Réplique à André Pratte

1759-2009 - Re-Constitution VS Anniversaire

Une ré-conciliation ne peut advenir dans la négation même du tort fait

Tribune libre 2009

401 ans de l'Histoire d'un peuple distinct du peuple de France dont il a
été partie un temps.
Qui sait ce qui serait arrivé si les Armées du Roi de France « n'avaient
pas perdu la Bataille des Plaines d'Abraham » comme nous invite à nous
poser la question André Pratte dans le « [Blog de
l’édito->http://blogues.cyberpresse.ca/edito/?p=1032#comment-17848]
»
de La Presse du 2009 01 23 ? Qui sait en effet ?
M. Pratte dans sa grande sagesse qui bien sûr est tout sauf comme celle
des « politiques » « qui veulent tout simplement imposer leur vision de
l’histoire.
» répond à cette question par une question d’histoire qui ne
lui appartient pas davantage puisque selon ses dires elle appartiendrait «
au peuple ».
« Qui sait si ce n’est pas le sort de la Louisiane qui l’attendait ?
Ou celui de la Guadeloupe ?
»
Pourquoi pas le destin des États-Unis ?
Il n’est pas question d’imposer sa « vision de l’histoire » en disant
que la Conquête britannique nous a sauvés du sort qu’une méchante France a
réservé à la Louisiane et à la Guadeloupe… La Première a été vendue par
Napoléon aux Anglais et la dernière n’est qu’un département de la France
sous-développé, à peine plus grande que l’Île de Montréal… Qui voudrait
avoir été vendu ou vivre en Guadeloupe à part l’hiver ?
Pour le savoir ce qui serait advenu de la Nouvelle-France si la Conquête
n’avait pas eu lieu, il aurait fallu que cela survienne. Pour que cela
survienne, il aurait fallu que ce qui n'est pas arrivé arrive. Je parle des
renforts français, suite à la Bataille dite de Sainte-Foy gagnée par le
Chevalier de Lévis le 28 avril 1760, qui a permis aux Français de la
Nouvelle-France d'assiéger Québec où s'étaient retranchées les troupes
britanniques vaincues. Ce sont plutôt des renforts britanniques qui sont
arrivés au printemps qui a suivi. Lévis s'est retranché à Montréal et les
Britanniques ont achevé la Conquête commencée en Acadie en 1755 par le
massacre et la déportation des Acadiens.
Pour que la France ne perde pas la Bataille il aurait fallu qu'elle
n'abandonne pas la Nouvelle-France à ses « quelques arpents de neige ».
Pour parler de « SI », il aurait donc fallu que ne l'abandonnant pas, la
lignée des Rois de France à laquelle a appartenu Louis XV favorise, comme
l'ont fait les Britanniques en Nouvelle-Angleterre, l'immigration française
bien avant la Conquête. À l'époque nous n'étions que ± 90 000 contre près
d'un million de Britanniques en Amérique. « Si » les armées du Roi de
France n'avaient pas perdu la Bataille c'est qu'il aurait fallu, de un, une
population au moins cinq fois plus nombreuse et de deux, une armée à
l'avenant. Ainsi, la Nouvelle-France aurait pu survivre. Si cela était
advenu, l'Amérique serait française jusqu'en Louisiane. Il n'y aurait pas
eu de déportation des Acadiens et on peut parier que les Britanniques
n'auraient pas pu se développer comme ils l'ont fait aux États-Unis,
coincés qu’ils auraient été en Nouvelle-Angleterre, entourée au nord et à
l’ouest par une Grande Nouvelle-France peuplée en conséquence, et au Sud
par une Floride espagnole qui possédait aussi le Texas.
« Si » la Conquête n'avait pas eu lieu, nous serions devenus, en 1789, 30
ans après ladite Conquête, partie d'une France Révolutionnaire, sans
Souverain. La même France pré-révolutionnaire qui avec La Fayette a
participé à la libération des États-Unis du joug Anglais de 1775 à 1783.
Sauf que, ces États-Unis-là, entourés par autant de présence française au
nord et à l'ouest de la Nouvelle-Angleterre, n’auraient plus eu
l’opportunité de s’étendre à l’Ouest. Les loyalistes n'auraient pas pu
émigrer en Nouvelle-France qui ne serait pas devenue britannique. Ainsi la
Nouvelle-France aurait pu à l'instar des États-Unis, obtenir son
indépendance dans le même temps, devenant le Québec s'étendant sur toute
l'Amérique du Nord, sauf la Nouvelle-Angleterre, États-Unis devenus et sauf
la Floride et le Texas. Des populations états-uniennes auraient malgré tout
pu migrer en Nouvelle-France devenue Québec, mais elles auraient dû vivre
en français et s’assimiler à l’Amérique française.
On est loin du sort de la Louisiane actuelle. Quand on veut refaire
l’histoire, il faut la vraiment refaire, pas seulement conserver comme
constantes ce qui a permis de la faire comme elle s’est faite sans rien
changer sauf le résultat d’une Bataille…
Voilà ce qui aurait pu survenir « Si » les Britanniques n'avaient pas pu
Conquérir la Nouvelle-France. Avec des « Si » on peut mettre Paris en
bouteille et certainement faire autre chose que justifier le fait que les
Britanniques nous ont « libérés ». Comme si, sans les Britanniques nous
n’aurions pas parfaitement pu vivre et nous développer aussi bien, avec une
tout aussi belle architecture, et sinon mieux que nous ne le sommes. Comme
si nous n’aurions pu nous affranchir d’un supposé Régime français corrompu
qui du reste s’est écroulé à peine 30 ans plus tard.
Or la défaite des Plaines d'Abraham est la pièce charnière de notre
histoire. Dans la bombarde, le meurtre, les viols, et le sang versé du
peuple et des populations de la Côte-Sud, de Montmagny à Saint-Nicolas,
dans l'incendie des fermes et des villages, nous sommes nés distincts du
peuple de France dans le sang versé de l'amère patrie mettant bas dans le
champ ensanglanté d’une ville incendiée et en ruine au moment même où les
Armées vaincues du Roi de France mettaient bas les armes. Nous sommes nés
de la pénétration des fortifications du Roi de France par les Armées de
l’envahisseur britannique.
Cette maculée conception née du viol de nos enceintes ne fait pas du
Conquérant notre géniteur. Ne lui en déplaise. Il n’est que notre tuteur
qui a par la suite reçu en cadeau ce peuple en même temps que le territoire
objet de Cession signée par le Roi de France dans le Traité de Paris le 28
avril 1763. Ce Louis XV et sa cour, qui nous ont abandonnés à la tutelle
d'un Empire Conquérant. Celui-là, en Tuteur abuseur, nous a voué, peuple
supposé « sans histoire et sans culture » à la morsure de l'assimilation
à une « civilisation » supposée hautement supérieure... Le genre de
civilisation hautement sophistiquée qui ne s'embarrasse pas de diversité
culturelle... et qui tente aujourd’hui de nous noyer dans son délire
multiculturel. Vive l'assimilation... Vive Lord Durham !
Comme si un peuple pouvait être objet de Cession !
C’est pourtant ce que l’on nous dit de la bouche de la fine fleur de cette
canadienne et salvatrice héritière de la civilisation britannique si
évoluée, cette si cultivée et admirable fleur canadianisatrice qu’est et
que cultive [John
Saul->http://archives.vigile.net/auteurs/s/saulj.html]
. Prince consort à
tiers-temps par Gouverneure générale et Vice-Reine interposée.
Or cette population, ce peuple, contre le projet assimilateur de cette
supposée civilisation supérieure, a su lui cultiver son « dur désir de
durer
» ( [Paul
Éluard->http://www.wikilivres.info/wiki/Le_Dur_D%C3%A9sir_de_durer ]
).
Cela remonte à la Conquête même, c’est ce jour-là même de la défaite des
Armées du Roi de France sur les Plaines d'Abraham, notre terre promise à
nous les gueux d’un Royaume déliquescent, que s’est en quelque sorte
constitué un peuple du Québec distinct du peuple de France. Un peuple
désormais sans Souverain, 30 ans avant la Révolution française, puisque
celui de Nouvelle-France, le nôtre, nous qui étions partie du peuple de
France, avait abdiqué. Louis XV a de fait abdiqué son devoir premier qui
consiste à protéger son peuple contre l'envahisseur. Ce jour du 13
septembre 1759 est le point culminant d’un abandon, d’une mort annoncée
depuis longtemps. Ce qui fait du peuple de Nouvelle-France, peuple
souverain du Québec devenu, devenir ce jour-là, un peuple à part entière.
Et l’on en profite pour dire que cette France là, était tout sauf de bonne
tenue et gouverne. Comme s’il avait fallu qu’on nous en libère. Comme si
cela même n’était encore pas un prolongement de la xénophobie qui
nourrissait cette guerre re-constituée.
L’histoire de ce peuple a fait mentir la logique civilisatrice de
l’Histoire des envahisseurs, contre la force triomphante d’un monarchique
Empire de droit divin Conquérant. Un Empire concurrent de celui de notre
amère patrie, la France. C’est l’histoire inédite d’un peuple se trouvant
vainc en l’espace-temps en vain raccourci de vingt courtes minutes de
fureur et de sang, dépourvu de Souverain et donc peuple souverain devenu.
Il lui aura fallu 250 ans pour en prendre la mesure, tout ébaubi et
déconfit qu’il a été. Il est peuple sans Souverain et donc peuple souverain
devenu à cet instant même et pour toujours, parce que jamais ce peuple n'a
consenti à reconnaitre les Souverains et Souveraines britanniques comme
étant les personnelles incarnations de sa souveraineté de peuple distinct
de tout autre. Nous sommes par conséquent devenus ce jour-là un peuple
souverain distinct du peuple de France et de tout autre. Nous sommes
devenus le peuple démocratique et souverain du Québec. Ce que nous sommes.
Ce qui nous fera fêter et célébrer le 13 septembre 2009 le 250e
anniversaire de naissance du peuple souverain du Québec, NOUS, le peuple
démocratique et souverain du Québec, un peuple démocratique donc souverain,
vivant dans un État du Canada invalide et illégitime parce qu'il n'a
jamais, de l’Occupation militaire britannique de 1759 à la Constitution
unilatérale de 1982, nommément soumis l'Acte qui le fonde, le constitue et
le gouverne à la démocratique, « claire » et directe approbation du peuple
souverain du Québec. Cet État du Canada actuel n’est que le digne et
cristallisé avatar d'un Empire monarchique de droit divin qui ne
s'embarrasse pas de consulter le peuple et d'obtenir son approbation alors
qu'il exige que ce soit le cas si l'État souverain du Québec est fondé.
Voilà ce que commémore le 13 septembre 1759 cette année 2009. On «
CÉLÈBRE » le 250e anniversaire de naissance du peuple démocratique et
souverain du Québec. On déplore la défaite des Armées du Roi de France
devant le Souverain britannique qui nous a voués à l'assimilation et qui
n'a jamais nommément soumis à l'approbation du peuple les États qui se sont
succédé depuis la Conquête à la gouverne du peuple souverain du Québec. Le
Canada actuel n'émane pas du peuple, il est imposé de force et d'autorité,
il n'a pas fait la rupture d'avec un Empire Conquérant imposant sa Loi
d'autorité et de force.
Un jour nous pourrons vivre dans un État qui émane du peuple démocratique
et souverain du Québec. Dans cette attente, toutes les invites au pardon, à
la réconciliation sont unilatérales et fallacieuses. Il ne saurait y avoir
de conciliation, de ré-conciliation sans la reconnaissance de l’exaction.
Pour l’heure, ce que l’on entend, c’est que la Conquête n’a pas été, qu’il
n’est question que de Cession. Comme si un peuple pouvait être la propriété
d’un Souverain qui le cède, de gré à gré, devenant la propriété d’un autre
Souverain. Comme si nous n’étions que la propriété d’un État qui peut se
passer de se soumettre à la démocratique volonté du peuple souverain qui
d’évidence le rejette tel que Constitué par lui seul d’en haut et
d’autorité.
Une ré-conciliation ne peut advenir dans la négation même du tort fait.
Celui qui nous impose encore aujourd’hui la même contrainte qu’hier et que
jadis. Celle qui fait de ce peuple un peuple orphelin et sans État capable
de se valider auprès de lui. L’État de Conquête n’a jamais été approuvé par
ce peuple souverain du Québec. L’État du Canada qui lui succède de même
lignée impériale, validé par quelques juges de Cour, fut-elle Suprême, est
aussi unilatéralement imposé d’autorité. Ce n’est pas du passé, c’est le
même espace-temps immobile du statu quo de blocage. Celui qui est refusé
par la majorité pourtant pacifiste, pacifiée d’un peuple souverain et
démocratique. NOUS, le peuple souverain du Québec, nous sommes en quête
d’état de fait et de vie réconciliés, en quête d’un État valide, nous
demandant, à NOUS, le peuple, notre avis sur la Constitution d’un État qui
émane du peuple que nous sommes.
Cet État sera bel et bien l’État souverain du peuple démocratique et
souverain du Québec. Ré-concilié avec son voisin dès lors qu’il renoncera à
l’abus d’autorité qui le caractérise, dès lors qu’il renoncera à la tutelle
qu’il impose.
Pour l’heure nous n’avons rien d’autre à re-constituer que ce qui nous a
fait naître, peuple souverain, distinct du peuple de France, peuple
souverain du Québec. Ce que nous sommes. NOUS, le peuple, nous sommes un
peuple, nous sommes le peuple souverain du Québec.
Vous en voulez des re-constitution, en voilà une !
Je n’ai rien contre les autres, pour peu que celle-là soit de la «
commémoration » annoncée.
L’est-elle ? Et l’est-elle complètement ! C’est bien beau les nobles
mousquets à poudre, la beauté des rangées costumées et poudrées de
bataille, mais qu’en est-il des dommages faits au peuple, à ses maisons,
fermes, récoltes incendiées, ses femmes violées, va-ton aussi
re-constituer, commémorer cela aussi ! ? Que de « collatérales » anecdotes
de la petite histoire d’un petit peuple dont on célèbre en grand la
grandeur et la beauté de la superbe impériale qui le fait être toujours
sans État, orphelin d’État, pupille d’un État tuteur qui s’impose toujours
par la menace et le chantage de représailles économiques, politiques et
commanditaires ?
1759 - Un soldat qui a participé à ces opérations de terreur
n'est pas peu fier de noter dans son journal :

« Nous avons brûlé et détruit jusqu'à quatorze cents belles
fermes, car, pendant le siège, nous étions les maîtres de leur pays, le
long de la rive, et nous envoyions presque continuellement des groupes pour
ravager la campagne, si bien que cela leur prendra un demi-siècle pour
réparer les dégâts.
»


republiquelibre.org

Nous prenons Acte !
Nous nous re-constituons à chaque jour depuis 250 ans. Un jour nous nous
constituerons un État qui émane de nous dans les Actes mêmes d’un État que
nous validerons. Ce sera dans un État du Québec tel que nous le connaissons
dans son territoire. Tel que l’Histoire l’a fait, en prenant Acte du fait
que nous étions partie d’un peuple de Conquérant, prenant possession des
3/4 de l'Amérique du Nord. Nous prenons Acte des Actes des Conquérants
concurrents qui nous ont Conquis en conquérant notre amère patrie. Nous
savons maintenant ce que c’est qu’être des Conquérants conquis, à demeure.
Ce que ne savent pas les peuples Conquérants qui même un temps Conquis sont
toujours parvenus à rétablir leur liberté souveraine. La France mainte fois
conquise, toujours libérée. L’Angleterre jamais conquise depuis les
Romains. La Pologne, le Kosovo, l’Algérie, toujours libres. Cela nous fait
peuple démocratique et pacifiste. Attaché à une libération démocratique et
pacifiste sur son territoire propre, jamais plus Conquérant. Jamais plus
avide de Conquête autres qu'artistiques, culturelles, scientifiques ou
technologiques. Le Canada ne nous appartient pas, contrairement à ce qu'ont
voulu nous faire croire les Trudeau et autres tenants d’un « french power
» de pacotille, réitérant dans un présent mirage l’illusion d’un passé de
Conquérant révolu. C'est le long feu d'une histoire de Conquête revanche
sans issue.
Nous ne voulons que vivre, Nous, le peuple souverain et pacifiste du
Québec, durablement sur notre terre à nous, celle qui s’est abreuvée de
notre sang. Celle que nous avons cultivée de sueur, dans le chant de ce que
nous sommes. Celle qui est nôtre depuis 400 ans maintenant dans le Québec
d'aujourd'hui, en le partageant avec les Premières nations, nos frères et
soeurs ami(e)s, comme nous Conquérants conquis, et avec toutes les
bienvenues venues de partout dans le monde et qui acceptent d'être partie
de nous, le peuple souverain du Québec.
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« [Blog de
l’édito->http://blogues.cyberpresse.ca/edito/?p=1032#comment-17848]
»
de La Presse du 2009 01 23
Rendez-vous en grand nombre faire parler le peuple, c'est lui qui est et
qui fait l'histoire d'après M. Pratte... et non nous, les humbles ou
orgueilleux politiques qui tentent de la détourner... Ce pourquoi « elle
appartient au peuple
» ! Ben voyons !
Nous sommes le peuple ! Nous sommes le peuple souverain du Québec !
-- Envoi via le site Vigile.net (http://www.vigile.net/) --


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