Baliser la voie

Hérouxville - l'étincelle



Maintenant que d'autres municipalités songent à adopter des "normes de vie" semblables à celles d'Hérouxville, il est temps que nos responsables politiques interviennent haut et fort.
Pas pour exprimer l'évidence, c'est-à-dire que la lapidation est un crime qui conduirait son auteur en prison (et pour lequel aucune circonstance atténuante ne sera jamais admissible). Mais pour rassurer les nombreux citoyens inquiets devant les aménagements consentis au nom de préceptes religieux ou culturels. Certains sont parfaitement justifiés, d'autres pas du tout.
Une intervention solennelle de nos élus aurait le mérite de rappeler à tous les principes phares qui guident cette société. À tous, c'est-à-dire à ceux qui craignent une dérive, comme à ceux qui, minoritaires dans leur communauté, sont tentés de repousser les limites.
Personne ne doit prendre de haut le texte adopté par la petite municipalité d'Hérouxville, en Mauricie. Il est trop facile d'en rire. Le problème est qu'il stigmatise gravement les immigrants en laissant croire qu'ils sont des "lapideurs" potentiels. Qu'on le veuille ou non, il révèle par contre une réelle inquiétude.
L'Assemblée nationale peut faire oeuvre utile. Comme elle l'avait fait il y a deux ans en adoptant une résolution indiquant que les tribunaux islamiques n'avaient pas leur place au Québec.
Cette résolution sur les accommodements raisonnables devrait s'inspirer de textes qui existent déjà. Celui qu'on retrouve sur le très officiel site Internet du ministère québécois de l'Immigration et des Communautés culturelles, par exemple.
Citons-en des extraits : "L'État est laïque. L'indépendance des pouvoirs politiques et religieux est une valeur fondamentale de la société québécoise (...). L'expression violente des rivalités ou des haines ethniques, politiques et religieuses n'est pas tolérée." Ce texte réfère à la Charte québécoise des droits et libertés, qui proclame l'égalité entre les hommes et les femmes.
Même s'ils diffèrent d'approche, le libéral Jean Charest, le péquiste André Boisclair et l'adéquiste Mario Dumont devraient favoriser l'adoption unanime d'une résolution du genre.
Ils devraient s'y atteler dès la rentrée parlementaire, le mois prochain. L'idéal serait qu'elle soit adoptée avant le déclenchement des élections. On éviterait ainsi les dérapages verbaux dans une période propice aux raccourcis et aux exagérations.
L'adoption d'une résolution à l'Assemblée nationale revêt un caractère strictement symbolique. Mais il n'y aurait pas de meilleur moyen pour rappeler à tous que les textes codifiant les valeurs québécoises existent déjà, tout en faisant mieux connaître leur contenu.
Un tel geste ouvrirait la voie aux recommandations que formulera, en juin, le comité créé pour aider les directions d'école à distinguer les accommodements pouvant être considérés raisonnables des autres. Ces balises sont attendues avec impatience dans plusieurs écoles.
Il en faudrait de semblables pour le réseau de la santé et des services sociaux, ainsi que pour le monde du travail.
En fait, partout où des responsables sont laissés à eux-mêmes et ne savent pas quelle réponse apporter à des problèmes plutôt complexes.
Ces administrateurs postés aux premières lignes, dans les YMCA et ailleurs, tentent de bonne foi de trouver des solutions, mais le font parfois maladroitement. Ils ont besoin d'outils, de lignes directrices. C'est d'autant plus important que le Québec et le Canada doivent favoriser l'immigration.
Car, c'est bien davantage au chapitre des décisions de tous les jours que le bât blesse que dans les véritables accommodements raisonnables, qui eux découlent de décisions de tribunaux.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé