Budget Bachand : le 6 avril 2013

Budget Québec 2010 - suites


Projetez-vous dans trois ans. Vous préparez votre déclaration de revenus, un rituel annuel un peu long, laborieux, mais nécessaire. Pour casser la routine, vous avez un nouveau montant à inscrire à la ligne machin : 200 $. Pour l'année 2012, vous devez ajouter 200 $ à votre revenu pour ce qu'on appelle la contribution santé. C'est l'équivalent d'un impôt santé, finalement...

Cette somme n'a rien à voir avec les 150 $ que vous devez peut-être ajouter sur une autre ligne pour le fonds de santé, une contribution déjà prévue depuis plusieurs années pour les employeurs, les travailleurs autonomes et les retraités qui reçoivent une pension.

Cette somme n'a rien à voir non plus avec le « ticket orienteur » que le gouvernement cherchait à instaurer pour faire payer l'utilisateur du système de santé à chaque visite dans un établissement du réseau : médecin de famille (vous en avez un, au fait?), CLSC, hôpital, etc.

« Tout le monde doit contribuer », a dit le ministre Bachand. C'est le cas : que vous fassiez 15 000 $ par année ou 150 000 $, ce n'est pas ça qui compte. Vous devez payer la contribution santé et, si appliquée, la franchise. Vous recevrez une compensation partielle sous la forme d'un crédit d'impôt solidarité, si vous y avez droit bien sûr, si vous êtes assez pauvre en quelque sorte.

Les études, la TVQ et autres

Ce même jour de printemps, dans trois ans, préparez-vous à payer plus cher pour les études de vos enfants. De combien? Impossible de le prévoir pour l'instant. Mais le gouvernement a promis un débat, une discussion sur la question. Il est clair que ce n'est pas pour garder la hausse à 50 $ par session. Cent dollars alors? Ou 200, 500? Impossible de prévoir aujourd'hui, mais en avril 2013, vous le saurez.

La TVQ est maintenant à 9,5 %, une hausse de près de 2 %. Les tarifs de différents services sont indexés à l'inflation. La taxe sur l'essence est de 4 ¢ plus élevée, 5,5 ¢ à Montréal. Par rapport au prix moyen de 2009 à Montréal (98,2 ¢/l), il s'agit d'une hausse de 5,6 %.

Ces hausses s'ajoutent aux tarifs en constante progression chez Hydro-Québec, aux pressions à la hausse sur les coûts de l'énergie, aux taux hypothécaires qui sont appelés à reprendre leur envol dans quelques mois. Bref, « c'est comme un étau, c'est progressif » a dit, avec vision, le ministre des Finances la semaine dernière.

La hausse de vos taxes et impôts est de 30 %, selon l'économiste Jean-Luc Landry, dans La Presse de samedi. La hausse des taxes et impôts varie entre 4 milliards de dollars sur quatre ans, selon le gouvernement, et 7 milliards, selon les calculs de l'économiste Landry. Ce qui a été réduit en impôts depuis 2003 est partiellement ou totalement récupéré en taxes, tarifs et impôts santé.

Et, on ne parle même pas des coûts d'électricité, qui vont augmenter à partir de 2014, 15 % sur quatre ans.

Il n'est pas cynique de dire qu'on va en parler longtemps et qu'on va payer longtemps. Il n'est pas non plus injuste de croire que « plus t'es malade, plus tu payes », comme l'a dit le critique de l'opposition en matière de santé, Bernard Drainville.

Les deux formules sont choquantes, certes, mais elles sont vraies. Le ministre Bachand et le premier ministre Charest doivent assumer leurs choix et expliquer, sans vergogne, le virage du gouvernement vers un modèle moins progressif et moins protecteur des plus démunis et de la classe moyenne.

Pour un ménage avec deux enfants qui a des revenus de travail de 125 000 $/année, la ponction est de 1402 $. Pour la famille qui gagne la moitié, soit 60 000 $, la hausse des taxes et tarifs la prive de 1044 $. Dans le cas de la famille riche, c'est 1,12 % de son revenu. Pour la famille de la classe moyenne, c'est 1,74 %. Pour échapper à toute ponction supplémentaire avec les nouvelles mesures, une famille avec 2 enfants doit avoir 2 revenus de travail de moins de... 30 000 $.

Stratégie efficace?

Les questions quant à l'efficacité de cette stratégie sont nombreuses :

- Ces mesures ne vont-elles pas appauvrir davantage les classes les plus pauvres?

- Ces mesures réduisent-elles le pouvoir d'achat?

- Ces mesures créent-elles de la richesse?

L'addition de ces mesures à l'inflation des prix immobiliers et de l'énergie entraînera-t-elle l'effet contraire à une amélioration de la situation économique d'une majorité de la population?

Et, fondamentalement, ces décisions ne cachent-elles pas celle de sacrifier une partie de la population qui, de toute façon, ne rapporte pas de richesse au gouvernement, les gens qui ne paient pas ou paient peu d'impôts?

L'ampleur du budget et des mesures annoncées est surprenante. On perçoit un déséquilibre entre le maintien d'une certaine forme de justice sociale et le désir de sortir le Québec de son endettement structurel. D'autres solutions étaient possibles, mais elles ont été ignorées. Est-ce que le pari du gouvernement est le bon?


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé