La lettre d'adieu d'Eliot

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L'Affaire Eliot Spitzer

Le 14 février 2008, le Washington Post publiait une lettre du gouverneur de l'État de New York, Eliot Spitzer. C'était une dénonciation sans réserve de l'administration Bush au sujet de la crise des subprimes. Oui oui, celle-là même. Cette crise dont on entend parler partout, et qui va déstabiliser l'économie américaine, et qui par effet d'entraînement va déstabiliser l'économie mondiale, et qui par effet d'entraînement va déstabiliser la géopolitique de la planète, cette crise-là même dont on parle sans cesse en Europe, cette crise dont les effets seront bien plus importants que la connerie de la guerre en Afghanistan, que la crétinerie de la guerre en Irak, et de bien d'autres guerres. Eliot Spitzer a clairement dit dans le Washington Post que la crise des subprimes a été créée de toutes pièces par l'administration Bush. L'administration Bush ! Que dis-je ? par Bush !
Maintenant que l'on connaît le sort qu'a connu Eliot Spitzer à la suite du travail d'investigation fourni conjointement par l'Internal Revenue Service (IRS) et par le Federal Bureau of Investigation (FBI), nous ne pouvons que conclure que cette lettre au Washinton Post était en fait une lettre d'adieu. Spitzer a refusé d'avaler le Kool-Aid vendu par tous les chroniqueurs économiques de l'Amérique à l'effet que la crise des subprimes a été causée par des emprunteurs trop gourmands qui bientôt n'eurent pas les moyens de rembourser leurs prêts. C'était trop simple de blâmer les victimes.
Dans sa lettre, Spitzer raconte:
Il y a plusieurs années, les ministres de la justice des états et plusieurs autres personnes impliquées dans la protection des consommateurs ont noté une augmentation marquée de la variété des pratiques frauduleuses utilisées par les prêteurs hypothécaires. Certains donnaient une fausse représentation des termes du prêt, ou accordaient des prêts sans tenir compte de la capacité de rembourser, ou accordaient des prêts avec des intérêts minimes qui plus tard explosaient de façon astronomique, ou parsemaient leurs prêts de charges et de frais cachés, ou même payaient des primes illégales aux futurs emprunteurs.
Ces pratiques, et plusieurs autres, avaient des effets désastreux sur les acheteurs de maison. De plus, l'étendue même de ces pratiques, si on les laissait proliférer, menacaient nos marchés financiers.
Même si les prêts frauduleux devenaient un problème national, l'administration Bush détournait son regard et ne fit rien pour protéger les propriétaires de maison américains. De fait, le gouvernement a plutôt choisi de s'acoquiner avec les banques qui fraudaient les consommateurs. (N. T.)

Et Spitzer nous explique que devant l'inertie du gouvernement fédéral, les 50 états se sont mis à faire des lois plus sévères contre les prêteurs frauduleux et à multiplier les poursuites pour en restreindre l'étendue. Et là, par l'intermédiaire d'un obscur organisme, l' Office of the Comptroller of the Currency (OCC), l'administration Bush a réagi violemment. Mise en place pendant la Guerre de Sécession, l'OCC avait pour fonction de vérifier si les bilans des banques balançaient. En 2003, l'OCC réactiva une vieille loi datant de 1863 empêchant les états de légiférer sur le caractère frauduleux des prêts. L'OCC a aussi promulgé de nouvelles règles qui mettaient les banques nationales à l'abri des règlementations des états sur la protection des consommateurs.
Et Spitzer de conclure:

Quand l'histoire va nous conter l'épisode de la crise des subprimes et va nous rappeler ses effets désastreux sur plusieurs innocents propriétaires de maison, on ne jugera pas l'administration Bush de façon favorable. Ce n'est pas encore terminé, mais quand la poussière sera retombée, on sera d'avis que cette administration a été une complice empressée de ces prêteurs prêts à tout dans leur recherche du profit. Une complice si empressée en fait qu'elle a utilisé le pouvoir du gouvernement fédéral dans un assaut sans précédent contre les législatures d'état, aussi bien que contre les ministres de la justice des états et finalement contre quiconque avait à coeur l'intérêt des consommateurs. (N. T.)


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