CONSEIL NATIONAL À QUÉBEC

Le PQ veut nationaliser l'énergie éolienne

PQ - Conseil national - Québec 30 octobre 2006



Le projet d'étatiser l'énergie éolienne a provoqué hier des étincelles au conseil national du Parti québécois. Les militants devront trancher aujourd'hui le sort d'une résolution votée hier, qui préconise que tout ce secteur soit nationalisé et placé sous la responsabilité d'Hydro-Québec.
De la même manière, les 500 militants réunis pour parler de réchauffement planétaire et d'énergie renouvelable ont décidé hier de dire non au projet de pont pour le prolongement de l'autoroute 25. Porté au pouvoir, le PQ dira qu'il «est essentiel de mettre fin sans délai au prolongement de l'autoroute 25», affirme la résolution, qui sera entérinée en plénière ce matin.
On est toutefois passé à un cheveu de mettre de côté cette «question d'actualité... difficile», comme l'a dit un militant, qui a demandé qu'on «dépose» cette proposition délicate, une demande qui a failli être acceptée, à une voix près. Le PQ est très solidement implanté dans toutes les circonscriptions de Lanaudière, dont la population profiterait de ce nouvel accès à l'île de Montréal.
Pour André Boisclair, la résolution finalement adoptée hier pour mettre au rancart le projet de pont sur la 25 ne fait que clarifier la position du PQ dans ce dossier.
«Moi-même, je suis allé dire dans la circonscription de Jocelyne Caron (Terrebonne) que le pont de la 25 n'était pas pour nous une priorité. Aujourd'hui, ce l'est encore moins», a-t-il souligné à La Presse. Membre de l'exécutif national, son émissaire, Jean-François Nolet, avait clairement annoncé ses couleurs sur le parquet de l'atelier: «Le parti doit être contre le projet sur la 25 parce que cela va à l'encontre de tout ce qu'on fait ici sur l'environnement.»
Jusqu'ici, le PQ s'était limité à dire que, avant de faire le pont de la 25, il valait mieux moderniser la rue Notre-Dame et favoriser les transports en commun, une position qu'a, en vain, fait valoir le critique péquiste en matière de transports, Serge Deslières, élu dans Beauharnois.
Nombre de propositions ont soulevé des débats intenses - dans bien des cas, les interventions des députés, sur le prolongement de la 25 notamment, sont restées lettre morte.
Stéphane Bergeron et Alexandre Bourdeau, respectivement députés de Verchères et de Berthier, deux circonscriptions où ont cours des projets d'exploitation commerciale de l'éthanol, ne sont pas parvenus à convaincre les militants de hausser de 5 à 10 % la proportion de ce produit dans l'essence.
Aussi, les militants ont décidé de se donner cinq ans plutôt que 10 pour réduire de 10 % la dépendance du Québec aux hydrocarbures.
Mais c'est la proposition sur la nationalisation des éoliennes qui a soulevé de plus de passions.
Critique de son parti en matière d'énergie, Rita Dionne-Marsolais est montée au créneau pour s'assurer qu'une résolution sur le rôle d'Hydro-Québec dans le secteur éolien reste générale. On se contentait d'y préciser que la société d'État «prendrait en charge» le développement éolien. «Ce n'est pas nécessaire de nationaliser le vent. Il y a actuellement des projets qui vont bien. La nationalisation est un mot très fort qui appelle l'expropriation, et ce n'est pas nécessaire», a-t-elle souligné au micro.
Mais, venus de l'aile gauche, des militants sont facilement parvenus à faire ajouter que cette prise en charge devait se faire par la nationalisation. Pour l'ex-syndicaliste Marc Laviolette et pour Pierre Dubuc, l'éditeur de L'aut'journal, «cette industrie éolienne naissante est un secteur stratégique qui ne doit pas être laissé au secteur privé, entre les mains d'intérêts étrangers». Mais réunis en atelier, les militants ont décidé avec une nette majorité que l'éolien devait être nationalisé, ce qui a fait sauter les plombs à Mme Dionne-Marsolais, qui a refusé de présenter aujourd'hui sa motion telle qu'amendée. «Je ne présenterai certainement pas ça, je suis contre la privatisation, est-ce que c'est clair?» a-t-elle lancé.
Ces échanges ont relégué au second plan une proposition faite hier par le chef péquiste. M. Boisclair entend demander que le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) ouvre une enquête «générique» sur la qualité de l'air au Québec. De tels travaux avaient eu lieu, sur l'eau, dans les années 90.
«La question de la qualité de l'air nous amène à réfléchir aux questions de transport, de développement du territoire, de relations internationales», a souligné le chef péquiste.
«Je voudrais faire avec la qualité de l'air ce qu'on a fait avec l'eau. Mobiliser tout ce qui existe de ressources au gouvernement, faire le débat avec les groupes environnementaux et l'industrie», a soutenu M. Boisclair. La Politique de l'eau a d'ailleurs été le moment fort de son passage à l'Environnement.
Ses conseillers ont rappelé que le règlement sur la qualité de l'air au Québec n'avait pas été revu depuis 1979. M. Boisclair souhaite qu'on fasse un nouveau répertoire des produits toxiques dans l'air - la liste québécoise, qui compte 70 produits, paraît bien incomplète par rapport à celle de New York, qui en compte plus de 1000.
Dès le début de la journée, M. Boisclair a cru bon de revenir sur la décision du PQ de ne pas participer à la coalition formée par le ministre de l'Environnement, Claude Béchard, pour presser le gouvernement Harper de respecter le protocole de Kyoto.
Pour M. Boisclair, le Québec «est revenu les mains vides» de toutes ces discussions sur Kyoto avec Ottawa. «On a un plan au Québec, qui a des vertus. On réclame 300 millions et on n'a pas une cenne. L'Ontario, qui n'a pas de plan, obtient 500 millions. Il y a toujours bien une limite à se faire entuber par le gouvernement fédéral. Les Québécois vont comprendre que l'avenir pour nous n'est pas dans les pèlerinages et les coalitions», a lancé le chef péquiste.


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2 commentaires

  • Normand Perry Répondre

    29 octobre 2006

    Nouvelles de dernière minute : Voir l'hyperlien ci bas "Boisclair prend ses distances"
    Une fois de plus, Boisclair démontre qu'il se fout éperdument de la volonté démocratique des membres de son parti qui ont voté par une forte majorité en faveur de la nationalisation de l'énergie éolienne.
    Regarder bien les motifs qu'il invoque : c'est un discours purement néo-libéral, absolument rien de différent au plan idéologique par rapport au PLQ de Jean Charest et encore moins différent par rapport à l'ADQ de Mario Dumont. Voilà le nouveau Triumvirat néo-libéral du Québec !
    J'ai déjà écrit un jour, ce fut durant la dernière course à la chefferie du PQ que André Boisclair était une copie conforme de Jean Charest, idéologiquement parlant et sur le plan de l'attitude également.
    Quelle attitude le peuple du Québec déteste-t-il le plus à l'égard du gouvernement du Parti libéral et du premier ministre Charest ? Celle de l'entêtement à aller à l'encontre de ce que la majorité exprime.
    Que vient de faire André Boisclair ? Exactement pareil à l'endroit des membres de son parti.
    Venez ensuite me demander de faire confiance à cet individu à titre de premier ministre du Québec...
    No Way !

  • Normand Perry Répondre

    29 octobre 2006

    Décidément, certaines idées parfois même à l'insu de ceux qui y pensent, font leur chemin plus rapidement que l'on aurait pu le croire. Le thème même de ma première chronique sur Vigile, [url=http://www.vigile.net/spip/article2208.html]L'énergie éolienne par Hydro-Québec, pourquoi pas ?[/url], vient de triompher d'un certain « establishment » au PQ aujourd'hui. Je n'aurais jamais imaginé que ma plume avait autant d'impact, et c'est le futur économique du Québec qui en sera le grand vainqueur !
    Il ne reste plus qu'à espérer que le chef André Boisclair se pliera devant la volonté de la majorité des membres du PQ qui s'est exprimé démocratiquement aujourd'hui, et ce malgré sa déception.
    Le Québec n'a pas à se laisser dicter sa conduite économique par l'opinion des marchés financiers étrangers. Nous devons être guidés par la cohérence entre la volonté d'affirmer notre souveraineté tant dans notre discours que dans nos décisions gouvernementales. Je ne peux guère comprendre que certains porte-parole du PQ ne puissent aujourd'hui faire preuve de cette cohérence, alors qu'ils jurent la main sur le cœur vouloir faire du Québec un pays souverain !