Agriculture - La mauvaise cause

Agroalimentaire - gestion de l'offre



Les agriculteurs interdisent aux motoneigistes de circuler sur leurs terres pour punir le gouvernement qui, de son côté, refuse de piger plus d'argent dans la poche des Québécois pour financer un modèle qui ne tient plus la route. Quand les concessionnaires de Ski-Doo deviennent les meilleurs alliés des producteurs de porc, il y a de quoi s'inquiéter!
Quand un consommateur asiatique achète du porc québécois à prix dérisoire, c'est le contribuable d'ici qui finance l'aubaine. Et quand un consommateur québécois achète de l'agneau de Charlevoix au double du prix de celui de la Nouvelle-Zélande, il ne contribue pourtant qu'à 60 % des coûts de production de cette pièce de viande, les autres 40 % étant pris en charge par les contribuables...
Puisque l'État finance déjà une très grande partie des coûts de l'agriculture, pourquoi l'Union des producteurs agricoles (UPA) prétend-elle que Québec veut tuer l'agriculture?
L'an dernier, fort des recommandations de deux groupes de travail, dont l'importante Commission sur l'avenir de l'agriculture, le gouvernement Charest a voulu stopper l'hémorragie de fonds publics en modifiant certains paramètres du programme Assurance stabilisation du revenu agricole (ASRA) qu'il finance aux deux-tiers. Pour dorer la pilule, il a cependant doublé sa contribution statutaire à la Financière agricole qui gère l'ASRA en la faisant passer de 305 à 630 millions, et pris à sa charge le milliard de déficits accumulés.
Afin de s'assurer que l'ASRA respecterait ce plafond de 630 millions contrairement au passé, l'ex-ministre de l'Agriculture, Claude Béchard, a aussi modifié la façon de calculer les coûts de production qui servent de référence pour établir le montant des prestations en excluant ceux des fermes les moins productives. Ce ne sont donc pas les fermes elles-mêmes qu'on a retirées du programme contrairement à l'impression qui se dégage des déclarations de l'UPA, mais la méthode de calcul de leurs coûts de production qui a changé.
Cette approche avait été recommandée par la commission sur l'agriculture pour mettre fin à une surévaluation générale des coûts payante pour les plus gros producteurs, mais très coûteuse pour l'État. Selon les experts de la Financière agricole, la mesure se traduira par une baisse moyenne des prestations de 3 %, mais elle ne mettra personne en faillite.
Hier, devant le conseil d'administration de la Financière agricole, le ministre Lessard a proposé de nouvelles modifications au programme dans le but d'en atténuer les inconvénients. Il a notamment répété que si la Financière encaissait des excédents, ceux-ci seraient retournés aux agriculteurs. Insatisfaite de ce que cette promesse ne soit pas inscrite noir sur blanc dans les règlements, l'UPA continuait, hier soir, d'interdire l'accès aux sentiers pour les motoneigistes. Pourtant, une telle promesse n'a même pas sa raison d'être. Si surplus il y a, c'est aux contribuables d'en profiter, pas aux membres de l'UPA.
Le Québec verse deux fois plus d'argent que l'Ontario pour l'agriculture. Malgré cela, des milliers de fermes ont cessé leurs activités au cours des dernières années. Le temps est certainement venu de relire le rapport de la Commission sur l'avenir de l'agriculture qui proposait de revoir le modèle de développement et de mettre fin au monopole de l'UPA.


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