Guy Ouellette, ex-policier, député en exercice et membre du gouvernement, est arrêté par l’Unité permanente anticorruption (UPAC). Des rumeurs font état de fuites médiatiques auxquelles Guy Ouellette aurait été mêlé. Du jamais-vu.
L’UPAC est le même corps policier créé par Jean Charest et dont le patron, Robert Lafrenière, fut reconduit dans ses fonctions par Philippe Couillard. Le même premier ministre dont le parti politique est sous enquête de l’UPAC – la fameuse enquête Mâchurer –, pour allégations de financement illégal et de corruption sous le régime Charest.
Dans ce mauvais vaudeville, comment s’étonner d’entendre le maire sortant de Laval, Marc Demers, s’écrier à l’émission Gravel le matin : « C’est le Watergate québécois ! » Eh oui, le Watergate des pauvres...
Malgré l’arrestation de son député et cette troublante proximité entre les pouvoirs politique et policier, Philippe Couillard n’a rien dit de signifiant. On le sentait même soulagé d’être enfin délesté de Guy Ouellette.
Nid de vipères
Sa réaction ? Pas question, répète le premier ministre, de soumettre la nomination du patron de l’UPAC à l’approbation de l’Assemblée nationale. Donc, pas question d’en assurer la pleine indépendance. Au cœur de ce nid de vipères se trouve pourtant l’enquête Mâchurer sur le PLQ. Ce serait déjà ample raison d’ériger un mur, un vrai, entre l’UPAC et le gouvernement.
Enclenchée en 2013, Mâchurer doit faire la lumière sur les aspects les plus troubles du régime de Jean Charest et de son omnipotent argentier, Marc Bibeau. Après la fin en queue de poisson de la commission Charbonneau, son mystérieux refus d’entendre le tandem Charest-Bibeau et la dissidence pitoyable du commissaire Renaud Lachance, les Québécois attendent maintenant que l’enquête Mâchurer accouche.
D’autant plus que le 1er octobre 2018, élections il y aura. Les électeurs ont droit à la vérité AVANT d’aller voter. Or, sans une réelle distance entre la haute direction de l’UPAC et le pouvoir politique, quoi qu’il arrive, les soupçons ambiants perdureront.
Le grand ménage
Pour la société québécoise, le résultat est hautement dommageable. La confiance minée des Québécois envers leurs institutions n’est toujours pas rétablie. Un climat malsain du « tout est pourri » en politique s’installe à demeure. Un cercle vicieux, tissé d’enquêteurs frustrés, d’une opacité inquiétante à l’UPAC et d’une trop grande proximité des pouvoirs politique et policier, contribue à démobiliser et dépolitiser de plus en plus de citoyens.
Bref, le Québec a besoin d’un très grand ménage au sommet de sa classe politique. Le prochain scrutin lui en offrira tout au moins l’occasion. Au sein de la députation des partis, il reste heureusement quelques têtes moins usées, quelques esprits intègres et des cœurs plus ouverts. Des élus dont le rêve est de servir le bien commun et non pas de s’en servir pour eux-mêmes.
Celles-là et ceux-là, espérons-le, seront à conserver. Les autres, ceux et celles dont le bagage nuisible est trop lourd, mériteront d’aller se faire voir ailleurs. Notre société fatiguée et désabusée mérite un sérieux coup de barre. Et cette fois-ci, dans la bonne direction.