Un groupie d'Obama face à Bush

Bush à Montréal

Quand il se décrit comme un groupie de Barack Obama, le prochain délégué du Québec à New York, John Parisella, ne blague qu'à moitié. Après tout, il n'a pas hésité à retrousser ses manches pendant la dernière campagne présidentielle pour aider à faire élire le candidat démocrate.
Mais depuis quelques jours, John Parisella planche sur une tout autre mission: animer une conférence avec le prédécesseur de Barack Obama, George W. Bush, qui est de passage aujourd'hui à Montréal.
Lors de cette rencontre, M. Parisella marchera sur des oeufs. Il ne veut pas pousser son invité dans ses derniers retranchements, mais il ne veut pas non plus occulter le legs de sa présidence. «Je ne veux pas être hostile, mais je ne veux pas être complaisant non plus», résume-t-il.
Ce passionné de politique américaine aimerait amener l'ancien président sur quelques terrains sensibles, et parvenir à lui faire dire que son règne n'a pas été sans failles. «Je veux savoir s'il a des regrets et s'il reconnaît ses erreurs», dit John Parisella.
Torture: sujet trop pointu
Hier, celui-ci avait déjà une liste de 25 questions à poser à l'ancien leader. Systématique, il les a classées en quatre catégories: «Je veux lui parler de sa vie post-présidentielle, de sa présidence, des relations avec le Canada et de la politique américaine actuelle.»
Ces grands sujets ont été approuvés par TINE Public, la firme de relations publiques qui organise la tournée canadienne de George W. Bush (ce dernier a aussi parlé à Saskatoon et à Edmonton). Mais pas les questions précises auxquelles l'ex-président sera appelé à répondre ce midi.
John Parisella a fait ses devoirs. Il a consulté quelques journalistes sur la manière dont on s'y prend pour aborder des sujets délicats. Il en a conclu qu'il est possible de parler de tout, en amorçant la conversation avec des formules telles que: «Vos critiques disent que...»
«Je vais me concentrer sur le 11 septembre et la politique qui a suivi, j'aimerais aller chercher son point de vue sur l'Afghanistan, sur sa décision d'attaquer l'Irak», détaille M. Parisella. Et la torture? Sujet trop pointu, selon lui.
Pas le diable
John Parisella, qui a reçu l'offre d'animer cette rencontre bien avant d'avoir été pressenti pour le poste de délégué à New York, n'a pas l'impression qu'il s'en va interviewer le diable.
Selon lui, les deux mandats de Bush ne sont pas uniformes. Au début, il y a eu le Bush non interventionniste, opposé aux renversements de régimes orchestrés à partir de Washington. Puis, il y a eu le Bush unilatéral de l'après 11 septembre. «Ça, c'est le président que nous avons honni», souligne M. Parisella.
Mais selon lui, durant les deux dernières années de sa présidence, un nouveau Bush a commencé à émerger, avec des politiques plus traditionnelles, plus proches de celles de son père.
Aujourd'hui, M. Parisella tentera d'amener l'ex-président à approfondir sa pensée. «Je ne vais pas régler les griefs des manifestants ou de ceux qui se sont opposés à la politique des États-Unis pendant des années. Moi, j'ai dit ce que j'avais à dire quand j'ai fait campagne pour Obama.»
John Parisella confie qu'il admire toujours le président actuel. «Mais jeudi, c'est la journée de George W. Bush.»
Les anti-Bush
George W. Bush n'est pas le bienvenu à Montréal, clament des opposants à la visite de l'ex-président, qui comptent manifester ce midi devant l'hôtel Reine-Elizabeth. «Nous trouvons que George W. Bush, qui a autorisé la torture et dont l'administration est responsable de crimes de guerre, devrait plutôt être traduit devant la justice», affirme Charles Lemieux, du collectif Échec à la guerre, qui prend part aux manifestations. Le Comité d'accueil de George W. Bush reproche aux milieux d'affaires de cautionner l'ancien président en lui offrant une telle tribune.


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