septembre 2009

    Incroyable! J'avoue que ça, je ne l'avais pas vu venir. Des cours de gestion en anglais à l'UQAM!
    Que des étudiants en administration des affaires ou gestion, suivent des cours pour améliorer leur anglais (mais aussi apprendre d'autres langues, et si besoin perfectionner leur français), soit. Mais des cours de «management» donnés entièrement en anglais ?!?
    Que l'on me permette de dire, dans cette langue qui semble leur être si chère, Shame on you, University of Quebec in Montreal!
    Excusez-moi, mais qu'est-ce que cela donne à notre nation québécoise, de financer ainsi, avec ses impôts, son université d'état... pour que le chapître montréalais de cette dernière, donne des cours en anglais? Il y a un bon ménage à faire là-dedans, et vite!