VLB erre

Climat politique au Québec



Les motifs que Victor-Lévy Beaulieu invoque pour appuyer l'ADQ manquent quelque peu de cohérence ([Le Devoir, 7 janvier->11066]). Il ne réussit qu'à donner l'impression que son vote en faveur du parti de Mario Dumont au dernier scrutin n'avait rien de ponctuel, mais qu'il a plutôt adhéré au courant de droite que représente ce parti. Si, comme l'écrit VLB, le PQ a mis au rancart l'idée de l'indépendance, cela ne date pas d'hier. Et l'ADQ a fait de même depuis longtemps -- et plus ouvertement encore que le PQ.
Par ailleurs, VLB a tort de prétendre que la seule critique importante de l'ADQ qu'ont faite les journalistes et intellectuels de gauche était que ses élus n'ont ni les connaissances ni la formation nécessaires pour être membres de l'Assemblée nationale. Nombreuses ont été les critiques qui portent sur quelque chose de plus fondamental, c'est-à-dire les politiques rétrogrades, voire quasi duplessistes, véhiculées par Dumont et ses lieutenants durant la dernière campagne électorale. Et aussi l'exploitation honteuse qu'a faite ce dernier du discours identitaire à des fins électoralistes tristement adopté presque immédiatement par Marois et Duceppe.
VLB écrit que l'ADQ a enclenché un grand brassage d'idées. Je dirais plutôt que Dumont n'a fait que se réclamer, aux fins de sa campagne électorale, des préjugés que les Filion et Hérouxvillois avaient déjà introduits sur la place publique, visant entre autres une minorité visible très fragilisée depuis le 11 septembre 2001. D'ailleurs, cette valeur identitaire que VLB semble approuver n'est ni originale ni nouvelle. Les partis français de droite comme de gauche l'exploitent depuis des décennies à des fins électoralistes et sur le dos des Français d'origine maghrébine.
Un autre argument qu'utilise VLB pour justifier son virage en faveur de l'ADQ est que, puisque notre société est en mutation, on doit s'adapter. Cette mutation, générée par l'establishment néolibéral, est socialement peut valable, chose que VLB est en train d'oublier. Et lorsqu'il cite Michel Foucault pour dire qu'on doit pouvoir se déprendre de soi-même, je crois que VLB se trompe en pensant que Foucault prônait de laisser tomber ces valeurs humanistes pour adopter leur contraire. Plutôt que de voter pour l'ADQ, VLB avait deux options plus compatibles avec une vision progressiste. Il pouvait voter pour Québec solidaire ou, s'il trouvait l'indépendantisme de ce parti trop flou, il pouvait annuler son vote. C'est ce que, je crois, Michel Chartrand lui conseillerait de faire plutôt que de jouer aux girouettes.
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