SNC-Lavalin

Une sale affaire

L'affaire SNC-Lavalin



Loin de la banale affaire de mauvaise gestion, la crise qui frappe SNC-Lavalin a des odeurs de scandale financier d'importance. La démission, hier, de Pierre Duhaime, le chef de la direction, n'est pas le résultat des seuls déboires récents de SNC-Lavalin en Libye. Il s'agit d'une opération de camouflage qui implique le versement de 56 millions de dollars à des «agents» de représentation qui devaient servir d'intermédiaires pour l'obtention de contrats.
Selon les conclusions trop peu détaillées, mais tout de même incriminantes de l'enquête effectuée à la demande du conseil, M. Duhaime aurait passé outre aux décisions négatives de cadres subalternes pour autoriser lui-même le versement de sommes importantes à des tiers non identifiés pour des projets tout aussi mystérieux, et accepté par la suite que ces dépenses soient attribuées à d'autres projets.
Selon ce rapport, «l'examen indépendant n'a révélé aucune preuve directe et concluante établissant la nature des services ou des actions entreprises par le prétendu agent, ni sa véritable identité. Selon l'information recueillie, la contrepartie visée semble fictive et la véritable partie intéressée à l'opération ne semble pas être une personne physique figurant dans les registres publics».
À qui est allé l'argent? À quoi a-t-il servi? Au nom de qui cet intermédiaire agissait-il? S'agit-il de pots-de-vin, de bakchichs si fréquents dans plusieurs pays où les multinationales s'arrachent les contrats publics?
Chaque fois que SNC-Lavalin a été impliquée dans une histoire louche ces derniers mois, la direction a rejeté les accusations sur le dos d'individus isolés qui n'auraient pas respecté le code de déontologie de l'entreprise. Ce fut le cas lorsqu'on a appris que la police enquêtait au sujet de présumés pots-de-vin versés au Bangladesh. Et, plus récemment, lors du congédiement de deux hauts dirigeants impliqués dans les déboires de la société en Libye. Les mêmes individus qui sont mis en cause aujourd'hui, aux côtés du grand patron. Impossible que le problème soit le fait d'individus isolés!
Cette affaire est trop grave pour qu'on laisse l'entreprise la régler à l'interne. La justice québécoise et l'autorité réglementaire doivent enquêter sur ce qui a toute l'apparence d'un modus vivendi qui pourrait s'étendre à d'autres sociétés actives sur la scène internationale. Il y a déjà trop longtemps qu'on soupçonne nos plus grandes firmes de génie d'avoir appris ailleurs à faire de bonnes affaires avec les gouvernements. Que la lumière soit faite, parce qu'il faut que ça cesse!


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