Bye Bye 2019

Voyage fantastique dans l’univers de Radio-Canada, à la découverte du Dr Scholl

Un lent génocide sans mauvaise odeur

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Chronique de Marc Huber

Comme des millions de Québécois, le 31 décembre dernier j’ai assisté à la naissance de l’année 2020 devant le petit écran. Ce que je retiens de cette soirée est cette impression d’avoir fait un voyage fantastique dans l’univers de la Société Radio-Canada (SRC), à la recherche du Dr Scholl, un prétendu obstétricien, alors que je n’ai rencontré que des pieds. C’était urgent. Le poupon se présentait par ses petites pattes plutôt que par sa tête.


 


Pas de panique, on m’a dit! Il serait de plus en plus fréquent que la nouvelle année vienne dans le sens inverse. J’aurais dû le savoir. En direct de l’univers était encore et toujours axé sur la diffusion de comptines anglophones répondant au «mandat culturel» de la SRC, qui permet d’associer les artistes francophones à la farce aux airelles de marais qui accompagne la grosse dinde graciée que Donald a pris soin de placer au four, pour nourrir l’esprit des Canadiens. Pour Infoman, ce fut le délire habituel qui a atteint son apogée avec l’histoire des couilles d'Yves-François Blanchet, pour nous dire que le chef du BLOC se tenait trop souvent debout, les jambes écartées. Et lorsqu’est  arrivé le Bye Bye 2019, j’étais tellement bousculé par les rires que je me suis mis à penser que la SRC était devenue une sorte de Leni Riefenstahl (1902-2003) du Canada, cette gente dame qui fut au service de la propagande nazie.


 


Désolé! Je ne croyais pas qu’on ajouterait le Mouvement Desjardins à la face de la dinde du Bye Bye 2019, alors que j’ai la triste impression que cette caisse d’économie a été victime d’une campagne de salissage durant 2019. Je sais. Je devrais éviter de pleurer sur le sort d’une institution qui s’est passablement éloignée des petits épargnants au nom du capital, mais en même temps, me taire serait inadmissible. Je m’explique. En écoutant deux animateurs du 98,5 FM, en novembre dernier, j’ai commencé sérieusement à croire à une volonté médiatique d’exploiter le vol des données informatiques pour nuire à Desjardins. N’aurait-il pas été préférable de démontrer un peu de bonne volonté, en rappelant la confusion qui meuble le trop célèbre pillage? Je ne sais pas. Mais il me semble que la lenteur à livrer le nom du, ou des criminels, à dévoiler les méfaits, à tracer la liste des gens et des pays impliqués ainsi que le comportement d’Equifax, une entreprise incapable de traiter des demandes en français et colporteur de données informatiques, me rappellent qu’il y a de nombreux incapables au Québec. Des pieds que nous retrouvons autant chez Desjardins, dans des médias, des entreprises que chez nos élus.


 


N’y a-t-il pas aussi des têtes? Cette question amène à mon esprit des souvenirs  de Gérard Bédard. J’ai eu la chance de le rencontrer, il y a plus de 15 ans, à CIBL FM. Ce dernier connaissait bien les Caisses populaires. Il en avait braqué plusieurs avant d’être condamné à 30 ans de prison pour avoir tué un policier durant un cambriolage. Gérard m'avait aussi affirmé qu’il volait strictement des Caisses populaires. La raison évoquée: la tête qui organisait les vols était dans la «mafia libérale», ce qui lui laissait croire qu’il était utilisé pour nuire à Desjardins. Loin de moi l’idée de voguer sur les mots de Gérard pour questionne le traitement du dossier Desjardins. Je reconnais par contre que le ratio élevé de pieds autour de ce dossier, relève moins du hasard que d’une volonté d’entacher la notoriété des Caisses. 


 


Rions...  La protection des données informatiques relève des compétences fédérales. Le même Canada oeuvre à la multiplication du contenu culturel anglophone. Cela permet à des émissions telles  En direct de l’univers d’enrichir l’industrie anglo-saxonne, alors qu’aucun contenu francophone ne meuble les émissions du Canada anglais. Êtes-vous offusqués de passer pour des tarés, sans talent, qu’on devrait éliminer pour purifier le Canada et Montréal? La confrérie des mille-pattes s’excusera en accusant cette maudite mondialisation qui rend les gens bêtes comme des pieds. Cet autre champ de compétence fédérale est un vrai miracle. En fuyant vers l’international, les données de Desjardins pourront nourrir des réseaux, sans craindre les dents d’une justice canadienne plutôt sédentaire. Auparavant, le Parti libéral du Québec (PLQ) a fait croire à la population que la Commission Charbonneau s’attaquerait au financement des partis politiques, sans sortir du Québec, alors que les réseaux de corruption ont des billes partout sur la planète, dont chez des banques de la CIA. Mais encore, on ne peut oublier que cette commission de pieds a longuement étendu ses orteils poilus sur la FTQ. Je ne dis pas que cette centrale syndicale est pure. Elle gère par contre un fonds d’investissement qui profite essentiellement à la collectivité québécoise, dont le rendement fut de 11% en 2019.


 


Cela dit, permettez-moi maintenant de vous raconter une belle histoire, pour vous démontre ma capacité à semer la joie et la bonne humeur. Il y a longtemps, à Lévis, vivait une tête profondément catholique qui se nommait Alphonse Desjardins, celui qui a fondé, le 6 décembre 1900, la première caisse populaire d'épargne et de crédit en Amérique du Nord, qui donna naissance au Mouvement Desjardins. Je ne sais pas si c’est vrai, ou seulement une invention de l’auteur de ces lignes, mais le 31 décembre de l’an 1913, il serait tombé dans un profond sommeil, sans doute épuisé par ses vaines tentatives consistant à demander à Ottawa de voter une loi qui lui permettrait de gérer les avoirs de ses caisses, selon la règle de l’art. On dit qu’il aurait eu un songe où prenait place un homme d’un certain âge, qui dit-on, flottait par-dessus le sol, comme s’il n’avait pas de pieds. Il fut baptisé le Jour du lent, car il enseignait l’importance de la patience ainsi que son danger. Selon ce dernier, nous pouvions  autant nous affirmer lentement que périr, au risque de rencontrer un docteur qui serait lié à un long génocide. Certains croient que le Jour du Lent aurait prédit que le docteur Joseph-Édouard Ladrière informerait Alphonse Desjardins, en juin 2014, qu’il est atteint d’urémie. Ce qui fut pour lui le début d’une longue agonie. D’autres ont interprété cette vision comme celle du génocide des nazis qui mettait en scène le Dr Josef Mengele (1911-1979). Allez savoir.


 


C’est en 2010,  soit 110 ans après les premières demandes de Desjardins, que le gouvernement canadien a anticipé la création de Caisses canadiennes, ce qui aurait dû être accompagné d’une loi. Rien n’est arrivé, même si le Syndicat de travalleurs et travailleuses des postes propose la création d'une banque postale depuis près de 10 ans. La même année, la patience livrait sa marchandise. Desjardins s’est taillé une réputation solide et enviable à l’international. En 2015 cette fois, Desjardins a occupé le 5e rang mondial et le 1er rang nord-américain dans le classement Bloomberg, un groupe financier étasunien. En 2017, quelques mois avant la fuite des données numériques, le  Mouvement Desjardins était à la 34e place sur 50 des banques les plus sûres au monde, alors que les banques canadiennes reculaient.


 


Cet exploit relève du fait que Desjardins a longtemps profité d’une symbiose entre des symboles, des institutions, des lois, la langue, la culture et le pouvoir politique. Ni plus ni moins une structure qui s’est échafaudée lentement, au fils des années, à travers des luttes nationales. On dit aussi que pour effacer un peuple de l’histoire, rien ne sert de s’attaquer à sa langue ou à d'autres spécifications nationales. Il faut tout saccager lentement. Je ne connais pas la  «mafia libérale» de Gérard. Je reconnais par contre que le PLQ et de Jean Charest et de Philippe Couillard a fortement contribué au déclin du français, de la culture, à l’effacement de symboles nationaux, à la disparition d’institutions ainsi qu'à la multiplication des pieds dans des secteurs influents, dans le pur esprit d’Ottawa.


 


Tout cela pour vous dire que lorsque j’ai vu les pieds du bébé 2020, je ne croyais pas apercevoir aussi rapidement le Dr Scholl. Je sais maintenant qu’il n’est pas un obstétricien. Il est un spécialiste de l'art de parfumer les pieds. Sans lui, il serait impensable d’augmenter leur nombre, sans risquer d’être indisposé par des odeurs de corruption et de la désinformation. Une situation à éviter lorsque nous traversons une année complète, à se faire radoter que la vie est belle, si ça sent bon. C'est ainsi que le Québec peut se décomposer, sans laisser la moindre odeur de putréfaction. Le bonheur total de pouvoir vivre un lent génocide, pendant que des pieds glissent de notre bas ventre jusqu’à nos centres de jouissance. L’extase totale! À la condition de ne pas se tenir debout, les jambes écartées.



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