Ah bon ! C’était donc de la démagogie ?

Budget Québec 2010 - suites

Il n'y a pas 15 mois, en pleine campagne électorale, Jean Charest disait: « La crise, pour y faire face, moi, je veux avoir les deux mains sur le volant. Madame Marois, elle, veut mettre ses deux mains dans vos poches! Non, il n'y aura pas de déficit, ni de nouvelles taxes, ni de d'augmentation de tarifs ». Vous avec lu le budget? Je suis en colère.
D'abord contre la démagogie et l'électoralisme. Deux maux qui dégradent dramatiquement la pratique politique. Parce qu'il discrédite la parole publique, érode le lien de confiance entre les mandatés et les mandataires et légitime le désengagement civique. C'est la démocratie elle-même qui s'effiloche.
En colère, aussi, contre l'incurie. Tout cela est lié, me direz-vous. Vous avez raison. En effet, ce même gouvernement a baissé les impôts des riches et a refusé d'occuper les espaces (2%) dégagés par le retrait du fédéral dans les taxes à la consommation. Somme totale, il s'est privé de 5.4 milliards $ qu'il veut maintenant récupérer... et plus.
En colère surtout contre la profonde iniquité dans le déplacement du fardeau fiscal. Il poursuit l'allègement de la contribution des hauts salariés par rapport aux moyens et aux petits salariés. Les taxes à la consommation, par définition, sont plus inéquitables. Régressives disent les spécialistes. En effet, tous les avoirs des petits salariés passent en consommation sur laquelle s'applique automatiquement un prélèvement de TPS-TVQ. Et même si, pour eux, des retours de TPS-TVQ sont prévus, proportionnellement ils n'équivalent en rien aux économies que font les hauts salariés en ayant la possibilité de placer leurs surplus dans divers fonds. S'ajoute maintenant la taxe Charest à la santé. « Flat rate » disent les anglais. En effet, tout le monde paiera le même montant. Que vous gagnez 20,000$ ou 200,000$, deux adultes paieront 400$. Et en plus vous paierez un ticket modérateur. Également « flat rate ». Et comme ce sont les plus pauvres qui sont les plus malades, encore ici, ils débourseront plus que les riches. « Révolution culturelle » disait le ministre des finances Bachand. Vol qualifié, dirons-nous plutôt. Dans l'avoir de celles et de ceux qui ont moins de ressources.
Je n'ai jamais été partisan de l'irresponsabilité fiscale ou budgétaire. J'ai toujours dénoncé le discours voulant qu'on puisse à la fois baisser les impôts, ne pas relever les taxes, geler les tarifs, ne pas faire de déficit, rembourser la dette, couper les dépenses et maintenir les services publics. J'estime qu'en cette matière comme dans toutes les autres il faut parler vrai. À partir d'une information juste et non pas tronquée comme celle que les propagandistes lucides diffusent depuis quelques mois (exemple : le Québec c'est la Grèce), dans le cadre d'un débat public qui nous amène à faire des choix porteurs d'avenir (exemple : développer une fiscalité verte) et en mettant équitablement à contribution toutes les composantes de la société (exemple : les entreprises et les hauts salariés).
Et c'est possible. Nous l'avons fait dans le passé. Cependant, pour ne rien nous cacher, l'exercice supposera que nous puissions aussi faire la lumière sur les milliards qui coulent en collusions et corruptions. Question de crédibilité.
Peut-être comprenons-nous mieux l'opération budgétaire actuelle. Couper et tondre plutôt que d'éclairer, débattre, amener la population à faire des choix et à consentir à des efforts équitablement répartis. Il est vrai que dans ce scénario, les petits amis ne pourraient pas se faufiler.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé