Nationalisation de l'éolien : Landry appuie Boisclair

L'ancien premier ministre n'a pas l'intention "de se fermer la gueule"

PQ - Conseil national - Québec 30 octobre 2006


par Lessard, Denis
Québec - Père de la nationalisation de l'électricité et fondateur du Parti québécois, René Lévesque aurait approuvé le chef péquiste André Boisclair qui, en fin de semaine, s'est dissocié de ses militants qui souhaitent voir étatisée l'énergie éolienne.
"Globalement M. Boisclair a pris la bonne attitude, je suis d'accord avec lui", souligne Bernard Landry, joint chez lui par La Presse hier.
"Si René Lévesque avait été au conseil national en fin de semaine, il aurait voté comme Boisclair", laisse tomber l'ancien chef. En fin de semaine, les militants péquistes favorables à la nationalisation de l'énergie éolienne ont maintes fois évoqué le rôle du fondateur du Parti québécois dans l'étatisation de l'hydroélectricité, une décision déterminante sur la croissance économique du Québec. André Boisclair a pris ses distances sur-le-champ avec la résolution que venaient d'adopter les 500 militants - plusieurs de ses députés se sont d'ailleurs curieusement abstenus de voter dans le sens de leur chef.
Pour Bernard Landry toutefois, le nouveau chef a pris la bonne décision, même si elle a fait grincer des dents quelques militants dimanche.
Le droit à la parole
Au passage, M. Landry souligne en avoir soupé des commentaires de chroniqueurs qui estiment qu'il n'a pas le droit d'intervenir dans le débat public puisqu'il est un ancien premier ministre. M. Landry a lancé un débat pancanadien la semaine dernière en demandant au premier ministre Stephen Harper de finalement reconnaître l'existence de la nation québécoise.
"On a fait cela à Parizeau, puis à Bouchard et maintenant c'est mon tour. On nous dit: "Quand tu sors de la politique, tu fermes ta gueule!"."
Le quotidien Le Devoir a même demandé dans un sondage s'il était approprié pour M. Parizeau de prendre des positions publiques, rappelle M. Landry, indigné.
"Qu'on se réveille, qu'on regarde ailleurs. Bill Clinton, est-ce qu'il se ferme la gueule? Il n'était pas premier ministre d'une province, il était président des États-Unis", souligne, incisif, M. Landry.
Sur l'éolien, M. Landry rappelle que c'est quand le PQ était au pouvoir que le gouvernement québécois "a commencé ce grand déploiement de l'énergie éolienne". "On l'avait fait avec le secteur privé, en bonne partie parce que cela ne suscitait aucun intérêt de la part d'Hydro-Québec", souligne-t-il.
Le gouvernement aurait pu ordonner à sa société d'État de prendre la place, mais Québec a plutôt décidé de demander à Hydro d'acheter le courant produit par les sociétés qui ont établi des parcs à Matane et Cap-Chat.
"C'est nous qui avons demandé (au secteur privé de s'impliquer). Arriver quelques années plus tard et dire: "On vous exproprie", serait un peu bizarre", poursuit l'ancien premier ministre. Ces "entrepreneurs de bonne foi" pourraient s'interroger à raison sur la "loyauté" d'un gouvernement qui tournerait ainsi sa veste. Aussi, cela ternirait l'image du Québec à l'étranger.
Pour M. Landry, les positions de M. Boisclair et celle adoptée par les militants en fin de semaine ne sont pas absolument inconciliables. "Pour l'avenir, Hydro-Québec peut très bien, si elle est efficace et intéressée, faire des soumissions." Avec cette stratégie, si la société d'État retrousse ses manches, elle pourra facilement dominer la production d'énergie éolienne au Québec, comme elle le fait d'ailleurs pour l'hydroélectricité. Même dans ce secteur, elle occupe une place prédominante mais elle n'est pas le seul - des firmes comme Alcan et les petites centrales produisent aussi de l'hydroélectricité.
En renonçant à étatiser ce secteur, Québec permettra en outre au mouvement coopératif, aux collectivités locales d'y aller de leur projets, souligne l'ancien chef péquiste.
"Alors à terme, avec Hydro-Québec, les coopératives, les MRC, le Mouvement Desjardins, on arrivera à ce que souhaitent les militants péquistes: une propriété largement collective", conclut M. Landry.


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1 commentaire

  • Normand Perry Répondre

    31 octobre 2006

    Nous ne sommes point le 31 octobre, mais nous sommes bel et bien le 1er avril.

    Je reconnait volontier le sens inimitable de la formule et de la rhétorique savante chez Bernard Landry, mais j'ignorais totalement son grand sens de l'humour.

    A propos de la résolution de la nationalisation de l'énergie éolienne, il déclarait ceci à La Presse : «Globalement M. Boisclair a pris la bonne attitude, je suis d'accord avec lui», souligne Bernard Landry, joint chez lui par La Presse hier. «Si René Lévesque avait été au conseil national en fin de semaine, il aurait voté comme Boisclair», laisse tomber l'ancien chef.

    J'ai beau regarder, réaximiner et revérifier la date sur mon calendrier, je ne peux me résoudre à l'idée que nous sommes le 31 octobre. Non vraiment, nous sommes un 1er avril !

    - Normand Perry
    philosophe et chroniqueur à ici à Vigile