Une autre étude sotte de l’Institut Fraser

L’impact des lois du travail est un sujet sérieux qu’il faut examiner sérieusement. Ce que ne fait pas l’Institut Fraser

Nouvelle Gauche - La social-démocratie revisitée



L’Institut Fraser vient de publier une autre de ses fameuses études qui placent inévitablement le Québec aux derniers rangs d’à peu près n’importe quoi.
Les auteurs prétendent que le taux de chômage élevé et la faible productivité des travailleurs sont causés par les lois du travail trop complaisantes pour les syndicats, le fort taux de syndicalisation, le salaire minimum trop élevé et le trop grand nombre de travailleurs dans le secteur public.
Je n’aime pas plus qu’il ne le faut les syndicats, mais les études du Fraser ne font rien pour démontrer comment ils nuisent au développement économique. Comme dans toutes ses études, l’Institut Fraser établit unilatéralement une relation de cause à effet entre les mesures qu’elles n’aiment pas et les indicateurs qui font son affaire, sans tenir compte de tous les facteurs qui ont une incidence sur le développement et la richesse d’une communauté.
Cela devient risible tellement c’est gros. Oui, l’Alberta a connu un marché du travail extrêmement dynamique entre 2004 et 2008. Mais est-ce parce que le salaire minimum y est bas ou parce que le prix du pétrole a quintuplé entre 2002 et 2008 ? Ce facteur n’est même pas considéré dans cette étude. Le taux de chômage albertain serait bas parce que les syndicats sont moins puissants qu’au Québec. CQFD.
Dans l’étude, le Nevada performe très bien et le savant institut est fier de constater que le nombre d’employés gouvernementaux y est extrêmement faible. Cela est-il plus important dans la performance du marché du travail du Nevada que la bulle immobilière qui a frappé Las Vegas entre 2004 et 2008 ? C’est la bulle qui a permis ces chiffres au niveau du marché de l’emploi. D’ailleurs, cet État a perdu beaucoup d’emplois depuis un an, même si ses fonctionnaires restent peu nombreux !
Autre niaiserie lamentable, celle-la portant sur la productivité par travailleur. Le taux de productivité est un concept finalement très simple. Il s’agit de diviser la valeur d’une production par le nombre d’heures de travail nécessaires pour la produire. Faut-il se surprendre que la productivité par employé est plus forte en Alberta que dans les autres provinces et États alors que la valeur du pétrole a quintuplé entre 2002 et 2008 ? Cela explique aussi pourquoi la Saskatchewan apparaît si productive alors qu’elle compte pour 20 % de la production pétrolière canadienne et recèle les deux tiers des réserves mondiales de potasse dont le prix a atteint la stratosphère.
La productivité par employé, telle que mesurée par l’Institut Fraser, n’est pas un très bon indicateur de la richesse relative des États et des provinces. On y constate que la productivité par employé de la Louisiane – producteur de pétrole – est plus élevée que celle du Massachussets, mais il n’y a que quelques idéologues qui peuvent affirmer sans s’étouffer que New Orleans est plus riche que Boston.
On souligne aussi comment certains États attirent beaucoup de monde et que d’autres se vident de leur population. Est-ce à cause des lois du travail que les Américains affluaient vers l’Arizona ou la Floride, ou est-ce à cause du soleil ? Est-ce à cause de la flexibilité du marché du travail ou de la douceur du marché de la retraite ?
Je pourrais continuer longtemps encore. L’impact des lois du travail est un sujet sérieux qu’il faut examiner sérieusement. Ce que ne fait pas l’Institut Fraser.


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