Une commission aussi futile que son objet

Accommodements - Commission Bouchard-Taylor



Je ne sais rien d'aussi vain et d'aussi ridicule que la notion elle-même d'un prétendu «accommodement raisonnable», si ce n'est la commission qui porte ce nom et qui a entrepris une vaste tournée de consultations à travers le Québec. C'est, à ma connaissance, le seul pays dans le monde occidental où on s'interroge et où on s'ausculte soi-même sur un problème aussi ancien et aussi général que l'intégration des immigrants, ses modalités diverses et sa réussite, celle-ci s'exprimant en définitive par l'assimilation, plus ou moins lente, selon le pays, la période et l'origine des immigrants.
Un pays normal, une société en santé ne s'interrogent pas sur un processus qui va de soi, pas plus qu'ils n'ont recours à l'expression «communautés culturelles » pour parler des immigrants, comme si ce dernier vocable, parfaitement clair, avait quelque chose de blessant. La création de la commission Bouchard-Taylor est éminemment malheureuse, a même quelque chose de malsain et constitue un aveu d'échec, voire d'impuissance, quant au phénomène de l'immigration. Au lieu de recourir une fois encore à la formule archi-usée de la commission, le gouvernement du Québec aurait dû, après une étude approfondie faite par un groupe de spécialistes (universitaires, syndicalistes, patrons, etc.), proclamer une nouvelle loi de l'immigration (notamment sa composition et son rythme) avec le souci prioritaire de la relance démographique (mesures sociales et sanitaires diverses, avantages de tous ordres pour les familles nombreuses) et du caractère français du Québec. Et, de grâce, que l'on bannisse du vocabulaire quotidien le terme même d'«accommodement», qui est à lui seul un aveu d'échec et d'impuissance.
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Jean-Marc Léger, Ancien diplomate québécois


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