Partout dans le monde, les pouvoirs savent qu’il est important de dessiner la frontière entre le blanc et le noir, le bien et le mal. Aujourd’hui plus que jamais, le mot “information” rime avec “contrôle du message”. C’est particulièrement vrai au Québec où on est en plein constructivisme canadien et normalisation du Québec. Il faut que tout le récit national soit pris en charge et relayé par le cadre de présentation.
Ceci n’est pas nouveau, direz-vous. Ce qui est nouveau, c’est le resserrement du récit national canadien, le rigorisme de ses normes descriptives. Le Québec, comme l’envisageait par exemple Claude Ryan, serait impossible à énoncer dans ce récit resserré. Ryan se ferait accuser de demander mers et monde et de définir le statut du Québec en adoptant le présupposé que le Québec a des intérêts exclusifs, ce qui est ethnocentrique, conformément au récit de commande qui se fait entendre de nos jours.
Si un gouvernement du Parti Québécois est élu aux prochaines élections, il se butera aux mêmes limites théoriques présentées comme une norme interprétative. La citoyenneté québécoise sera ethnocentrique, selon les procureurs de l’information. La Constitution québécoise sera ethnocentrique. Les demandes du Québec seront présentées comme des brandons de discordes venant perturber un système édifié sur un équilibre parfait entre le tout et les parties, facilitant le juste compromis chez tout individu de bonne volonté sans distinction d’origine.
Généralement, les indépendantistes se disent que la population est au cœur de cette emprise informationnelle et que cela n’a pas empêché le mouvement indépendantiste de rallier des consensus importants. C’est peut-être oublier que les diffuseurs d’aujourd’hui n’ont pas les mêmes scrupules touchant le contrôle du message qu’il y a vingt ans. Aujourd’hui, le contrôle du message en ce qui touche la question nationale est conçu comme un droit et une prérogative du diffuseur.
Ce que les médias ont fait avec le Bloc, ils vont le faire avec le Parti Québécois. La prise en charge du récit avec sa ligne de partage stricte qui oppose une faction ethnocentrique à un esprit d’ouverture parfaitement traduit par le régime canadien; on ne pourra pas en franchir très souvent les marges. Fiez-vous aux dernières semaines.
Avez-vous lu une seule fois un bilan de l'action du Bloc Québécois? Non, les types du Bloc ont été décrits comme de purs parasites ethnocentriques opposés au bien général représenté par le Canada. Le message s’est articulé comme une boucle autoréférentielle. Ce message ne s’est appuyé que sur lui-même pour ne plus rien devoir qu’à sa logique interne.
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Il n’y a plus de différence entre l’information continue et le martèlement continu. Les indépendantistes ont tort d’expliquer ce qui vient de se passer par le goût du changement et l’alliance des progressistes canadiens. Certes, le Bloc Québécois semblait avoir depuis plusieurs années comme corollaire la présence d’un gouvernement minoritaire à Ottawa. Ceci constituait un irritant majeur au sein d’une population lasse de retourner aux urnes. Seulement, cette lassitude n’était pas destinée à être le facteur décisif.
Répéter ensuite que la présence du Bloc Québécois empêche les Québécois d’élire des représentants qui entreront dans des combines et utiliseront leur position gouvernementale, entendre des professionnels défendre l’idée qu’il existe un système de privilèges qui avantage ceux qui sont du côté du pouvoir, entendre que c’est la base, le principe du vote utile sans que personne ne se scandalise, c’est là franchir un nouveau pas. Et ce pas a été franchi, diablement franchi.
Si vraiment l’axe de répartition des richesses est guidé par ce principe, le côté du pouvoir, le rôle d’un professionnel de l’information serait non pas d’interpeller le citoyen pour voter du bon bord mais bien d’engager une action contre ce détournement du vote. À partir du moment où des sondeurs étaient censés révéler que si la tendance se maintenait, une vague un iota plus grosse finirait par mettre cette fois l'impossible à la portée du Nouveau Parti Démocratique, des Québécois de toutes les allégeances se sont sentis conscrits.
La leçon à tirer des dernières élections, ce n’est pas que les électeurs ont eu le courage de voter à gauche. Voter à gauche sans se demander de quoi le Fédéral est le moyen et l’expression, ou voter à gauche en entendant schématiser sur la signification du vote selon la dualité ethnocentriste versus universaliste, c’est un vote qui est aussi conditionné qu’un vote à droite.
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André Savard
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6 commentaires
Archives de Vigile Répondre
19 mai 2011Les médias québécois sont contrôlés à plus de 80% par des fédéralistes pures et durs. Soyez assurez que ces gens là vont absolument tout faire contre le Parti-Québécois aux prochaines élections. Le Bloc Québécois a goûté à leurs propagandes et regarder le résultat aujourd'hui.
Malgré l'impopularité de Charest et cie, le PLQ n'est que quatre points derrière le PQ !! De plus, n'oubliez jamais que les francophones ont la désagréable habitude de ne pas voter dans des proportions alarmantes, ce qui historiquement nuit considérablement au PQ (en d'autres termes, le PQ et le PLQ sont en fait à égalité). Ajoutez à ce tableau que ces mêmes électeurs francophones sont profondément divisés entre eux. D'ailleurs, le phénomène "Legault" viendra assurément fractionner davantage l'électorat d'ici les deux prochaines années (un phénomène qui historiquement favorise le PLQ).
On sent l'inquiétude dans les rangs péquistes et avec raison. Pourquoi pensez-vous que Jean Charest est tout sourire ? Il sait déjà que ses chances d'obtenir un quatrième mandat sont en augmentation constante. Le bonhomme pourra de plus avoir le 80% des médias de son coté.
Pendant que Charest nous mentira en pleine face, les médias fédéralistes censureront le message péquiste. Et le tout est joué.
Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre
17 mai 2011@ Guy Racicot,
le Réseau, il existe et sera inauguré par un spectacle Fête des Patriotes à Montréal, samedi 21: coalition des mouvements indépendantistes du Québec. C'est CAP SUR L'INDÉPENDANCE.
http://www.vigile.net/Apres-250-de-resistance-CAP-SUR-L
La preuve d'un vote captif: Les sinistrés du Richelieu n'ont été qu'aguichés par l'aide militaire, qui se retire en plein sinistre, pendant formation du Cabinet à Ottawa!
Pas voté du bon bord: demandez aide à Jack!
Heil Harper: survolé Manitoba seulement.
Archives de Vigile Répondre
17 mai 2011Mardi, le 17 mai, 2011
Je suis d'accord avec vous! Ça fait déjà une mèche que je constate, avec horreur, la propagande fédéraliste des médias! Avec tout l'attention qu'ils portent récemment à l'ADQ et à leur chef, c’est évident qu’ils sont déjà à l'œuvre avec leur "spin" de désinformations !
Il faut que tous Québécois et Québécoises qui ont la souveraineté du Québec à cœur, utilisent tous moyens qu’ils ont à leur disposition pour rejoindre et bien informer les gens de leur milieu sur le bien-fondé de notre cause car ce n’est, certainement, pas les médias qui vont le faire pour nous !!!
Il faut que, vous et moi, gens ordinaires du pays, devenions plus militants !
Donc, je vous pose la question : « Existe-ils un organisme souverainiste au Québec qui pourrait nous aider à s’organiser en équipes de volontaires afin de mettre en opération l’une ou plusieurs des suggestions suivantes?«
Oui, ce sera un travail de grande envergure qui pourrait duré jusqu’à ce que le Québec réussisse son indépendance politique mais ce sera un mouvement venant du peuple lui-même, qui travaillera en BLOC pour une même et noble cause !
Contactez-moi si vous pensez que ça pourrait marcher. Je me porte déjà volontaire en Outaouais! Voici mon adresse courriel :
guy.racicot@gmail.com
Mettons tous souverainistes, vous et moi, dans les quatre coins du Québec, en marche vers l’indépendance!
Voici quelques suggestions de projets qu’on pourrait entamer dès aujourd’hui :
•Mettre sur papier les objectifs de notre « mouvement populaire »
•Choisir un chef d’équipe et un exécutif
•Établir des cellules du mouvement dans les 4 coins du Québec
•Développer des brochures d'informations pro souverainiste, qu’on pourrait ensuite distribuer, de porte en porte, dans les 4 coins du Québec.
•Développer des copies de DVD, tel que "L'abcd de la souveraineté", afin d’organiser des séances d'information pour le peuple dans nos centres pour ainés, dans nos salles communautaires, dans nos cégeps et dans nos universités.
Des gens bien informés ce sont des gens qui voteront avec conviction et détermination pour une cause sans tomber victimes de la désinformation fédéraliste de peur que nous connaissions déjà trop bien!
Il faut qu'on fasse tout ce qui est humainement possible pour CRIER, haut et fort, la V-É-R-I-T-É ! Si, chacun et chacune d’entre nous, s'engage de faire notre part pour notre mouvement ça ne peut que marcher! David a vaincu son adversaire GOLIATH, nous aussi vaincrons le nôtre!
J’attends de vos nouvelles!
Guy Racicot ☺
Gatineau, Québec
Jean-Claude Pomerleau Répondre
16 mai 2011Voilà bien le problème,très bien exprimé: Le contrôle de la narration.
Et il demeurera entier tant et aussi longtemps que le PQ jouera le jeux et refusera d'assumer le rapport de force avec la médiacratie fédéraliste.
En refusant de nommer l'adversaire on lui donne une crédibilité qu'il utilise contre nous.
JCPomerleau
Archives de Vigile Répondre
16 mai 2011J'espère que les leaders péquistes vont lire ce texte et surtout la phrase "Ce que les médias ont fait avec le Bloc, ils vont le faire avec le Parti Québécois." et qu'ils sauront cesser le taponnage de la rectitude politique systémique et réagir en conséquence.
Marcel Haché Répondre
16 mai 2011Je partage to-ta-le-ment votre point de vue. C’est la raison pour laquelle je crois que le P.Q. est condamné et se condamne lui-même à une prise de pouvoir soft.
« Jouer » l’indépendance, surtout l’indépendance dure, affirmée, clairement mise au centre de la table, comme le souhaite l’aile romantique du mouvement souverainiste, y aller à visage découvert à la prochaine élection, sous prétexte qu’il y aurait un pourcentage significatif de souverainistes dans l’électorat, c’est l’équivalent de faire la revue de ses forces et se déclarer prêts, sans préalablement SAVOIR l’état des forces ennemies.
Autrement dit : la prise du pouvoir par le P.Q. pourrait bien devoir être soft, à défaut de quoi ce serait une déroute possible.
Autrement dit aussi : un P.Q. au pouvoir devrait être (très-très) hard, à défaut de quoi ce serait la déroute assurée…et rapidement en plus, à moins d’accepter alors de végéter là où végète actuellement le gouvernement Charest, dans le discrédit.
Le corridor est de plus en plus étroit pour l’idée de l’indépendance. Il ne sert plus à rien de s’imaginer que nous serions encore sur l’autoroute des années 70-80. J’oublie intentionnellement les années 60, chacun sachant, n’est-ce-pas, qu’il s’agit là des années du néant, de la préhistoire et du big bang…
Le Plan Marois est tout à fait indiqué comme manière « soft » de prendre le pouvoir…Et même là : rien n’est joué ni assuré…
Wake up P.Q.