Dévaluations

L’acquisition d’Alcan a raison du patron de Rio Tinto

« Je suis étonné qu’il ait tenu le coup tout ce temps », dit Michel Magnan

Le prix de la dépendance

« Je suis étonné qu’il ait tenu le coup tout ce temps », dit Michel Magnan, expert-comptable à l’Université Concordia, où il s’intéresse aux acquisitions et à l’éthique. « De mon point de vue, ce n’est pas une surprise. »
La prise de contrôle d’Alcan a été, au début de 2007, son premier grand geste comme président de Rio Tinto : une offensive de 38 milliards en pleine flambée des matières premières que Tom Albanese avait défendue en jurant avoir « trouvé le juste équilibre » entre le désir des actionnaires et la politique de l’entreprise.
Depuis jeudi, M. Albanese ne dirige plus Rio Tinto, moins de deux mois après avoir fait valoir sur le canal YouTube de PricewaterhouseCoopers toute la pertinence des investissements raisonnables effectués à contresens des cycles. (Vidéo)
En plus d’une réduction de valeur de 10 milliards pour les activités d’aluminium, principalement liée à Alcan, Rio Tinto a réduit de 3 milliards la valeur de son récent investissement dans le charbon au Mozambique.
« Le conseil de Rio Tinto reconnaît qu’une réduction de valeur de cette échelle pour une acquisition aussi récente que celle du Mozambique est inacceptable », a écrit le président du conseil, Jan du Plessis. « Nous sommes aussi très déçus de réévaluer à la baisse nos activités dans l’aluminium, qui se trouve cependant dans un secteur qui continue de traverser des changements significatifs dans le monde. »
Déjà, il y avait eu une première dévaluation de 7,9 milliards en 2009, et une deuxième d’environ 9 milliards en février 2012. En gros, cela ferait passer la valeur d’Alcan de 38 milliards en 2007 à environ 11 milliards en 2013.
Sam Walsh, un ancien cadre de l’industrie automobile qui dirigeait les activités de Rio Tinto dans le fer depuis 2004, devient du coup chef de la direction de l’ensemble de la compagnie.
Le cadre supérieur qui a piloté l’investissement au Mozambique, Doug Ritchie, a lui aussi accepté de quitter l’entreprise. Rio Tinto a écrit que les deux hommes ne recevront pas de montant forfaitaire ni de prime de performance pour 2012 et 2013.
Rio Tinto publiera les détails des réductions de valeur lors de ses prochains états financiers le 14 février.
Lorsque Rio Tinto a déposé son offre, en juillet 2007, le prix proposé pour chaque action d’Alcan dépassait de 65 % le sommet atteint en Bourse deux mois plus tôt à Toronto. C’était aussi 33 % de plus que ce qu’avait offert un autre prétendant, le groupe américain Alcoa.
« Il y a des études, en finance, qui suggèrent que les grandes transactions peuvent être une manière pour un chef d’entreprise de s’affirmer, de marquer sa présence », a dit M. Magnan.
« D’habitude, la prime qu’on offre aux actionnaires tourne autour de 30 %. Quand vous payez autant, comme ce fut le cas pour Rio Tinto, vous voyez quelque chose que personne d’autre ne voit, surtout dans un marché déjà haussier. Alors, soit vous êtes plus brillant que tout le monde et que vous percevez une occasion, soit vous avez des visions. »


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