ATCHUM !

Chronique de Patrice Boileau


Rassurez-vous : je ne contaminerai quiconque parcourra ces lignes. Cet éternuement n'est pas le résultat des premières manifestations que la saison froide nous amène depuis quelques jours. Je n'ai pas le rhume. Encore moins la grippe.
Cette onomatopée émane plutôt d'une allergie qui m'affecte de plus en plus. J'avoue que cette intolérance a décuplé cette semaine. Mon aversion envers le gouvernement libéral est en effet devenue viscéralement profonde après avoir entendu les derniers commentaires de plusieurs ministres qui le composent. J'ose à peine imaginer ma réaction si ce ramassis de mollassons devaient recevoir la confiance de la population une seconde fois...
Il y a eu tout d'abord le commentaire de Monique Jérôme-Forget sur les ondes de la radio de la Première chaîne de Radio-Canada le jeudi 2 novembre dernier, dans le cadre de l'émission de fin d'après-midi. La présidente du Conseil du trésor y justifiait péniblement la décision de son gouvernement de reporter une nième fois le début des travaux de construction de l'Hôpital universitaire francophone à Montréal.
L'argumentaire pitoyable utilisé par la député de Marguerite-Bourgeoys a confirmé ce que tous les Québécois savent depuis déjà longtemps : soit son insignifiance inouïe. Oser dire qu'il faut du temps pour bien préparer les appels d'offre, affirmer que la réalisation de ce dossier ne peut se faire rapidement est une insulte à l'intelligence. Ce gouvernement est en place depuis avril 2003 : n'a-t-il pas joui de toute la latitude requise pour faire aboutir ce projet qui piétine depuis 1991?
Monique Jérôme-Forget a piteusement ajouté qu'il ne pouvait être question d'ériger un seul hôpital : « on ne peut laisser les patients dormir dans la rue », s'offusque t-elle! Je les plains, les pauvres, car on prévoit que le mercure sera sous zéro lors des prochaines nuits! J'espère qu'on leur fournira une « grosse doudoune » pour qu'ils s'enrobent bien dans leur civière... La ministre de l'Administration gouvernementale prétend donc que la construction des deux hôpitaux universitaires remplacera d'autres établissements de soins de santé destinés à fermer bientôt, puisque sans leur érection, ce scénario catastrophe se produirait... Pur mensonge : il n'est aucunement question de mettre la clé dans la porte d'un hôpital après les travaux. Qui plus est: en décidant de construire un seul centre hospitalier plutôt que deux, on ne peut diminuer le nombre de places et faire souffrir les gens: les lits n'existent pas encore, madame la ministre...
Philippe Couillard s'est caché derrière le « syndrome de la première pelleté de terre » pour tenter de convaincre les Québécois que tout se déroule parfaitement. Il n'y a rien d'anormal avec l'échéancier de la construction du CHUM : le nouveau retard que les spécialistes relèvent n'est que le fruit de leur anxiété de voir le chantier se mettre en branle. Lorsque le coût global du projet fut majoré de 1.3 milliard de dollars, il y a environ un an, avant même que la « symbolique pelleté » soit croquée par les médias, le ministre de la Santé n'y a vu à nouveau aucun signe de dérapage. Son gouvernement se targue même d'être un exemple de rigueur budgétaire, contrairement aux péquistes « et leur métro. » Visiblement, il faudra maintenant beaucoup plus que 3,6 milliards de dollars pour financer la fête libérale. Un autre stade olympique? De quoi rendre malade!
Et voilà Benoît Pelletier qui rampe devant le Canada en le suppliant de balbutier le mot nation... L'homme est effondré face au refus complet de ses patrons de renouveler le fédéralisme. Le pauvre gémit qu'il faudra bien qu'Ottawa inscrive un jour un mot gentil sur le Québec, dans sa Constitution. Qu'attend Benoît Pelletier pour avoir le courage de tirer des conclusions, lui qui veut « le progrès et le développement » pour les siens? Est-il malade?
Claude Béchard, ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, dépossédé de 328 millions de dollars par le gouvernement canadien, savourera son voyage au Kenya avec la ministre fédérale Rona Ambrose, celle qui a désavoué la semaine dernière sa stratégie visant à diminuer les émissions de gaz à effet de serre du Québec. Il triomphera à ses côtés, à Nairobi, surtout lorsqu'elle annoncera au monde que le pays du député de Kamouraska-Témiscouata exige l'annulation du protocole de Kyoto. Ne voit-il pas que ces superbes régions du Bas-du-Fleuve et des Appalaches n'ont rien à voir avec cette délirante décision de la porte-parole canadienne? Que non! L'homme houspillé, menotté par la Constitution canadienne, se conforte à l'idée d'avoir la faculté de « paralyser le Québec en se levant le matin, s'il décide de ne rien signer. » C'est ce qu'il a puérilement révélé à l'émission « Tout le monde en parle » de Radio-Canada dimanche dernier, devant un auditoire médusé. Malade, vous dis-je...
Ne manquait plus que le chef de la bande qui débarque pour « annoncer » que l'autoroute 30 sera prolongée en Montérégie! Mais pour qui prend-on les Québécois? Ils n'ont pas besoin de 30 cérémonies avant que l'autoroute soit finalement allongée... De plus, le nouveau tracé libéral doit bousiller des terres agricoles parmi les plus fertiles du Québec, au lieu de suivre la route 132 comme prévu. Les terrains qui longent cette artère sont d'ailleurs expropriés depuis longtemps en prévision de son élargissement... Une décision douteuse qui pue. La société civile devra encore livrer bataille. Jean Charest est assurément malade d'agir de la sorte à l'approche d'une élection générale au Québec.
Ce groupe de fédéralistes qui nous dirige a perdu tout sens de l'honneur. Il traîne dans la boue un peuple qui n'a pas demandé de le suivre dans sa déroute. Il s'est écroulé face à l'attitude méprisante de son « partenaire canadien » quant à son intégrité nationale. Les gifles qu'il a reçues dernièrement d'Ottawa l'ont amené à s'aplatir davantage en réclamant de la pitié pour que s'entrouvre la porte constitutionnelle. Jean Charest y a vu là « sa stratégie des petits pas », commentaire donné lors d'un point de presse à la dérobade, pour expliquer l'humiliante position de son gouvernement. Le chef du PLQ, pour noyer le poisson, espère diluer l'esclandre de l'élite canadienne en décrétant être le défenseur de toute la francophonie hors Québec. Lamentable.
Pas étonnant que cette absence totale de cohésion amène le gouvernement Charest à agir de la même façon dans les autres dossiers. Plus rien n'embarrasse les libéraux qui multiplient les volte-face grossières et qui se rient de leurs engagements initiaux. Il est intenable de les entendre ou de les voir au petit écran faire étalage de leur incurie. Incroyable que les chefs souverainistes ne saisissent pas l'occasion, à la vue du désarroi des fédéralistes, pour inviter les Québécois à choisir une option politique qui suscite l'honneur et l'espoir, dès la prochaine élection. Vraiment tout pour rendre malade...





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