Une claque, une débarque, une victoire et un accident

Dion-le-fossoyeur

Les résultats des trois partielles du Québec, avec une victoire du NPD dans le bastion libéral d'Outremont, et une victoire conservatrice dans le fief bloquiste de Roberval, ne sont pas seulement spectaculaires, ils envoient des signaux très forts. L'échiquier politique québécois est en train de se recomposer, dans un processus où les deux partis politiques qui ont dominé la politique fédérale au Québec depuis des années sont en train de s'effondrer.


À la lecture de ces résultats, on peut se demander qui, des libéraux ou des bloquistes, a connu lundi la défaite la plus cruelle. Les déboires des deux partis ne sont pas de même nature. Les déboires des libéraux dans Outremont sont un échec personnel pour Stéphane Dion, tandis que ceux du Bloc sont systémiques, et s'expliquent moins par le chef que par la perte de pertinence du parti.
Stéphane Dion vient en effet de recevoir une gifle cuisante. Ces partielles étaient un premier test pour le nouveau leader libéral, et il a échoué de façon convaincante. L'inconnue qui entourait sa surprenante victoire au leadership libéral, c'était la capacité de ce politicien mal aimé au Québec de reconquérir sa province natale. Nous avons maintenant la réponse.
Le vote dans Outremont est essentiellement un vote contre Stéphane Dion, contre le choix étrange du PLC en décembre dernier. Et ce n'est pas un verdict sur son leadership, comme on dit souvent, même si ses maladresses de politicien y sont pour quelque chose. M. Dion est un homme d'idées. Et il a été jugé lundi sur ses idées. Le politicien associé à la loi sur la clarté référendaire a continué, depuis qu'il dirige le parti, à creuser sa tombe, sur le concept de nation, sur le déséquilibre fiscal, sur le pouvoir de dépenser. Il ne passait pas dans le Québec francophone. Le message des électeurs d'Outremont montre qu'il ne passera pas plus dans l'avenir.
Mais si la perte de ce château fort est spectaculaire, et si elle porte une lourde charge symbolique, les résultats des trois partielles ne décrivent pas un effondrement du PLC au Québec. Il faut dire que c'était déjà fait! Le score libéral dans Roberval-Lac-St-Jean est un peu meilleur qu'en 2006, 10% contre 7,7%, il est un peu plus bas dans Saint-Hyacinthe-Bagot, 7% contre 9,8%, et dans Outremont, la chute est réelle mais pas stupéfiante, de 35,2% à 29,5%. Ce qui étonne, c'est que ce parti, sans commandites dans le paysage, n'ait pas pu reprendre du terrain. Si cela en dit long sur les carences de M. Dion, cela ne permet pas de conclure que l'avenir de ce parti est sans espoir au Québec.
Cette question ne se pose même pas pour le Bloc québécois, pour lequel on peut parler sans hésitation de débarque. Après la fin du scandale des commandites, et avec l'essoufflement du courant souverainiste, les bloquistes passaient dans ces partielles un test de pertinence, dont le résultat est sans équivoque.
Même dans la circonscription de Saint-Hyacinthe, remportée par le Bloc, le recul du parti est important, de 56% à 42%. Dans Roberval, l'appui a fondu de moitié, de 45% à 27%. Et dans Outremont, c'est une raclée: de deuxième en 2006 avec 29% des voix, le Bloc se retrouve en troisième place avec 10%. Ces résultats montrent que le vote bloquiste est fragile, et qu'il peut aller ailleurs, comme à Outremont, où il explique la victoire néo-démocrate.
Bien sûr, le NPD se réjouira d'un océan à l'autre de ce gain au Québec, le second de son histoire. Mais si ce parti a ravi un château fort libéral, nous savons tous que cela est dû bien davantage à la popularité de son candidat, Thomas Mulcair, un populiste associé à une bonne cause, et à son travail sur le terrain. Et que cela n'est d'aucune signification pour la suite des choses.
Les vrais gagnants du 17 septembre, ce sont les conservateurs de Stephen Harper, qui, au delà de leur gain du siège de Roberval, peuvent voir dans ces résultats de nombreux signaux de bon augure. Le fait que leurs politiques impopulaires, sur l'Afghanistan et l'environnement, ont relativement peu de poids. Le fait que leurs deux adversaires, au Québec, sont en crise. Le fait aussi que le phénomène socio-politique d'une remontée du courant bleu au Québec et du succès de l'ADQ peut se reproduire sur la scène fédérale.
Et s'il y a une conclusion à tirer de ces élections partielles, c'est que nous sommes peut-être plus près d'élections générales dans les mois qui viennent.


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