Avortement et éducation sexuelle : bilan et échec

Tribune libre 2008



Depuis vingt ans l’avortement est décriminalisé au Québec et c’est un
droit acquis. Sauf que toute progression ou évolution sociale est composée
d’arrêts, de détours, de bonds et parfois même de chutes. Cela dit, à quel
moment de l’histoire revisite-t-on l’état de la situation pour l’évaluer ?
Selon l’Institut de la statistique du Québec, il y a eu 28 255
interruptions volontaires de grossesse (ou avortement) pour l’année 2006.
Une légère diminution en comparaison avec 2004, alors que le Québec avait
atteint un sommet de tous les temps (29 460). La tendance est lourde depuis
plusieurs années, alors que l’on comptait 7 139 avortements en 1976. Entre
1986 et 2006, il a eu tout près de 530 000 avortements au Québec, en
excluant les statistiques compilées par les CLSC. Par ailleurs, uniquement
pour 2005, la RAMQ a remboursé 30 700 ordonnances de « pilules du lendemain
» aux femmes âgées de 15 à 44 ans. Le nombre d’ordonnances a doublé en
seulement deux ans (15 100 en 2003).
La contraception orale (la pilule) et la stérilisation féminine
plafonnent, sauf pour la stérilisation masculine qui augmente. Aucune
donnée empirique sur l’utilisation des méthodes naturelles
(sympto-thermique ou Billings, par exemple). Selon une étude canadienne, le
condom est utilisé par 60,4 % des hommes (51,2 % des femmes) âgé(e)s de 20
à 24 ans. Malgré cela, c’est chez ce groupe de femmes que l’on compte le
plus d’avortements.
En additionnant les ordonnances et les avortements pratiqués annuellement,
le total est impressionnant. Une question s’impose ici : est-ce qu’on a
priorisé au Québec les méthodes abortives au détriment de l’éducation
sexuelle ?
L’éducation sexuelle et les responsabilités qu’elle engendre, autant chez
l’homme que la femme, semblent déficientes en analysant ces données. À
l’heure actuelle, l’État donne comme de « petits bonbons » les « pilules du
lendemain » et s’offre comme « coussin de sécurité » pour les grossesses
non désirées. D’une part, est-ce des mesures efficaces pour responsabiliser
les personnes envers leur propre sexualité ? D’autre part, l’explosion du
nombre d’avortements serait-elle alors le reflet d’un échec des
contraceptions au Québec ?
À ce moment précis, si vous cherchiez à positionner mon texte à
l’intérieur d’un quelconque appui aux groupes pro-choix ou pro-vie, c’est
que je n’ai pas réussi à transmettre l’essence de mon message.
En un mot, le recours aux méthodes abortives comme contraception (?) doit
nous interpeller, collectivement et individuellement, à revoir nos méthodes
d’éducation sexuelle et de contraception. Si les Québécois(e)s sont aussi
progressistes qu’ils aiment bien se définir, ils regarderont alors
objectivement la situation et prendront en charge leur sexualité.
Christian Bergeron
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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