Une note à payer

Budget Québec 2010



(Québec) Hausser les tarifs d'électricité est certes une façon efficace de renflouer les coffres de l'État. Cette solution n'exempte cependant pas le Québec de l'obligation de mener un vaste débat sur la tarification des services publics.
Parler de hausses de tarifs ne sera jamais populaire. La conjoncture offre toutefois l'occasion de faire le point sur un dossier épineux pour toutes les formations politiques. Le Québec n'est pas à la veille d'une élection, le gouvernement libéral est majoritaire et une grande partie de la population adhère au principe du déficit zéro. Cessons donc de jouer les autruches et regardons la réalité en face. Il faudra éponger un déficit de plus de 11 milliards $ d'ici 2013-2014.
Le Québec, comme bien d'autres provinces ou pays, a une dure étape à franchir. Il était justifié et essentiel que le gouvernement investisse massivement pour contrer les effets de la crise financière et économique. Il est maintenant de sa responsabilité de déterminer comment il assainira les finances publiques au cours des prochains mois, des prochaines années. Des choix déchirants devront être faits, et ce, tout en évitant de mettre en péril la relance de l'économie et sans causer d'effets néfastes chez les plus démunis.
Même s'ils ont annoncé une consultation pour l'automne, les libéraux doivent indiquer clairement et dès maintenant où ils logent. Péage sur les autoroutes, taxe sur la malbouffe, hausse des tarifs d'électricité, augmentation des frais de scolarité? Indexation au coût de la vie ou majoration plus substantielle?
Les ministres et les députés libéraux doivent avoir le courage de dévoiler leurs préférences au lieu de toujours tester l'opinion publique.
Il appartiendra ensuite aux partis d'opposition et à d'autres acteurs de la société de corriger le tir ou de peaufiner le tout dans l'intérêt commun. Le statu quo ne peut pas être un choix à envisager. Prendre prétexte de la crise économique pour ne pas agir est irresponsable. Bien sûr, l'état de l'économie exige d'avancer avec prudence. Il n'interdit cependant pas de se projeter dans l'avenir et de déterminer les façons de faire qui serviraient mieux la province et les Québécois dans l'avenir.
Prenons les tarifs d'Hydro. Il serait bien sûr suicidaire de provoquer un choc tarifaire en haussant rapidement et considérablement les coûts d'énergie des ménages et des entreprises. Il serait aussi socialement irresponsable de refiler une facture salée aux personnes démunies sans mettre en place un mécanisme de soutien pour elles.
Il est cependant permis de réfléchir et de décider collectivement si l'hydroélectricité doit continuer d'être vendue à rabais aux Québécois et gaspillée, alors qu'elle pourrait constituer une source importante de revenus pour l'État afin de l'aider à financer l'éducation, la santé et d'autres services publics jugés essentiels. Les hausses pourraient être étalées sur plusieurs années afin de se rapprocher du coût du marché.
Un examen complet doit aussi être réalisé. Aucun service public, y compris les services de garde à 7 $ par jour, ne doit être exclu de l'exercice. Il en coûte combien pour dispenser tel service public? Quelle proportion des coûts est assumée par les utilisateurs? Qui aide-t-on en maintenant des tarifs réduits? La classe moyenne, les bas salariés, les plus démunis ou les mieux nantis? Il faut répondre à ces questions.
Les gouvernements, tant péquistes que libéraux, ont trop de fois piégé la population avec les gels de tarifs.
Que ce soit la facture d'Hydro, les primes de la Société de l'assurance automobile du Québec ou autres, les gels ont été suivis d'une augmentation. Il faut, un jour ou l'autre, payer la note. Nous en sommes là.


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