Vive la cohabitation

PQ - Conseil national - Québec 30 octobre 2006


C'est à un combat entre "solidaires" et "lucides" auquel nous assistons au Parti québécois sur la nationalisation de l'énergie éolienne. Une bataille entre un monde supposé idéal et un autre, peut-être platement réel, mais qui s'impose non sans raison à peu près partout en Occident : celui d'un partenariat entre l'État et le secteur privé - un partenariat qu'il est urgent de parfaire et de mieux encadrer, cela dit.
Soyons clairs : la nationalisation aurait un effet contre-productif dans le contexte actuel - si elle signifie l'expropriation par l'État (ou par Hydro-Québec) des projets de développement éolien déjà lancés par des entreprises privées. Dans des économies devenues aussi libre-échangistes que la nôtre, cette façon de procéder (qu'on nomme "étatisation" dans le reste de la Francophonie) enverrait un très mauvais message. Ce serait un non-sens.
Ce que le gouvernement de Jean Charest doit faire, cependant, c'est de civiliser les démarches d'implantation de parcs éoliens privés. L'État québécois ne doit pas laisser tous les SkyPower de la terre débarquer dans le Bas-Saint-Laurent, en Gaspésie ou sur la Côte-Nord pour n'en faire qu'à leur tête. C'est inadmissible.
Il n'y a aucune raison pour qu'un modèle fondé sur la vente d'énergie éolienne par un producteur privé à une société d'État chargée de la distribution ne soit pas possible au Québec. Pourquoi nous serait-il impossible de répéter des expériences qui ont fait leurs preuves ailleurs, en Europe notamment ?
Ce que cela requiert, toutefois, ce sont des règles claires. C'est un encadrement qui n'a rien à voir avec le laisser-aller ayant tenu lieu de politique jusqu'ici.
En rejetant le projet de SkyPower dans la région de Rivière-du-Loup, le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement a suggéré plusieurs pistes intéressantes. Le gouvernement Charest serait bien avisé de les emprunter.
Le BAPE a noté que "les outils réglementaires dont disposent les MRC ne permettent de pallier que temporairement au manque d'encadrement du développement éolien en territoire privé". "Des ajustements sont nécessaires", a-t-il insisté. L'organisme recommande aussi la création d'un comité de "maximisation" des retombées économiques et des redevances allouées aux propriétaires terriens.
Cela étant, comme l'a mentionné le chef du PQ, André Boisclair, au conseil national de son parti en fin de semaine, Hydro-Québec production devrait pouvoir répondre aux prochains appels d'offres qui seront lancés par le gouvernement québécois. La société d'État devrait pouvoir soumettre des projets comme n'importe quel promoteur privé. Il n'y a aucune raison de la priver de cette possibilité.
Si les règles sont identiques pour tous, le jeu de la concurrence s'en trouvera élargi. Ce sont les Québécois qui en bénéficieront. La cohabitation aurait du bon.
André Boisclair n'a pas convaincu une majorité de délégués de son parti de rejeter la résolution prônant la nationalisation de l'énergie éolienne. C'est une défaite pour lui. Mais il a fait preuve de responsabilité et de leadership en fermant la porte à toute expropriation dans ce domaine.
Ce rendez-vous politique a confirmé qu'André Boisclair est beaucoup plus près des "lucides" de Lucien Bouchard que des "solidaires" regroupés au sein du club Syndicalistes et progressistes pour un Québec libre.
Le problème de M. Boisclair, c'est que le SPQ libre, qui a Marc Laviolette comme porte-étendard, prend de plus en plus de place dans les conseils nationaux. S'il n'y avait pas le projet souverainiste pour les unir, on les trouverait dans deux partis opposés.
jmsalvet@lesoleil.com


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