La demande revient à chaque année comme un mantra : « Baissez nos impôts! », demandent avec insistance les organismes représentant les milieux d'affaires, les patrons et les entreprises. Pourquoi? Parce qu'il faut demeurer compétitif, expliquent-ils, parce que c'est bon pour l'emploi et l'économie. Est-ce bien le cas?

Du côté des employeurs, des travailleurs et des syndicats, les demandes ressemblent à des listes d'épicerie qui se renouvellent automatiquement chaque fois qu'un dossier est réglé.

Ces lobbys font avancer les intérêts de leurs membres et s'arment d'arguments économiques solides, contrecarrés par d'autres arguments économiques solides. Et ainsi se poursuit la lassante valse des messages préfabriqués qu'on applique à chaque occasion qui se présente.

Entre les deux, quelque part, il y a l'intérêt public général. Baisser les impôts des entreprises, est-ce une bonne solution? Est-ce une solution dans l'intérêt de tous les Canadiens et Canadiennes, et dans l'intérêt d'une économie solide et durable, où tout le monde a droit à sa chance?

Oui, disent les conservateurs. Non, affirment les libéraux et les néo-démocrates. Le Bloc, pour sa part, s'intéresse à d'autres enjeux, mais avait voté contre les baisses d'impôts pour les entreprises annoncées en 2007 par le gouvernement Harper.

Les baisses d'impôts annoncées pour les entreprises canadiennes par le gouvernement en place seront d'ailleurs au coeur des enjeux d'une éventuelle campagne électorale.

Pour les baisses d'impôts

Baisser les impôts peut avoir des répercussions importantes pour les entreprises : plus d'argent pour investir, pour embaucher, pour acheter de nouveaux équipements. Plus d'argent pour les actionnaires à verser en dividendes, pour les salaires des employés, pour les bonis des employés, salariés et cadres.

Baisser les impôts peut aussi permettre d'attirer nombre d'entreprises étrangères qui cherchent des endroits propices à l'investissement dans le monde. Ça peut aussi stimuler les jeunes à se lancer en affaires, à bâtir une nouvelle entreprise ou à reprendre le flambeau de l'entreprise familiale.

Contre les baisses d'impôts

Baisser les impôts peut aussi avoir des répercussions importantes sur le trésor public. Le gouvernement du Canada s'est privé de dizaines de milliards de dollars en revenus au cours de la dernière décennie, et surtout depuis l'élection des conservateurs en 2006, en réduisant les taxes à la consommation et les impôts des entreprises.

Avec la récession, le gouvernement s'est retrouvé dans une situation où la marge de manoeuvre s'était totalement évanouie avec la réduction des charges fiscales, ce qui rend difficile aujourd'hui un retour à l'équilibre budgétaire. Ces décisions poussent le gouvernement à réduire ses dépenses et ne permettent pas d'envisager l'élaboration de nouveaux investissements dans des secteurs névralgiques comme la santé, l'éducation et l'environnement.

D'autres solutions pour les entreprises

Le Canada est vu comme un lieu privilégié pour faire des affaires. Les règles du travail sont accommodantes pour les entreprises, malgré une forte présence syndicale. Les impôts sont peu élevés, les crédits d'impôt pullulent, la main-d'oeuvre est qualifiée, le niveau de vie est élevé, tout comme la qualité de vie. De plus, la proximité avec les États-Unis est indéniable (!) et les gouvernements adhèrent aux principes du libre marché (à part dans le dossier du métro de Montréal et de PotashCorp, mais bon...).

A-t-on vraiment intérêt à baisser les impôts des entreprises? Leur situation n'est-elle pas déjà bien avantageuse au Canada? Qu'en pensez-vous?