Vigilance et prudence

« Cette attaque révèle encore une fois la menace grandissante de l'antisémitisme au Québec», poursuit M. Adel. Ici, le bât blesse. Peut-on vraiment parler d'une « menace grandissante de l'antisémitisme au Québec »?

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17. Actualité archives 2007



La communauté juive du Québec est inquiète. Après l'incendie d'une bibliothèque en 2004 et le cocktail Molotov lancé contre une école l'automne dernier, voici qu'une colonie de vacances juive de Val-David est à son tour la cible d'un incendiaire.


Cette inquiétude, tous les Québécois devraient la partager. Chaque fois que l'intolérance et les préjugés se manifestent, surtout quand ils se manifestent de façon violente, le Québec entier est perdant.
Dans le cas de Val-David, il n'est pas certain que ces gestes soient motivés par l'antisémitisme. On comprend néanmoins le porte-parole du B'nai Brith, Steven Slimovitch, de ne pas attendre pour réagir: « Quand deux incendies en peu de temps frappent la propriété d'une communauté juive, on peut penser qu'il s'agit d'une coïncidence. Mais quand il y en a trois, il faut en venir à la conclusion que des gens en ont contre la communauté. »
Le président de la Ligue des droits de la personne de la même organisation, Allan Adel, a demandé « aux leaders et aux citoyens du Québec de se joindre à nous pour dénoncer ces attaques systématiques ». M. Adel a raison: le silence de nos élites est consternant, surtout quand on le compare à l'indignation qui s'était immédiatement manifestée après l'incendie qui avait détruit la bibliothèque de l'école Talmud Torahs Unis.
« Cette attaque révèle encore une fois la menace grandissante de l'antisémitisme au Québec», poursuit M. Adel. Ici, le bât blesse. Peut-on vraiment parler d'une « menace grandissante de l'antisémitisme au Québec »?
Le rapport des incidents antisémites produit chaque année par le B'nai Brith montre, il est vrai, une augmentation importante du nombre de gestes haineux rapportés à l'organisme, de 133 en 2005 à 226 en 2006. Cette tendance n'est pas exclusive au Québec: au cours des cinq dernières années, le nombre d'incidents répertoriés par l'organisme en Ontario a triplé.
On peut toutefois se demander quelle part de cette augmentation est due à une réelle montée de l'antisémitisme. Outre les préoccupations méthodologiques que soulève ce genre de relevés, on note que le tiers des cas rapportés au Québec en 2006 se sont produits en juillet et août, soit pendant la guerre au Liban. À cette époque, une grande majorité de Québécois étaient scandalisés par la démesure de la riposte israélienne à l'enlèvement de deux soldats. Les gestes rapportés durant cette période étaient-ils de nature antisémite ou anti-Israël? La définition de l'antisémitisme qu'utilise B'nai Brith comprend « la diffamation publique du peuple juif lors des grands rassemblements politiques anti-Israël », ce qui risque d'englober les critiques sévères mais nullement racistes des politiques israéliennes. Fait intéressant, une controverse locale impliquant des Juifs hassidiques, l'affaire des vitres givrées du YMCA, n'a pas suscité de recrudescence de gestes haineux au pays, si l'on en croit les données du B'nai Brith.
Il ne fait pas de doute qu'au Québec comme ailleurs dans le monde, un fond antisémite demeure. Jamais l'affaire des subventions aux écoles privées juives n'aurait pris de telles proportions s'il s'était agi d'écoles d'une autre communauté.
Il faut donc rester vigilant. Mais il faut aussi faire preuve de prudence dans l'appréciation du phénomène antisémite, de façon à ne pas donner prise au scepticisme de ceux qui sont déjà portés à en minimiser la gravité. Comme le soulignait il y a quelques années un haut-fonctionnaire de la Commission européenne, « la critique, légitime en démocratie, de la politique menée par le gouvernement israélien peut vite dégénérer en attaque antisémite. Inversement, on aura trop vite fait de qualifier d'«antisémite» toute critique d'Israël, contribuant par là-même à radicaliser encore les critiques. Tenir cette ligne de crête impose une vigilance intellectuelle et morale» de la part de tous les acteurs concernés.
andre.pratte@lapresse.ca

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André Pratte878 articles

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[une chronique intitulée « Tout est pourri » (critique de Anne-Marie Gingras) ->http://books.google.fr/books?id=EZWguAMXAtsC&pg=PA27-IA27&lpg=PA27-IA27&dq=pratte+Tout+est+pourri&source=bl&ots=MUti9NTQuH&sig=h2zgJlLgOg844j5ejxnUl4zH2_s&hl=fr&sa=X&ei=73RrT8aQEqnh0QHuh4GyBg&ved=0CEEQ6AEwBQ#v=onepage&q=pratte%20Tout%20est%20pourri&f=false]

[Semaine après semaine, ce petit monsieur nous convie à la petitesse->http://www.pierrefalardeau.com/index.php?option=com_content&task=view&id=30&Itemid=2]. Notre statut de minoritaires braillards, il le célèbre, en fait la promotion, le porte comme un étendard avec des trémolos orwelliens : « La dépendance, c’est l’indépendance ». « La soumission, c’est la liberté ». « La provincialisation, c’est la vraie souveraineté ». « La petitesse, c’est la grandeur ». Pour lui, un demi-strapontin à l’Unesco est une immense victoire pour notre peuple. C’est la seule politique étrangère qu’il arrive à imaginer pour le peuple québécois. Mais cet intellectuel colonisé type n’est pas seul. Power Corp. et Radio-Cadenas en engagent à la poche.





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