Mise à jour économique - Le pire à venir

Budget Québec 2011


Après les mauvaises nouvelles livrées dans l'allégresse par un maire de Montréal qui fait regretter son prédécesseur jardinier, hier c'était au tour du ministre des Finances, Raymond Bachand, de vanter la bonne performance de son gouvernement dans un monde en crise. Qu'on ne se méprenne pas: malgré l'embellie indéniable, les années qui viennent s'annoncent pénibles!
Alors que la plupart des gouvernements de la planète enregistrent des déficits budgétaires monstrueux, celui du Québec n'a été que de 1 % du PIB l'an dernier, soit 3,2 milliards sur des dépenses de 67,7 milliards. C'est même 1 milliard de moins que ce qui avait été prévu. Même s'il grimpe à 4,6 milliards cette année, ou 1,5 % du PIB, cela doit faire mourir d'envie le ministre des Finances du riche Ontario, qui prévoit un déficit de 3,1 % de son PIB et un retour à l'équilibre en 2017-2018, soit quatre années plus tard que le Québec.
La question qui se pose est évidemment de savoir lequel de ces deux gouvernements est le plus sage. L'Ontario de Dalton McGuinty qui entend laisser la croissance économique faire l'essentiel du travail pour ne pas avoir à augmenter les impôts et comprimer les dépenses? Ou le Québec de Jean Charest qui prend le taureau par les cornes malgré l'avance dont il bénéficie à la sortie de la crise?
Pour les «lucides» qui ont conseillé le ministre Bachand, l'an dernier, le Québec doit agir tout de suite à cause de son niveau d'endettement plus élevé que la moyenne et du vieillissement plus rapide de sa population. Mais pour les organisations communautaires et syndicales, la vague de compressions et de hausses de tarifs annoncée aura des conséquences désastreuses sur la qualité des services et le pouvoir d'achat des Québécois.
Il est certain que l'atteinte rapide de l'équilibre budgétaire présente des avantages. En revanche, cela exigera des sacrifices beaucoup plus importants pour la classe moyenne inférieure, qui aura à supporter l'essentiel des augmentations de taxes et de tarifs. Rappelons qu'en plus de la TVQ qui sera haussée de 2 % d'ici deux ans, chaque adulte dont le revenu dépasse 15 000 $ devra payer 100 $ de contribution santé en 2011, et 200 $ chaque année par la suite. Sans compter les hausses de la taxe sur l'essence et l'indexation de tous les droits et tarifs, à l'exception des frais de garde.
Ainsi, en 2013-2014, Québec ira chercher 3,5 milliards de plus qu'aujourd'hui dans les poches des particuliers. Ce qui s'ajoutera, bien sûr, à l'augmentation des taxes et des tarifs dans les municipalités qui, comme Montréal, ont perdu le contrôle de leurs dépenses.
Augmenter les revenus, c'est la partie facile de l'exercice. Ce qui l'est moins, c'est précisément le contrôler des dépenses. Voilà qui exige non seulement une discipline de fer et une volonté affirmée de résister aux assauts des lobbys de toutes sortes qui, comme les médecins, les grands producteurs agricoles et les syndicats du monde municipal, n'hésitent pas à utiliser le chantage pour obtenir ce qu'ils veulent.
En fixant 2013 comme date butoir pour le retour à l'équilibre budgétaire, le gouvernement Charest s'impose de limiter la croissance de ses dépenses à 2,2 % par année, comparativement à la moyenne de 4,8 % depuis cinq ans.
À deux ans des élections, un gouvernement aussi impopulaire est-il capable de viser un objectif aussi ambitieux sans atteindre à la qualité des services?


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