L’Association libérale de la circonscription de Vimy avait bien mis en garde le Parti libéral que le « traitement tardif » de la candidature de la députée sortante, Eva Nassif, avait « des conséquences préjudiciables » et « entravait » le travail des membres à la veille du déclenchement des élections générales.
Dans une résolution adoptée par les libéraux de l’association de Vimy, le 13 août dernier, les membres avertissent la formation politique que la lenteur du processus de nomination de la candidate libérale « paralyse » leur travail. Dans le document, obtenu par La Presse, l’association déplore également le « mutisme » du parti sur l’affaire.
On a écrit au parti, on voulait savoir le pourquoi de l’histoire, on n’a jamais eu de réponse. Puis on a appris [qu’Eva Nassif] démissionnait, mais on n’a jamais su pourquoi.
Giuseppe Margiotta, président de l’Association libérale de la circonscription de Vimy
M. Margiotta indique qu’une copie de la résolution a été envoyée au parti.
Mercredi, Eva Nassif a déclaré dans les pages du Globe and Mail avoir été forcée de céder sa place dans Vimy parce qu’elle avait refusé de se porter publiquement à la défense de Justin Trudeau, que l’opposition conservatrice qualifiait de « faux féministe », dans la foulée de l’affaire SNC-Lavalin, l’hiver dernier. Le chef libéral a nié le jour même ces allégations.
M. Margiotta affirme avoir appris la nouvelle dans le quotidien, précisant que Mme Nassif n’a pas offert d’explications sur les motifs de sa démission, annoncée le 22 août sur Facebook. Il l’avait d’ailleurs rencontrée dans une activité quelques jours après. « Tu voyais qu’elle était triste, elle ne voulait pas parler de ça », dit-il
« On ne sait pas ce qui s’est passé »
Le Parti libéral a confirmé hier avoir communiqué à Mme Nassif que sa candidature n’avait pas été retenue, le 21 août. Dans une lettre publiée sur le réseau social le lendemain, elle évoquait des raisons personnelles, mais n’en précisait pas la nature. Elle remerciait sa famille, ses électeurs et ses collègues, sans nommer Justin Trudeau.
« Franchement, on ne sait pas ce qui s’est passé », se désole M. Margiotta, qui attend toujours des éclaircissements du Parti libéral. Il s’explique mal le retard du Comité du feu vert, chargé d’approuver les candidatures, surtout dans le cas d’une députée sortante. Il assure que les documents de Mme Nassif étaient conformes.
Le président déplore également qu’aucune course à l’investiture n’ait été organisée après le départ de Mme Nassif.
Une source libérale a indiqué à La Presse que la formation se trouvait « en urgence électorale » et que la candidate Annie Koutrakis avait « été choisie » pour défendre les couleurs du Parti libéral dans Vimy.
Dans le Globe and Mail, Eva Nassif a aussi allégué avoir été victime d’intimidation et de harcèlement par les trois autres députés libéraux sortants de la région de Laval, Yves Robillard, Angelo Iacono et Fayçal El-Khoury. À ce sujet, M. Margiotta indique que l’association libérale n’avait pas été mise au courant.
Il se souvient d’un seul épisode où elle aurait glissé qu’ils « lui faisaient la vie dure », sans plus. Les trois hommes n’ont pas réagi à ces allégations, ni Justin Trudeau. Eva Nassif n’a pas donné suite à nos demandes d’entrevue.