Qu'est devenu le «revenu de citoyenneté»?

Un vote en congrès QS qui disparait mystérieusement.

Nouvelle Gauche - La social-démocratie revisitée

Discours du 20 janvier 2010 aux citoyens de Qs Mercier sur le «revenu de citoyenneté». (Luc Douville)
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1) Le 15 décembre dernier, nous avons déposé au bureau du député Amir Khadir une pétition de quelques centaines de noms de citoyens de mercier désireux d'un changement dans la politique anti-pauvreté de Québec solidaire et le retour du revenu de citoyenneté dans la plate-forme électorale du parti. Je viens aujourd'hui faire le suivi de cette pétition.  

2) Lors de l'élection partielle de 2001 dans Mercier, Paul Cliche avait initié la participation électorale de la gauche au processus politique. On voyait alors sur l'avenue du Mont-Royal des autocollants anti-pauvreté, dans les assemblées publiques des banderoles anti-pauvreté et sur les militants des macarons anti-pauvreté. On parlait de pauvreté zéro et d'éradiquer la pauvreté. Le résultat  a été spectaculaire : la chute du château fort péquiste de mercier. J'y étais.
3) Dans les mois qui ont suivi l'élection partiel , Le mouvement anti-pauvreté a connu son moment de gloire avec l'adoption en congrès du «revenu de citoyenneté» (rc) comme politique officiel de la gauche. L'adoption du rc a alors pris la forme de 7 votes distinctes sur ses principes, ses modalités d'applications et son financement.
4) Le rc a été un élément  de plate-forme électorale à l'ufp et ensuite à Qs jusqu'au congrès de sept 2008. Mercier avait alors adopté en assemblée générale pré-congrès «le revenu de citoyenneté». Le rc a été retiré de la plate-forme électorale en sept 2008. Je ne ferai pas de commentaires là dessus. Des plaintes ont été déposées chez l'ombudsman de Qs à ce sujet.
Le rc donnait aux personnes en chômage et qui ne trouvaient pas de travail un montant permettant de se soustraire à la pauvreté. Il comprenait aussi une réforme de la vie démocratique en valorisant deux valeurs essentielles à la vie démocratiques: LA LIBERTÉ ET LA RESPONSABILITÉ. Sans ces valeurs essentielles, la gauche politique n'est pas viable : c'est un anachronisme.
5) Les élections générales de déc. 2008, trois mois après le retrait du rc de Qs, ont été un échec démocratique avec un taux de participation de moins de 60% de l'électorat.
Le retrait par Qs du rc trois mois avant les élections est un élément de la crise démocratique. Plusieurs de ceux qui aurait voté Qs à cause du rc : travailleurs pauvres, chômeurs et assistés sociaux, artistes en intermittence, retraités au revenus précaires, ont cessé d'espérer et n'ont pas seulement quitté Qs mais ils ont aussi cessé de voter. 
De plus, ceux qui avaient  voté Adq dans l'élection précédente, lequel parti a aussi une forme de rc, et surtout les femmes, auraient transféré leur vote vers Qs où l'adq s'est complètement planté. On aurait ainsi pu conquérir la clientèle nouvelle qui quittait l'adq. 
6) En mai 2009, lors des journées «Michel Chartrand» qui se sont tenu à Longueuil sous l'hospice de Me François Cyr, nous avons demandé pourquoi le rc avait été enlevé de la plate-forme de Qs trois mois avant l'élection générale de 2008. 
Françoise David nous a répondu publiquement que le mouvement des femmes était contre le rc. Ce n'est pas vrai que le mouvement des femmes est contre le rc. C'est plutôt  l'idéologie du mouvement féministe qui est complètement déconnectée de la réalité des femmes. À l'encontre de ce que prétend madame David, le rc donne la sécurité, la liberté et la responsabilité aux femmes.
7)Aujourd'hui, les signataires de la pétition demande au député Amir Khadir d'instituer un comité formé des citoyens et militants de Mercier qui prépareront un rapport sur le revenu de citoyenneté en vue du prochain congrès dont le thème sera l'économie.
(M. Khadir a refusé d'instituer le comité demandé par les citoyens de Mercier. Pourtant, l'organisation de Mercier a déjà, dans le passé, mis sur pied plusieurs comités. M. Khadir a aussi attaqué les tenants du rc , les accusant de créer des litiges avec les féministes. Les paroles de Françoise David aux journées Michel Chartrand ont été dites devant M. Khadir, lequel n'a réagi que pour se montrer hostile envers ceux qui pose des questions sur la «disparition» du rc de la plate-forme électorale de Qs. )   
8)Je termine par ces quelques vers de Georges Brassens.«Au village, sans prétention, j'ai mauvaise réputation.....Tout le monde médit de moi sauf les muets bien entendu».
 


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4 commentaires

  • Christian Montmarquette Répondre

    28 janvier 2010

    Afin de rendre le projet plus vendeur, il imcombe à mon sens de faire connaitre les coûts du revenu de citoyenneté.
    Michel Bernard semble parler de 3,6 milliards $ annuellement en 1997 au Québec ce dont je ne me souvenais pas et qui ne m'apparait pas si «rêveur que ça» ; d'autant plus que ce montant est équivalent à celui réclamé en baisses d'impôts par les patrons...
    Christian Montmarquette
    Je vous donne le lien ci-desssous en complément d'information.
    Chartrand vu par Picard
    - février 2000
    «Être pauvre aux portes du paradis»
    - Michel Bernard
    http://archives.lautjournal.info/autjourarchives.asp?article=735&noj=186
    .

  • Élie Presseault Répondre

    28 janvier 2010

    Bonjour,
    Tant qu'à être une gauche pragmatique, pratiquez le credo de Michel Chartrand. Personne n'attire l'unanimité mais de grâce, soyez une gauche qui se respecte, qui donne les coups et qui prouve continuellement la pertinence de défendre le revenu citoyen. Dans un contexte de crise économique, ce n'est pas le temps de défendre le plus petit dénominateur commun. Il faut, au contraire, tirer parti des circonstances en vigueur et combattre les forces qui tombent dans la désuétude la plus totale.
    Si Québec solidaire veut être une alternative politique crédible, le parti doit faire un devoir de conscience sur l'importance de clarifier les enjeux et de refuser la simplification à outrance, qui est le lot du populisme. Faire l'économie d'une réflexion collective et défaire les promesses d'un parti une par une, c'est enlever la crédibilité à l'essence d'une démarche collective et citoyenne.

  • Luc Douville Répondre

    27 janvier 2010

    On disait que l'allocation familiale était une demande trop importante. On a dit que l'aide sociale était irréaliste. On a dit que l'assurance chômage était irréaliste. Pourtant ces mesures existent aujourd'hui.
    Même l'adQ qui est un parti de droite avait une forme de «revenu de citoyenneté» dans son programme. La droite est en faveur du rc . Que voulons-nous de plus si cette mesure ne fait pas de grands débats de principe entre la gauche et la droite. Pour une fois, qu'il n'y aurait pas un dialogue de sourd entre gauche et droite.
    Ce qui est très important à considérer c'est que le revenu de citoyenneté responsabilise le citoyen. Le rc doit être inconditionnel et versé à tous. Il est cumulatif et soumis aux mêmes règles d'impôts que tout autre revenu. L'aide sociale au contraire est conditionnelle et désincite fiscalement au retour au travail. Le rc est individualisé et est versé quelque soit le revenu du ménage. La règle du libre choix entre travail sur le marché, activités hors du marché et études s'applique.
    Le Rc est le coup de barre démocratique dont le Québec a besoin. Les taux de participation aux élections vont continuer de baisser sans des mesures importantes impliquant la liberté et la responsabilisation des citoyens. On ne demande pas à des citoyens emprisonnés à l'aide sociale d'exercer leur libre choix alors qu'ils ne le font jamais dans leur vie. Ces citoyens doivent recommencer à se responsabiliser.
    Les montants alloués peuvent être assez bas au début pour augmenter progressivement. Il n'est pas vrai qu'au lendemain d'une élection , le rc serait installer dans une seule fois. Il faut cependant se rappeler que la «gauche politique » est un mouvement de redistribution des revenus et que les travailleurs pauvres, les assistés sociaux, les chômeurs et les retraités aux revenus incertains sont sa clientèle naturelle. Il ne doit pas lui échapper que la «gauche politique» prend ses racines dans le mouvement anti-pauvreté et les classes plutôt défavorisés. Pour des raisons de rentabilité électorale, Qs semble cacher aujourd'hui son option de gauche.
    Une fiscalité plus progressive financerait un revenu de citoyenneté plus généreux que celui de la droite. Une fiscalité keynésienne correspondant à un socialisme léger suffirait dans un Québec, aujourd'hui riche, dont la production annuelle dépasse les 300 milliards. Le rc, c'est le renouveau démocratique que la population demande et dont la gauche a besoin pour être crédible. En effet , il y a une tendance autoritaire et anti-démocratique fortement orientée vers le «tout à l'État» dont il faut se débarasser pour une nouvelle gauche axée sur le citoyen libre et responsable.

  • Christian Montmarquette Répondre

    27 janvier 2010

    D'entrée de jeu, je n'aurais rien contre le revenu de citoyenneté, si ce n'était qu'il n'est stratégiquement pas facile «à défendre» dans la population ; la crainte de QS étant d'apparaître comme une gauche rêveuse ou irréaliste.
    À mon avis, Québec Solidaire a fini par se ranger derrière l'abolition des catégories à l'aide sociale (ou double-statut) parce que cette revendication, même si relativement minimale, était sans doute une des plus unitaires dans les groupes sociaux, et qui plus est, apparaissait comme plus réaliste, sans égard à la possibilité réelle d'établir le revenu de citoyenneté.
    Le danger, c'est qu'à trop demander, on finisse par ne rien obtenir…
    Solidairement,
    Christian Montmarquette