Une note de 59% pour Marois

Le contexte budgétaire a ralenti les ardeurs du gouvernement

Pour un gouvernement minoritaire, c’est un exploit

Le gouvernement Marois frôle la note de passage pour le nombre de promesses électorales réalisées ou en voie de l’être, calcule l’équipe Poltext du Centre d’analyse des politiques publiques de l’Université Laval.

« Pour le moment, notre verdict, c’est 59 % des promesses qui ont été réalisées ou qui sont en voie de réalisation et 41 % qui sont en suspens ou qui ont été rompues », soutient François Pétry, directeur du département de science politique de l’Université Laval et responsable du Polimètre, un outil qui permet de faire le décompte des promesses tenues ou non par Pauline Marois depuis son élection en septembre 2012.

Sur les 113 promesses qui se retrouvaient dans la plateforme du Parti québécois aux dernières élections, 26 ont été réalisées. Lorsque des actions ont été entreprises par le gouvernement mais qu’elles n’ont pas encore été sanctionnées par une loi, l’équipe considère les promesses comme étant « en voie de réalisation ». Lors de la dernière mise à jour du Polimètre, en date du 20 février, il y en avait 41, dont l’assurance autonomie et la charte de la laïcité, qui se retrouvaient dans cette catégorie.

Ce sont les domaines de la justice et des services sociaux qui sont en tête de liste des promesses réalisées ou en voie de l’être. À l’inverse, les promesses concernant l’économie et les enjeux identitaires sont nombreuses à avoir été mises en veilleuse, lorsqu’elles n’ont pas tout simplement été rompues. Ainsi, 38 promesses — dont la tenue d’un « référendum tenu au moment qu’il jugera approprié » — n’ont fait l’objet d’aucune annonce particulière et sont classées dans la catégrie « en suspens ».

Enfin, huit promesses ont été brisées, que ce soit par une volonté gouvernementale, comme l’abolition de la taxe santé, ou par un blocage des oppositions, comme le projet de loi sur la création de la Banque de développement économique du Québec.

Comparaisons


Bien sûr, il est toujours plus difficile de réaliser des promesses électorales dans un contexte de gouvernement minoritaire, mais cela n’explique pas tout, constate François Pétry. Sur la scène fédérale, le gouvernement de Stephen Harper avait réussi, dans son premier mandat minoritaire en 2006, à remplir 67 % de ses engagements. Au Québec, Jean Charest avait obtenu un taux de réalisation de 45 % au terme de son mandat en 2007-2008.

Si la performance du gouvernement de Pauline Marois se trouve présentement dans la moyenne, son taux de promesses remplies risque de dégringoler rapidement si des élections sont déclenchées prochainement. Dès ce moment, le compteur sera remis à zéro et seules les promesses réalisées en totalité seront comptabilisées, ce qui, à moins d’une adoption rapide de certains projets de loi comme Mourir dans la dignité, lui donnerait un résultat autour de 23 %.

Manque de compromis

« C’est peut-être dû au fait que le PQ était pour la première fois en situation minoritaire, mais la première année — tous les journalistes l’ont soulevé — le gouvernement Marois a eu du mal à faire des compromis, à la fois avec le Parti libéral et la CAQ, constate François Pétry. Depuis l’été dernier, il y a beaucoup plus de volonté dans ce sens, on l’a bien vu avec la Loi sur les mines. »

Le politologue reconnaît également que le contexte budgétaire a ralenti les ardeurs du gouvernement, notamment dans le domaine social. « Le ministre des Finances, Nicolas Marceau, a dû mettre un frein à plusieurs initiatives parce qu’il avait l’espoir, jusqu’à tout récemment, de réaliser l’équilibre budgétaire. »

Prochain mandat

Si la plupart des promesses sont généralement réalisées en début de mandat, François Pétry constate, dans le cas du gouvernement Marois, une sorte de « flottement » après quelques annonces très rapides et symboliques comme la fermeture de Gentilly-2 et l’annulation du prêt à la mine Jeffrey à Asbestos. « Les ministres étaient nouveaux dans leurs postes, il fallait qu’ils tâtent le terrain, qu’ils s’entendent avec leurs sous-ministres et le reste de leur équipe. Les choses ne se mettent pas en place dès le premier jour. »

Selon lui, l’expérience d’un premier mandat n’est pas simple. « La plupart du temps, les gouvernements, dans leur premier mandat, viennent au pouvoir avec un certain nombre d’objectifs qui ne sont pas toujours réalisables. Mais d’un autre côté, ils ont probablement plus d’ambitions qu’au deuxième ou au troisième mandat. Ça joue dans les deux sens […] et ça dépend beaucoup du contexte. »

Puisqu’un nouveau mandat « représente un élan », l’on peut s’attendre, selon François Pétry, à ce que le PQ reprenne un certain nombre de promesses héritées de son premier mandat lors des prochaines élections.


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