PLQ - la course

Un faux débat

PLQ — la descente aux enfers

Même par une fin de semaine hivernale pluvieuse, il fallait vraiment être désoeuvré pour trouver un quelconque intérêt au premier débat entre les candidats à la succession de Jean Charest.
Les attentes avaient beau être au plus bas, on avait l’impression d’une figure imposée dont la seule utilité était de meubler une course qui ne suscite que l’indifférence. Bref, on a eu droit à un faux débat.
Le plus bel exemple est sans doute l’intervention de Pierre Moreau sur les cégeps. Devrait-on interdire ce produit typiquement québécois ? Manifestement, M. Moreau n’a lui-même aucune opinion sur la question. Si oui, il s’est bien gardé de la formuler. Peu importe, à défaut d’apporter de nouvelles idées, on peut toujours en recycler des vieilles, même si elles ont été discutées ad nauseam.
Philippe Couillard a raison : pour l’heure, le dossier des universités est prioritaire. Le PLQ aura cependant bien du mal à présenter une position cohérente au Sommet de la mi-février. Il est facile de dénoncer le gouvernement Marois, qui remet en question le sous-financement des universités, mais que faire de la hausse des droits de scolarité ?
Si les libéraux veulent un chef capable d’adopter des positions claires, sans craindre la controverse, ils devraient choisir Raymond Bachand, qui peut même être brutal quand il est convaincu de la justesse de sa position, comme lorsqu’il a laissé échapper qu’il faudrait « casser » les ordres professionnels qui font obstacle à la reconnaissance des diplômes étrangers.
Le mot « équilibre » revient continuellement dans la bouche de M. Couillard. C’est souvent une façon plus noble de dire qu’on cherche à ménager la chèvre et le chou. « Les universités ont raison, mais les étudiants aussi peuvent avoir raison », a-t-il lancé à propos de la gestion des universités.

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La lutte contre le décrochage scolaire et la formation professionnelle ne sont pas des sujets très propices aux divergences marquées. En revanche, l’unanimité avec laquelle les trois candidats se sont félicités de la bonne santé du français à Montréal, pour mieux rejeter tout renforcement de la Charte de la langue française et faire l’apologie du bilinguisme, avait quelque chose de surréaliste.
Cette fois, M. Moreau n’a pas songé un seul instant à se poser des questions, et M. Couillard a définitivement renoncé à ses velléités initiales d’étendre les dispositions de la Charte aux petites entreprises. Il est troublant de constater que le fait de s’inquiéter pour la situation du français est un handicap pour un aspirant à la direction du PLQ.
Il y a quand même des limites au déni. À entendre les trois candidats, c’était si comme tout ce qui avait été dit des méthodes de financement du PLQ au cours des dernières années était de la pure fabulation ou simplement le fait de quelques pommes pourries. Les cocktails de financement de Nathalie Normandeau organisés par son ami Lino Zambito n’ont jamais eu lieu ? Line Beauchamp n’a pas déjeuné avec un caïd de la mafia ? M. Couillard aurait-il viré le fils de Pierre Bibeau de son organisation sans raison ?
La population a fini par s’habituer à la mollesse des libéraux sur les questions identitaires, mais ils auraient tout intérêt à faire un acte de contrition sur leur éthique. Il était clairement très discutable d’exiger que chaque ministre rapporte au moins 100 000 $ à la caisse du parti et de verser une rémunération secrète à son chef. Le départ de Jean Charest offrait une occasion que les libéraux semblent malheureusement déterminés à manquer.

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Sous prétexte que seuls les délégués au congrès éliront le prochain chef, MM. Bachand et Moreau ont minimisé l’importance du dernier sondage Crop-La Presse, selon lequel 32 % des Québécois voient en M. Couillard le meilleur premier ministre potentiel, alors qu’eux-mêmes ne recueillent respectivement que 18 % et 7 % d’opinions favorables.
M. Bachand a beau être perçu de loin comme le plus compétent en matière économique et le meilleur administrateur, les militants libéraux vont surtout retenir que M. Couillard ferait progresser leur parti de 6 points dans les intentions de vote, alors qu’il ferait du surplace avec l’un ou l’autre de ses rivaux.
Dans tous les partis, la perspective d’un retour au pouvoir constitue un facteur déterminant dans une course au leadership. En cela, les libéraux ne sont pas différents des autres. En 2005, les militants péquistes n’avaient pas choisi André Boisclair uniquement en raison de sa jeunesse, mais aussi parce que les sondages prédisaient une victoire facile au PQ s’il devenait chef. On connaît la suite. Comme M. Boisclair, M. Couillard promet une « nouvelle vision », mais le faux débat de dimanche rappelait terriblement l’ancienne.


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