Boisclair dans la fosse aux lions

PQ - Conseil national - Québec 30 octobre 2006


Le jeudi 26 octobre : deux jours avant le Conseil national du Parti québécois sur l'environnement, Claude Béchard lance une coalition pour presser Stephen Harper de respecter l'accord de Kyoto. Bel effort pour tirer le tapis sous le pied des péquistes... On aura beau dire qu'il s'agissait d'une coïncidence, il faudrait être naïf pour le croire.
Bien assis entre Steven Guilbeault de Greenpeace, Marc Picard de l'ADQ et Hubert Bolduc de Cascade (l'ancien attaché de presse de Bernard Landry), M. Béchard ne semblait pas malheureux de l'absence du PQ à son événement. Une chaise vide...
L'anecdote illustre bien la situation vécue par André Boisclair depuis son arrivée à l'Assemblée nationale. Bien aguerris après trois ans et demi de pouvoir, les libéraux ont utilisé tous les trucs du manuel pour le faire trébucher. C'est ce constat que les militants péquistes, réunis en conseil national cette fin de semaine à Québec, feront dans les corridors.
Le nouveau chef a-t-il été à la hauteur du défi et des attentes ? Les opinions sont encore partagées.
La rentrée parlementaire n'a pas été un échec, mais elle n'a pas donné de grandes victoires non plus. M. Boisclair a tenté de coincer Jean Charest sur la crise de la forêt, mais l'appui de la FTQ au plan d'aide gouvernemental lui a enlevé des munitions. Autre sujet porteur, les taxes scolaires. Bien avant tout le monde, le chef péquiste a mis le gouvernement en garde contre une hausse de ce fardeau fiscal, mais il a prêché dans le désert. Lorsque Jean-Marc Fournier est passé aux actes, mercredi, ce sont les protestations du monde municipal et de la mairesse Boucher qui ont fait les manchettes.
C'est un rôle bien ingrat que celui de chef de l'opposition. Jean Charest a vécu le même chemin de croix, ce qui ne l'a pas empêché de devenir premier ministre.
Les libéraux avaient soigneusement préparé la rentrée parlementaire. Malgré la crise de la forêt, ils sont parvenus à accaparer le "temps d'antenne" des médias avec des événements cannés à l'avance comme les célébrations à la mémoire de Robert Bourassa ou le Forum autochtone.
Jean Charest ne prend pas de risque. Pendant que le conseil national du PQ parlera d'environnement aujourd'hui et demain à Québec, le premier ministre leur donnera la répartie aux colloques régionaux du PLQ à Jonquière et à Port-Cartier. Il laisse le moins de temps de glace possible à l'adversaire...
À l'intérieur même de l'Assemblée nationale, M. Boisclair s'est avéré un bon parlementaire, en dépit d'une grande nervosité qui lui a fait commettre quelques bévues. Ainsi, il croyait faire un bon coup en affirmant que le ministre Pierre Corbeil avait reconnu que le gouvernement aurait pu faire davantage pour la forêt. M. Corbeil parlait du fédéral, a rétorqué Jean Charest.
Ces petites erreurs amusent la galerie et réjouissent les libéraux, mais sont rarement rapportées par les médias. Elles ont révélé néanmoins une grande nervosité mêlée de susceptibilité, que M. Boisclair devra contrôler avant la prochaine campagne électorale.
Dans les rangs péquistes, c'est l'état de préparation du Parti en vue des prochaines élections qui intéresse les militants. Or, à ce chapitre, M. Boisclair affiche une assez bonne feuille de route : la campagne de financement en cours est presque terminée et a atteint ses objectifs, une cinquantaine de candidats auront été choisis d'ici la mi-décembre et le PQ conserve son avance dans les sondages.
De plus, les péquistes de la base semblent avoir compris que le programme adopté en juin 2005 est totalement irréaliste lorsqu'il traite des étapes préalables à la prise du pouvoir. On ne sent pas de pression pour la publication promise des finances d'un Québec souverain, et encore moins du plan de transition vers la souveraineté promis dans le programme. Contrairement à ce qui se passait après la défaite de 2003, les péquistes de 2006 peuvent espérer remporter les élections, ce qui les incite à la prudence. Tant et aussi longtemps que M. Boisclair continuera de promettre un référendum au cours du prochain mandat, les orthodoxes, s'il en reste, se tiendront tranquilles.
Jean Charest n'est pas battu, fait cependant remarquer un vieux routier du Parti. Les Québécois ne sont en amour ni avec un, ni avec l'autre des deux leaders en place. Ils continuent donc de "magasiner". Et il y a toujours cette grande incertitude entourant l'ADQ. À qui profiterait un effondrement du parti de Mario Dumont ? Les jeux ne sont pas encore faits.
Dans les circonstances, les péquistes auront probablement le réflexe de serrer les rangs en fin de semaine à Québec, au lieu de jouer les gérants d'estrade. Mais avec ce parti, on peut s'attendre à tout. Ne débranchez surtout pas votre appareil !
Pour joindre notre chroniqueur : glavoie@lesoleil.com


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