Stéphane Alarie et Félix Séguin
Le Journal de Montréal et Bureau d’enquête
Le Bureau de l'inspecteur général de la ville de Montréal (BIG) compte dans ses rangs un ancien haut gradé de la Sûreté du Québec qui a été mêlé à l’enquête au cours de laquelle six journalistes ont été espionnés.
Cette information a pu être confirmée par notre Bureau d’enquête au moment où le maire Denis Coderre a dit envisager de confier une enquête sur la police de Montréal au BIG, dans la foulée des révélations concernant la surveillance de journalistes.
Un des chargés d’enquête au BIG est Michel Forget, qui était inspecteur à la SQ au moment où six journalistes ont été épiés sous le règne de l’ancien directeur général Mario Laprise.
Il y occupait plus précisément le poste de directeur des communications et des relations avec les communautés. À ce titre, il supervisait notamment le travail des porte-parole de la SQ et les relations avec les membres de la presse.
Selon nos informations, en septembre 2013, peu après le déclenchement de l’enquête, M. Forget a requis et obtenu un avis d’un avocat sur l’article 193 du Code criminel.
Cette analyse juridique concernait notamment la portée de cet article, qui rend criminel le fait de divulguer des éléments obtenus dans le cadre d’une écoute électronique, et son application lorsqu’un journaliste est concerné.
La SQ a confirmé cette semaine qu’elle avait scruté les communications de six reporters en 2013 dans le cadre d’une enquête criminelle visant à identifier l’origine de fuites.
Plus aucun souvenir
Pilotée par les affaires internes, elle faisait suite à une plainte de l’ex-président de la FTQ, Michel Arsenault. Ce dernier était mécontent qu’on ait révélé qu’il était l’objet de surveillance électronique dans le cadre du projet Diligence sur l’infiltration du crime organisé dans la construction.
Joint au téléphone, Michel Forget a d’abord nié avoir eu connaissance que des journalistes avaient été espionnés, puis a dit ne plus se souvenir d’avoir joué un rôle quelconque dans cette opération.
«Ce sont les affaires internes qui mènent ça et elles répondaient à Marcel Savard (ancien directeur général adjoint de la SQ). Moi je n’ai jamais été mis au courant de ça, des interceptions de journalistes à ce moment-là», a-t-il insisté.
Selon l’organigramme de la SQ à l’époque, M. Forget relevait alors directement de M. Savard, qui était entre autres choses responsable de la Division des normes professionnelles.
«Honnêtement, je me souviens pas d’avoir demandé un avis juridique, a plaidé M. Forget. C’est possible que je l’aie fait, c’est possible que je ne l’aie pas fait. Si toutefois j’ai demandé ça, je ne comprends pas pourquoi je l’aurais fait.»
♦ Le Bureau de l'inspecteur général de la Ville de Montréal, dirigé par Me Denis Gallant, a pour mandat de surveiller les processus d’attribution des contrats et leur exécution.
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