Air Canada nuit à la croissance de Montréal

Les liaisons internationales profitent à Toronto au détriment de la métropole

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« La situation est insoutenable et inacceptable »

Pour aller en Asie, en Inde, au Brésil et dans plusieurs autres pays de l’Amérique du Sud, un passager de Montréal doit de plus en plus faire escale à Toronto avant d’arriver à destination. Un problème induit par Air Canada qui, dans les dernières années, a organisé ses liaisons internationales pour faire de l’aéroport Trudeau un simple satellite chargé de « nourrir de passagers » celui de la Ville reine. Au mépris de Montréal et de son développement économique et urbain, estime un spécialiste du tourisme.
Dans une lettre ouverte publiée lundi en page Idées, Michel Archambault, professeur à l’École des sciences de la gestion de l’UQAM et président du Bureau des gouverneurs de la Chaire de tourisme Transat, déplore ce traitement accordé par Air Canada à l’aéroport de Montréal-Trudeau. La compagnie aérienne éloigne les passagers de liens directs avec les métropoles importantes du globe, comme celles de l’Asie, de l’Inde ou de la côte ouest américaine, ce qui constitue « un handicap majeur pour l’accueil de congrès internationaux, […] l’implantation et la rétention de sièges sociaux », mais aussi pour les investissements dans « nos principaux secteurs économiques » : l’aérospatiale, la santé, les technologies de l’information et les énergies vertes, estime-t-il.
« La situation est insoutenable et inacceptable », écrit l’universitaire, qui chiffre à plusieurs centaines de millions de dollars l’impact économique négatif lié à la satellisation de l’aéroport de Montréal par Air Canada au profit de celui de Toronto. « Elle impose une mobilisation de haut niveau qui devrait rassembler le maire de Montréal », Montréal International, Tourisme Montréal, la Chambre de commerce et les ministres provinciaux et fédéraux concernés, ajoute-t-il.

Pas d’accès à l’Asie
Montréal-Trudeau est le troisième aéroport international au pays, mais pourrait perdre cette position au profit de Calgary, où plusieurs liens directs, vers l’Asie par exemple, sont en train de voir le jour.
L’Asie n’est pas accessible Montréal par avion. Aucun lien direct pour des destinations comme Tokyo, Hong Kong, Beijing ou encore New Delhi n’y est offert par Air Canada ou ses partenaires de Star Alliance. Toronto offre 63 liens directs vers l’Asie, et Vancouver : 81 liens. Même chose pour l’Amérique du Sud, Tel-Aviv et San Francisco, des pôles stratégiques dans les secteurs des technologies, du capital-risque et du tourisme émergent. Pour y accéder depuis Montréal, il faut passer par Toronto ou par un aéroport américain.
Pis, en délaissant Montréal, Air Canada a également éloigné de l’aéroport international de la métropole ses principaux partenaires au sein de Star Alliance. Sur les vingt-sept compagnies aériennes qui forment ce groupe, seulement cinq atterrissent à Montréal.
Mardi, le président d’Air Canada, Calin Rovinescu sera de passage à Montréal à l’occasion d’un déjeuner-causerie organisé par la Chambre de commerce de Montréal. La place de Montréal au regard du nouveau maillage aérien international mérite de se retrouver au coeur des discussions avec le dirigeant de l’entreprise, juge Michel Archambault.


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