Un sens à l'existence

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Géopolitique — Proche-Orient

L'état de l'espèce Homo sapiens sapiens n'est pas très bon. Pendant que l'Occident poursuit son offensive militaire contre l'Islamisme radical, soit une bonne frange du milliard de musulmans qui peuple la terre, l'environnement physique de la planète se dégrade à un rythme qui prend de l'accélération.
Je disais ici que l'espèce humaine devait trouver un sens à son existence si elle voulait être plus qu'un blip sur l'écran radar de l'évolution de la vie, ou à tout le moins rejoindre le record de longévité atteint par l'homme de Néanderthal. Et pour faire cela, faudra faire avec ce que nous sommes, réellement.
Qui sommes-nous fondamentalement ? Des mammifères sociaux qui, comme tous les autres, ont puisé leurs premiers réflexes sociaux à même le bagage génétique de leurs prédécesseurs dans l'échelle de l'évolution. Pour les fins de ce billet, je n'en mentionnerai que deux: le contrôle territorial et la mobilisation du groupe contre un ennemi commun.
Dans les documentaires animaliers, nous avons tous vu un mâle dominant un territoire repousser les mâles plus faibles pour conserver l'exclusivité de la reproduction. Les espèces animales qui ont adopté ce comportement social ont plus facilement survécu à travers les âges. Mais ce qui me frappe, en même temps, c'est que les mâles qui s'affrontent ne se blessent pas. Ils font leur démonstration de force, le plus faible abandonne bientôt le combat et le plus fort ne le poursuit pas pour le blesser ou le tuer.
Les espèces où les mâles dominants ont adopté cette attitude d'endiguement (ou containment) ont eu plus de chances de survivre, évitant ainsi les blessures et limitant les rivalités intestines. C'est la politique suivie par les grandes puissances nucléaires, États-Unis, URSS, Chine, Europe, pendant la guerre froide: on fait sa petite démonstration de force, et puis chacun rentre chez soi.
Et la paix mondiale a été bien servie malgré les conflits régionaux.
L'actuelle politique de guerre au terrorisme de l'administration Bush, laquelle s'est répandue à travers le monde, et même au Canada, correspond à l'attitude d'un mâle dominant qui pousuivrait ses opposants jusqu'à les blesser et les tuer. Cela exacerbe les conflits et loin d'intimider les groupes sociaux dits "terroristes" poursuivis par les États-Unis et ses alliés, ces tueries entraîneront des représailles sans fin. Ce n'est pas bon pour la survie de notre espèce.
Si la politique d'endiguement, qui remonte elle aussi aux origines de notre espèce tout autant que que la politique de contrôle territorial, a permis d'éviter les guerres nucléaires, elle devrait être suffisante aussi pour permettre de contrer la montée de l'Islamisme radical. C'est en ce sens que je suis pacifiste et opposé en général aux solutions militaires des conflits. Mon pacifisme ne s'oppose pas aux démonstrations de force, lesquelles sont au contraire un de ses éléments essentiels.
Il n'y a rien de bien nouveau là-dedans: " Si vis pacem, para bellum ", dirait Bernard Landry.
L'autre réflexe social dont je parlais au début du billet nous vient d'encore plus loin dans la nuit des temps: la mobilisation du groupe contre un ennemi commun. Les bancs de poissons se regroupent en masse compacte pour affronter un prédateur, les volées d'oiseaux s'avertissent de la présence d'un faucon et les éléphants se regroupent pour affronter ceux qui veulent s'en prendre à leurs petits.
Chez les humains, le réflexe social qui mobilise contre un ennemi commun est utilisé abondamment dans la petite vie quotidienne autant qu'en politique internationale. Le bouc émissaire au bureau, le souffre-douleur à l'usine, les Anglais pour certains nationalistes québécois attardés, les Français pour certains rednecks canadiens-anglais, la Syrie et l'Iran pour George W. Bush en sont autant d'exemples.
Si Homo sapiens sapiens veut donner un sens à son existence et à son action collective, il doit se trouver un ennemi commun. Et comme les extra-terrestres n'ont pas encore manifesté d'intentions belliqueuses à notre égard, je ne vois que la dégradation de notre environnement qui soit notre ennemi commun.
La dégradation de l'environnement est un ennemi réel, immédiat, aux effets dévastateurs. C'est pure stupidité que de consacrer nos énergies à combattre et à tuer des populations lointaines qui ne partagent pas les valeurs occidentales que l'on prétend universelles. La seule vraie valeur universelle, c'est le droit à la vie, ainsi que tous les droits qui en découlent. Et au nom du droit à la vie, la priorité, c'est de combattre la dégradation de l'environnement. C'est l'ennemi commun qui pourrait nous mobiliser tous ensemble, membres de l'espèce humaine. Et c'est en ce sens que je suis environnementaliste.
Je suis vieux. Je suis cynique et désabusé. Ma vie est confortable et n'a pas vraiment de sens. J'ai ri des pacifistes et des environnementalistes au nom de la realpolitik. Mais, vraiment, la realpolitik à la Bush, à la Blair, à la Harper, ne nous mènera nulle part. C'est probablement de façon instinctive que les jeunes générations sont si attirées par le pacifisme et l'environnementalisme. C'est leur manière de nous dire que tout l'appareil de rationalisation que les vieilles générations ont mis en place pour percevoir et "gérer" les problèmes humains ne fonctionne pas.
Mais, il ne faut pas désespérer. Ces jeunes prendront le pouvoir un jour et j'espère qu'il leur restera quelque chose de l'idéalisme de leurs jeunes années.
Zylag


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